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Mgr Fernández Torres

Une précision sur Mgr Daniel Fernández Torres, qui avait été nommé évêque d’Arecibo par Benoît XVI et qui vient de se faire virer par François sans explication, sans motif officiel.

Selon une agence de presse, on lui reproche de ne pas avoir voulu envoyer ses séminaristes au nouveau séminaire interdiocésain, et d’avoir défendu le droit des fidèles de ne pas se faire injecter le produit à ARN messager. Il avait même refusé de signer le document de la Conférence épiscopale affirmant le « devoir de vaccination » et l’inexistence d’un droit à l’objection de conscience.

En bref il est coupable d’un double attentat à la « synodalité » telle qu’elle est définie par le maître actuel du Vatican, et d’une révolte contre le Pontife qui avait infailliblement ordonné la vaccination générale obligatoire.

On lira ici le communiqué publié par Mgr Hector Aguer, archevêque émérite de La Plata (lui aussi viré par François au profit d’un proche du pontife) en soutien à Mgr Torres, et la lettre envoyée par l’évêque aux catholiques de son ex-diocèse.

Commentaires

  • Avez-vous une idée de la proportion des cardinaux pro-bergoglio au sein du collège électeur? Entre ceux créés cardinaux par lui et ceux enclins à voter pour un de ses clones.

  • Non, mais ce doit être une "écrasante majorité", comme on dit aux élections.

  • Je ne connais pas le dossier. Mais, "une fois encore" (sic), se pose la question du respect des règles du droit en vue de la justice. La procédure de la révocation des évêques, procédure administrative, se trouve dans le MP "Comme une mère aimante". Elle comporte un "iter" précis, associant la citation, l'instruction, l'examen des réponses de l'évêque, éventuellement un complément d'instruction. Puis, la décision (décret) est remise au Pape, pour approbation en forme spécifique. Enfin, la mesure prend effet par sa notification à l'intéressé. D'où les questions suivantes :
    1. La procédure requise a-t-elle été adoptée ?
    2. Les conditions de cette procédure, même si elles ne sont pas "ad validitatem", ont-elles été respectées ?
    3. La décision papale a-t-elle été portée au décret ?
    4. Le décret de révocation a-t-il été dûment signifié par écrit à l'intéressé avec l'approbation spécifique du Pontife romain ?

    Faisons l'hypothèse d'une simple transmission orale par le délégué apostolique, ce qui pour l'heure apparaît probable. Comme je l'ai dit, la décision est valide. Mais de ce fait, elle consacre d'une part un effacement par le Pape de ses propres lois, avec la procédure prévue afin de respecter la dignité et le droit des fidèles ; elle consacre d'autre part un effacement du contradictoire et des droits de la défense, ce qui relève tout de même du droit divin naturel.

    Sortant un peu de ma réserve, je me pose les questions suivantes :
    1. Sur l'exigence générale de justice dans l'exercice du ministère pétrinien en raison de son exemplarité de principe ;
    2. Sur la pratique de la "synodalité" dans l'exercice du ministère pétrinien, avec le Dicastère compétent et avec l'intéressé ;
    3. Sur le respect de la nature théologique et canonique de l'Eglise particulière et de son évêque, selon le Concile Vatican II et le Code de 1983 (pour faire court, grâce à Vatican II, on est aux antipodes de "l'évêque piou-piou sous-préfet" et du diocèse conçu comme "département") ;
    4. Sur le respect des fidèles, clercs ou non, du diocèse ;
    5. Sur la cohérence de cette décision avec le caractère sacramentel (et donc missionnaire) de l'Eglise catholique et du ministère pétrinien ;
    5. Sur la différence juridique et morale du gouvernement de l'Eglise au regard des pratiques politiques de ce monde ;
    6. Etc.

    Pour ma part et depuis le début ou presque, je perçois ce pontificat parfaitement valide et respectable comme étant de nature foncièrement pénitentielle. l'Eglise, dans son ensemble, est en carême depuis 2013. Et tous sont conviés à le faire. Comme l'affirmait Benoît XVI s'agissant de certains pontificats, le Saint-Esprit nous évitera le pire.

