Depuis 1921 le premier dimanche après l’Epiphanie est occulté par la fête de la « Sainte Famille », elle-même heureusement occultée dans les paroisses par la solennité transférée de l’Epiphanie dans les pays où le 6 janvier n’est pas férié.
Il en résulte que la messe du premier dimanche n’est chantée que dans quelques rares monastères traditionnels (la fête de la « Sainte Famille » n’ayant pas pénétré en ces lieux). En voici l’introït, qui à lui seul montre le fossé entre l’antique majesté et la moderne mièvrerie.
In excélso throno vidi sedére virum, quem adórat multitúdo Angelórum, psalléntes in unum : ecce, cuius impérii nomen est in ætérnum.
Jubiláte Deo, omnis terra : servíte Dómino in lætítia.
Sur un trône élevé, j’ai vu un homme que la multitude des Anges adore, chantant en chœur : Voici celui dont l’empire est éternel.
Acclamez Dieu, toute la terre : servez le Seigneur avec joie.
Le voici par les moniales d'Argentan sous la direction de dom Gajard :
Icône russe, début du XVIe siècle.
Commentaires
"la fête de la « Sainte Famille » n’ayant pas pénétré en ces lieux" : Non, c'est l'introït "hebdomada prima". Il suffit que la messe soit chantée en semaine pour l'entendre...
Ceci dit, le double punctum sur le "est" final est plus que suspect, et le graduale triplex confirme: la mélodie est très déformée par rapport au grégorien original.
Je serais très curieux de savoir en quels endroits cet introït est chanté demain ou les jours suivants (en dehors de quelques très rares communautés religieuses).
Cet introït ne sera-t-il pas chanté dans tous les lieux où la sainte messe est chantée en semaine ? Et ce, aussi bien selon le missel de 1962 que selon le missel de 2002 d'ailleurs (Solesmes et ses filles, le séminaire d'Évron... et ce doit être à peu près tout). Cela ne fait pas beaucoup, certes. Mais c'est partout là où le grégorien est chanté en semaine.
C'est donc "la moderne mièvrerie" qu'illustre cette image sulpicienne. Drôle de parti pris de votre part, vous qui défendez la famille traditionnelle en vous opposant frontalement, dans votre chronique des cinglés par exemple, à ses déliquescentes dérives et autre immondes substituts.
L'Eglise aurait-elle tort de nous inviter à honorer la Sainte Famille comme un exemple pour notre temps (et d'ailleurs pour tous les temps) ? Votre commentaire suffisait et une des Sainte Famille de Greco, par exemple, aurait été un choix plus nuancé, pour ne pas dire moins ricanant.
et autres...
La défense de la famille traditionnelle n'a rien à voir avec cela. L'Eglise défendait la famille traditionnelle avant 1921, il me semble, et les Eglises d'Orient le font aussi, sans se référer à la "sainte famille Joseph, Marie, Jésus".
Un père qui n'est pas le père de son enfant, une mère qui est vierge, un fils unique. Si c'est cela le modèle de la famille chrétienne, ça pose plusieurs problèmes, le premier étant qu'il n'y a donc eu aucune famille chrétienne dans toute l'histoire de l'Eglise.
On peut enrober cela de toutes les sucreries et sentimentaleries que l'on veut, le fait reste le fait.
Et le fait est d'abord que la famille où nous devons entrer est la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit. Par la Mère de Dieu (Théotokos) qui nous montre le chemin (Hodiguitria).
La Sainte Famille n'est pas exemplaire par les traits qui vous posent "problème". Elle serait plutôt un exemple de l'amour terrestre dans ce qu'il peut avoir de plus élevé. La relation entre les Personnes divines est un mystère que nous aurons, si tout va bien, l'éternité pour contempler sans le comprendre. En revanche, la relation entre les personnes de la Sainte Famille est dès aujourd'hui, jusqu'à un certain point, à la portée de notre intelligence comme exemple à suivre et comme ouverture sur le mystère divin.
Je ne m'explique pas très bien pourquoi cet exemple devrait être enrobé "de toutes les sucreries et sentimentaleries que l'on veut", comme vous dites... Si je voulais faire de la psychologie à deux balles, je dirais que vous avez un problème personnel avec la famille. Qui n'en a pas d'ailleurs ? Mais c'est un tort de l'extrapoler.
C'est quand même une très belle image qui m'émeut beaucoup...
Après tout, aux yeux des contemporains de Jésus, Joseph et Marie étaient ses parents.
Ce n'est pas une belle image. Ça pourrait s'appeler Martine à Nazareth, raison pour laquelle notre hôte l'a choisie.
Vous avez naturellement le droit d'être ému, mais votre émotion n'est pas du meilleur goût. Si vous avez la lucidité de le revendiquer, pourquoi pas...
Voici une belle image :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Sainte_Famille_avec_Marie-Madeleine#/media/Fichier:El_Greco_-_The_Holy_Family_with_Mary_Magdalen_-_1926.247_-_Cleveland_Museum_of_Art.tiff
Merci pour les indications sur Greco, qui nous offre 4 Sainte Famille pour le prix d'une :
- à trois personnages
- à quatre : avec Madeleine (situation évidemment invraisemblable)
- à quatre : avec sainte Anne
- à cinq : avec sainte Anne et le cousin Jean futur Baptiste (est-elle entièrement du Greco ? son saint Joseph est un peu étrange... ou étranger à la scène)
Il est malheureusement un cas où ceux qui suivent les livres de 1962 dans les pays ne fériant pas le 6 janvier doivent célébrer la Sainte Famille : quand le 6 janvier tombe un dimanche, le 13 doit être fêtée la Ste F. et non le Baptême... Sauf erreur, la prochaine fois, ce sera en 2030.
Oui et même dans mon bréviaire qui n'a pas la sainte famille il est spécifié que si le 13 tombe un dimanche on doit célébrer le dimanche et non le Baptême, hélas.
Bienvenue à Alexandre dans le club très sélect et raffiné des "Saintefamilloclastes" !