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Ukraine: des journalistes se rebiffent

Onze correspondants de guerre historiques de grands médias italiens pourtant typiques de la pensée unique (Corriere della Sera, Rai, Ansa, Tg5, Repubblica, Panorama, Sole 24 Ore), mais à la retraite, publient une lettre ouverte :

« En observant les télévisions et en lisant les journaux qui parlent de la guerre en Ukraine, nous nous sommes rendu compte que quelque chose ne fonctionne pas, que quelque chose tourne plutôt mal. Nous avons vu la guerre pour de vrai et de l’intérieur : nous avons été sous les bombes, certains de nos collègues et amis sont tombés. C’est précisément pour cette raison que nous n’aimons pas la façon dont le conflit en Ukraine, premier conflit à grande échelle de l’ère du web avancé, est représenté aujourd’hui. Nous sommes inondés de nouvelles, mais dans la représentation médiatique, les belligérants sont divisés de façon acritique en bons et mauvais. Et même très bons et très mauvais. Une seule pensée dominante est créditée, et ceux qui ne pensent pas ainsi sont catalogués comme des amis de Poutine et donc, d’une certaine manière, comme coresponsables des massacres en Ukraine. Mais ce n’est pas le cas. Nous devons nous rendre compte que la guerre déplace des intérêts inavouables qui ne sont pas connus du grand public. La propagande n’a qu’une seule victime : le journalisme.

Massimo Alberizzi, Remigio Benni, Toni Capuozzo, Renzo Cianfanelli, Cristiano Laruffa, Alberto Negri, Giovanni Porzio, Amedeo Ricucci, Claudia Svampa, Vanna Vannuccini, Angela Virdò.

L’un d’eux, Toni Capuozzo, a donné un entretien à La Bussola. Extrait :

— La propagande russe, on connaît, mais y a-t-il un risque de propagande dans les images qui affluent ces jours-ci, également en provenance d’Ukraine ?

— Le risque existe. Prenez, par exemple, ce que nous voyons à Boutcha…

— Oui…

— Cette horreur est attribuée à un crime russe, mais il y a des choses qui ne collent pas.

— Par exemple ?

— Dans ce défilé de corps, il n’y a pas de sang, nous sommes des reporters de guerre et le sang est la constante d’une guerre. Si on vous tire dessus dans la tempe, comme on l’a dit, la première chose que vous voyez est une mare de sang.

— Et que signifie cette absence ?

— Beaucoup de choses. Par exemple, qu’on a tiré sur ces corps alors qu’ils étaient déjà morts. Je sais, ce sont des détails macabres, mais des détails qui devraient alerter les journalistes. S’ils ont tiré sur eux alors qu’ils étaient déjà morts, pourquoi l’ont-ils fait ?

— Et surtout, qui ?

— C’est là qu’intervient la question de la propagande.

Commentaires

  • Si les journalistes de grand chemin se rebiffent, il faut faire attention : quelqu'un a dit qu'il n'y avait pire vengeance que celle d'un cloporte.

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