Saint Polycarpe sur l’iconostase de la cathédrale Sainte-Photine de de Néa Smyrni, un quartier d’Athènes. (Sainte Photine est la Samaritaine de l’évangile de saint Jean.)
La mémoire de cet insigne Père de l’Église naissante revient elle aussi fort opportunément durant le cycle de Noël, où il semble que les plus illustres défenseurs du dogme chrétien se soient donné rendez-vous autour de la crèche de l’Enfant Jésus. L’Église de Rome ne pouvait en outre omettre dans son calendrier la fête de saint Polycarpe. Autrefois, elle l’avait accueilli comme pèlerin, au temps du pape Anicet, quand il était venu aux bords du Tibre pour la controverse relative à la date de Pâques. A cette occasion, le Pontife, voulant honorer dignement le vénérable disciple de Jean l’Évangéliste, lui avait cédé l’honneur de célébrer à sa place la synaxe eucharistique.
Polycarpe souffrit le martyre dans l’amphithéâtre de Smyrne vers l’an 155, le 23 février, mais sa mémoire, dans le martyrologe romain, se présente aujourd’hui, parce que c’est aussi la date indiquée dans le hiéronymien.
La messe est celle du Commun des évêques martyrs. Toutefois comme il s’agit d’un disciple de saint Jean l’Évangéliste, la première lecture est empruntée à l’épître de son maître, là où l’Apôtre de la sainte dilection traite de l’amour fraternel, qui doit se modeler sur celui que nous a porté le Seigneur. Dieu est amour, et c’est pourquoi celui qui aime demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Au contraire le démon est haine, et parce qu’il hait Dieu, il se hait lui-même, il hait tout et tous. — Je suis ce malheureux qui n’aime pas, dit un jour le diable à sainte Catherine de Sienne. — Gardons-nous donc avec horreur de nourrir en nos cœurs des sentiments désordonnés de rancune, d’envie, de haine, tout ce qui, en somme, est contraire à la douce dilection chrétienne, puisque tous ces mouvements viennent du malin, comme ceux de Caïn.
Le plus bel éloge qu’on puisse faire de saint Polycarpe est contenu dans le cri du peuple de Smyrne, soulevé contre lui dans l’amphithéâtre : « Celui-ci est le père des chrétiens, le maître de toute l’Asie. » Sans Dieu nous ne pouvons rien faire ; mais une âme vide d’elle-même et qui se prête docilement à la motion intime du Saint-Esprit, est capable de convertir et de sanctifier le monde tout entier.
Bienheureux cardinal Schuster
Le choix de l’épître est lié à ce que dit saint Jérôme aux matines ce la fête de saint Jean :
Saint Jean l’Évangéliste demeura à Éphèse jusqu’à sa dernière vieillesse. Comme il pouvait à peine être porté à l’église par les disciples, et qu’il lui était impossible de leur faire un discours suivi, il ne leur adressait à chaque réunion que ces mots : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin ses disciples et les fidèles présents, fatigués d’entendre toujours la même chose, lui dirent : Maître, pourquoi donc nous faire toujours cette recommandation ? Alors il leur fit cette réponse digne de Jean : Parce que c’est le précepte du Seigneur ; et si vous accomplissez ce seul commandement, cela suffit.
Et aussi parce que la péricope se termine par cette phrase :
A ceci nous avons connu l’amour de Dieu : c’est qu’Il a donné Sa vie pour nous ; et nous devons aussi donner notre vie pour nos frères.