Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre Sanctórum ómnium, de quorum solemnitáte gaudent Angeli et colláudant Fílium Dei.
Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de tous les Saints. Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu.
Début de l’homélie de Guerric d’Igny pour la Toussaint.
« Bienheureux les pauvres d'esprit (Matth. V, 3). » Je reconnais ce signe noble et éclatant que le Fils de Dieu, avant de naître dans la chair, donnait à l'avance, en se rendant témoignage, afin de se faire reconnaître: plus tard, lorsqu'il fut né, mais non encore connu, il enseigna que c'était là la marque qui lui convenait : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a envoyé prêcher l'Évangile aux pauvres (Isa. LXI, 1). » Voici que les pauvres entendent la bonne nouvelle, voici qu'on publie aux pauvres l'Évangile du royaume : « Heureux, » s'écrie Jésus, « les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux. » Joyeux début de l'alliance nouvelle, exorde plein de joie et d'une grâce inconnue jusqu'alors, il excite l'homme à écouter, quelque infidèle et quelque paresseux qu'il soit, mais surtout il le provoque à l'action, puisque la béatitude est promise aux malheureux, et le royaume des cieux à ceux qui sont pauvres et exilés. Oui, commencement agréable et favorable de la loi nouvelle, lorsqu'à son principe, le législateur accorde tant de bénédictions, pour que les hommes marchent de vertu en vertu, c'est-à-dire s'élèvent par ces huit degrés que l'Évangile a établis dans notre cœur, selon l'exemplaire et l'image des réalités célestes qui furent montrées à Ézéchiel aussi sur la montagne des visions de Dieu. Ces huit vertus sont manifestement une ascension des cœurs et un progrès de mérites, distribués par ordre ; et conduisant peu à peu l'homme, d'en bas au sommet de la perfection évangélique, jusqu'à ce qu'il soit introduit pour voir le Dieu des dieux en Sion, dans le temple, dont le Prophète a dit : « Huit degrés y conduisent (Ezech. XL, 34). »
En effet, la première vertu de ceux qui commencent, c'est le « renoncement » au monde, qui nous rend pauvres en esprit ; la seconde, c'est la « douceur, » par laquelle nous nous soumettons à l'obéissance et devenons souples; vient ensuite, le « deuil, » par lequel on pleure les péchés et on sollicite les vertus. Là nous goûtons ce qui augmente notre faim et notre soif de la justice, soit en ce qui nous regarde, soit en ce qui regarde les autres, nous commençons à être émus de zèle contre les pécheurs. Mais de peur que ce zèle immodéré ne dégénère en vice, survient la « miséricorde » qui le tempère. Ayant appris, par ces exercices et cette application, à être juste et miséricordieux, l'homme sera peut-être propre à vaquer à la contemplation et à s'adonner à la purification de son cœur, afin de voir Dieu. Exercé et éprouvé, soit dans l'action, soit dans la contemplation, il sera digne alors, portant le nom du Fils de Dieu et en pratiquant le ministère, devenu le Père et le ministre des autres, d'établir, comme un médiateur et un arbitre, « la paix » entre Dieu et eux, de l'établir aussi entre eux et pareillement entre eux et ceux qui sont dehors ; ainsi qu'il est écrit dans l'éloge des anciens Pères, « qui établissaient la paix dans leurs maisons (Eccl. XLIV, 6).) » Quiconque aura été fidèle et constant à remplir cet office obtiendra souvent la vertu et le mérite du martyre, il souffrira persécution pour la justice, et parfois de la part même de ceux pour qui il combattra, en sorte qu'il pourra dire : « Les enfants de ma mère ont combattu contre moi (Cant. I, 5) ; » et : « J'étais pacifique avec ceux qui détestent la paix ; lorsque je leur parlais, ils m'attaquaient gratuitement (Psalm. CXIX, 7). »
Commentaires
Texte magnifique. Ressemble à une recette pour devenir saint, et comme dans toute recette, à la fin, au lieu de mettre tous les ingrédients dans le four, c'est le bucher, ou tout simplement la Croix qu'il faut embrasser. Gardons-nous de faire demi-tour.
L'Evangile, c'est la recette : grillé, embroché, empalé, lapidé, bouilli, étouffé, écorché, noyé, coupé en petits morceaux, on ne vous demande pas ce que vous préférez... Tu veux ou tu veux pas ? C'est le contrat !