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4e dimanche de l’Avent

Introït

Roráte, cæli, désuper, et nubes pluant iustum : aperiátur terra, et gérminet Salvatórem.
Cæli enárrant glóriam Dei : et ópera mánuum eius annúntiat firmaméntum.

Cieux, répandez votre rosée ; que des nuées descende le salut ! Que s’ouvre la terre et qu’elle donne naissance au Sauveur.
Les cieux chantent la gloire de Dieu : leur voûte solide proclame la puissance de ses mains.

 

Peut-être que le mot caeli, ou le mot désuper, qui en latin tardif était accentué sur la deuxième syllabe, a nécessité l'aigu de la première moitié de la première phrase, tout comme terra a influencé le grave de la deuxième phrase. Quoi qu'il en soit, le chant n'est pas une description de la rosée qui descend du ciel. La mélodie a une tout autre intention. Elle a des choses plus sublimes à dire : c'est l'expression d'un cœur plein de désirs ardents, d'un désir intense ; il transperce le ciel morne et bas de décembre ; il enlève Celui qu'il désire ardemment ; il fait descendre le Juste dans ce monde méchant, pécheur, coupable. Les émotions de l'âme sont exprimées par les grands intervalles : Rorate a une quinte ascendante ; entre désuper et et nous avons une quinte descendante ; entre nubes et pluant se produit un intervalle ascendant d'une quarte. Elles se manifestent encore dans la mélodie qui s'élève rapidement et dans les accents puissants sur caeli et (nu)bes pluant ju(stum).

Isaïe, dont ces paroles sont extraites, réclame d'abord un libérateur des Israélites de leur exil et de leur esclavage ; Cyrus, qu'il a vu en vision, n'est qu'une figure du Sauveur de toute l'humanité. Toutes les aspirations des siècles ont été condensées dans cet Introït.

Que serait cette terre sans le Messie ? Un désert, une étendue aride et inconnue, brûlée par le soleil, sans la moindre fleur ni le moindre brin d'herbe. Pour que la vie renaisse, il faut que le sol soit cultivé, que les nuages envoient leur pluie, cette pluie fécondante si précieuse que les Portugais disent des averses d'été : "Des pièces d'or tombent maintenant du ciel". Oh, qu'elle vienne, cette pluie, pénétrer le cœur des hommes et éveiller une vie nouvelle ! Pour que les nuages aient pitié ! Pour les Israélites, le concept de nuage était plein de sens profond : dans la colonne de nuée, Dieu conduisait son peuple à travers le désert ; voilé par les nuages, il se manifestait sur le Sinaï ; dans une nuée, la gloire du Très-Haut descendait sur le Temple que Salomon avait construit. Les nuages sont le symbole et les récipients de la pluie vivifiante, de la grâce de la rédemption qui descend jusqu'à nous des hauteurs du ciel, de tous les bienfaits et de toutes les gloires du nouveau royaume du Messie. Lorsque ces nuages s'ouvriront, une nouvelle vie bourgeonnera (gérminet) autour de Nazareth, une vie d'une beauté inhabituelle, riche en fleurs et en fruits.

La deuxième phrase de la mélodie est plus calme. Nous entendons le motif de terra répété sur (gérmi)-net. Si l'on prend le fa de la première syllabe du premier mot comme un temps fort, on obtient des groupes mesurés de deux notes. Le contraste est assuré par les groupes de trois notes dans la deuxième partie de cette phrase. Comme il est bon de faire une pause pour respirer après gérminet, nous avons jusqu'à ce point trois groupes de trois notes et ensuite deux autres sur Salvatórem - un symbole de germination et d'épanouissement énergique. Le groupe la-si-do-sol sur aperiátur correspond à ré-mi-fa-do sur Salvatórem.

Nous implorons la descente du Juste du ciel. Mais sa justice ne rendra pas son visage moins bienveillant, ni ses yeux moins aimants. Il ne vient pas pour faire des reproches, ni pour repousser dans la confusion l'homme chargé de péchés ; Il vient comme le Sauveur, appelant à Lui tous ceux qui sont fatigués ou accablés.

Déjà une enfant de cette terre porte le Juste dans son sein virginal. D'elle sortira la plus belle fleur (gérminet) que notre terre ait jamais produite, la rose de la plus douce odeur. Cette terre ne sera pas ouverte, car c'est d'un sein virginal intact que sortira la fleur.

À son cri Roráte, le prophète Isaïe a immédiatement reçu une réponse de Dieu : "Moi, le Seigneur, je l'ai créé", c'est-à-dire le Rédempteur et le Sauveur. Notre requête trouve une réponse dans le verset du psaume : "Les cieux manifestent la gloire de Dieu". Déjà à l'Annonciation, le messager céleste a prononcé son Ave, gratia plena ; bientôt les messagers célestes descendront en rangs puissants pour chanter leur Gloria au Très-Haut et annoncer la paix aux hommes.

Dom Dominic Johner

*

O Adonái, * et Dux domus Israël, qui Móysi in igne flammæ rubi apparuísti, et ei in Sina legem dedísti : veni ad rediméndum nos in bráchio exténto.

O Adonaï, * et Conducteur de la maison d’Israël, qui avez apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné la loi sur le Sinaï : venez pour nous racheter par la puissance de votre bras.

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Antiphonaire franciscain, Espagne, XVIe siècle (université de Sydney).

Commentaires

  • "Quoi qu'il en soit, le chant n'est pas une description de la rosée qui descend du ciel. La mélodie a une tout autre intention. Elle a des choses plus sublimes à dire : c'est l'expression d'un cœur plein de désirs ardents, d'un désir intense ; il transperce le ciel morne et bas de décembre ; il enlève Celui qu'il désire ardemment ; il fait descendre le Juste dans ce monde méchant, pécheur, coupable. ".
    Merci !

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