Sviatogorsk

L’armée russe a annoncé ce matin la prise de Sviatogorsk (en ukrainien Sviatohirs'k, si vous cherchez sur la carte), dernière ville avant Sloviansk et Kramatorsk (et donc la prise entière du Donbass). Les Ukrainiens l’ont admis à demi-mot, en disant que leur armée se repliait vers des positions plus avantageuses…

L’armée russe a publié une vidéo prise par un drone, qui montre d’une part que les Ukrainiens ont cassé le pont sur la rivière Donets afin de tenter (trop tard) de ralentir l’avancée russe. Dans un premier temps les Ukrainiens ont tenté de dire que le pont était toujours là et que la vidéo était un fake, puis que ce sont les Russes qui l’ont cassé, avant d’admettre la vérité.

La vidéo montre d’autre part que le grand monastère de Sviatogorsk, de l'autre côté du pont, est globalement intact, ce qui répond à une série de fantasmes colportés par la propagande ukrainienne (et par Zelensky en personne qui affirmait hier que les Russes avaient détruit le monastère).

Le monastère, qui se trouve depuis longtemps sur la ligne de front, a pourtant été bombardé plusieurs fois. L’événement le plus grave a eu lieu le 30 mai, quand deux bâtiments ont été touchés et que trois personnes ont été tuées : l’archimandrite doyen du monastère, un autre moine, et une moniale (les 35 moniales du monastère de Bogorodytchny, à quatre kilomètres de là, se sont réfugiées à Sviatogorsk après un bombardement qui a gravement endommagé leurs bâtiments y compris l’église).

L’événement le plus spectaculaire et le plus commenté a été l’incendie, dû à une bombe, du skite de tous les saints : une église de bois qui a flambé comme un bûcher (le feu a été tellement violent qu'il n'en reste rien, pas même un tas de cendres). On a donc vu partout sur les réseaux sociaux et jusque dans la bouche du président ukrainien (et sur le site du Vatican !) que les Russes avaient détruit le monastère du XVIe siècle. Or le skite était très à l’écart du monastère proprement dit, sur les hauteurs, et son église avait été construite en 2005 (photos ci-dessous). C’est certes une perte douloureuse pour ceux qui avaient construit cette réellement très belle église (et la perte aussi d’une bien belle iconostase), mais il ne s’agissait pas d’un monument historique, ni du monastère.

D’autre part personne ne peut dire qui est responsable du sinistre. Sauf que s’il était intentionnel il serait certainement ukrainien. Parce que le monastère fait partie de l’Eglise orthodoxe ukrainienne affiliée à Moscou, et qu’il avait reçu à plusieurs reprises, autour du 20 mai, la visite de personnes en uniforme faisant des perquisitions sans mandat, insultant les moines pour leur appartenance à l’Eglise affiliée au patriarcat de Moscou, les menaçant en leur ordonnant de s’affilier à l’Eglise ukrainienne autocéphale. Le chef des intrus se disant ouvertement athée…

Les moines de Sviatogorsk ont une liturgie d’une beauté confondante, et leur cathédrale est ornée d’icônes respectant les canons traditionnels (et non tristement sulpiciennes comme c’est trop souvent le cas). Ils ont enregistré 7 disques, que l’on peut entendre intégralement sur leur site. L'une des dernières vidéos qu’ils ont publiées sur leur chaîne YouTube est l’office de Pâques de cette année : cela dure huit heures… Et l’on peut voir, ne serait-ce qu’au ballet des quatre thuriféraires qui se croisent et se recroisent au pas de course (à 4h43), qu’on ne perd pas une seconde…

A cause de la guerre, l’affluence est modeste, mais il y a quand même une bande d’enfants qui hurlent « Il est vraiment ressuscité » chaque fois qu’un célébrant dit « Le Christ est ressuscité » (des dizaines de fois), et qui reçoivent à chaque fois une poignée de bonbons…

Sublime Hymne des chérubins et grande entrée, 6h35 après le début (il est 2h35 du matin)...

Le Notre Père à 7h09.