  • " le Saint-Esprit nous évitera le pire." si nous le méritons.... Mais le pire est encore à venir si le prochain conclave élit un Bergoglio XXL, donc du carême on va passer à la passion, ce sera passionnant. Votre long laïus se résume en quelques mots: Bergoglio est un tyran et il s'assied sur le Droit Canon et sur les motu proprio qui contredisent ses décisions arbitraires. L'artisan de paix qui rallume la guerre liturgique, le champion de la synodalité qui vire de bons évêques ou empêche les évêques de gérer leur diocèse, le miséricordieux qui ouvre ses bras aux invertis et les ferme aux normaux, c'est ce que j'appelle un faux-cul, en d'autres thermes , un pharisien.

  • Sans connaître le détail de cette affaire, je note que le management du saint père est très autoritaire. Va t il transformer les évêques en simples préfets ou ambassadeurs du pape ?

  • D'une manière générale, ma réflexion, évidemment ouverte à la critique, entend prendre en compte deux critères :
    1. Le critère de la preuve ou au moins de la réunion vraisemblable et suffisante de faits ;
    2. Le critère de la cause lointaine ou de l'horizon explicatif de ces faits.
    C'est ainsi qu'en des manières si délicates, je cherche à m'exprimer en liberté responsable à l'égard de plusieurs exigences : le respect de la raison, des institutions de l'Eglise, de mon état d'homme, d'homme baptisé et confirmé, de pasteur marqué par l'ordination de façon indélébile pour le service de l'Eglise, dans la ressemblance du Christ Pasteur et la force sanctifiante du Saint-Esprit..
    Ces considérations encadrent et libèrent l'exercice de ma parole, cherchant à éviter l'irrévérence impulsive et la grossièreté qui sont des formes d'injustice et entraînent une diminution de personnalité, laquelle résulte normalement d'une bonne sociabilité associée à un esprit critique.

    En lisant attentivement les déclarations des deux évêques, je ne puis m'empêcher de les relier à la question moderne d'une crise du droit et de la justice, en général et au sein de l'Eglise catholique. La vidéo du centre ECLJ publiée par le Salon beige est époustouflante à cet égard. Dès lors que le droit à été déconnecté de l'exigence du juste pour ne plus exprimer qu'un pouvoir de volonté individuelle et collective qui n'a d'autre norme que lui-même ; dès lors que le droit n'exprime plus qu'une force sans aucune légitimation transcendante ; dès lors que le droit se confond avec le pouvoir d'obligation de la loi positive ; alors nous entrons dans un interdit de penser et une obligation de faire, à rebours d'une anthropologie rationnelle issue de la raison et de la révélation.

    Ce que je vise ici est la conception moderne de la conscience et de la loi exprimant chacune pour sa part une conception de la personne, de la collectivité, de l'autorité et de la loi en autonomie absolue, sans arrière-plan ontologique, et par la même sans critère objectif et universel du bien et du mal, du juste et de l'injuste. Sans aucune référence externe, le bien de la personne n'est autre que l'expression de sa volonté ou de sa revendication. Sans aucune référence externe, "la loi est l'expression de la volonté générale" (DHC 1789). Tout ceci résume un positivisme juridique qui résulte d'un effacement de l'être, du bien et du droit dans leur objectivité foncière ; un positivisme juridique qui fait le lit d'une société d'esclaves.

    N'étant pas un perdreau de l'année, je constate qu'une telle corruption du droit pollue la décision publique et même le gouvernement ecclésiastique, en sorte que les citoyens souffrent d'injonctions invasives et que diminue la dimension sacramentelle de l'Eglise elle-même dans l'exercice de son gouvernement (Paul VI, qui était canoniste, parlait du caractère sacramentel de l'Eglise et de son droit). On comprend dès lors cet alignement récurrent et craintif de l'autorité ecclésiastique sur l'autorité publique. On comprend dès lors les répercussions de cet alignement au sein de l'Eglise. On comprend dès lors des dérives institutionnelles frappant l'exercice de l'épiscopat dans le diocèse, dans la conférence des évêques, jusque dans l'exercice du ministère pétrinien, dans un contexte de substitution aux dogmes doctrinaux et moraux éprouvés de dogmes circonstanciels et parfaitement aléatoires.

    La crise du droit et de sa compréhension atteint l'ensemble ou presque des citoyens. Elle atteint l'ensemble ou presque du peuple chrétien. On trouve des positivistes partout, y compris chez des traditionalistes qui, gobant la DHC de 1789 à l'insu de leur plein gré, font rituellement du progressisme sans le savoir...

    Quand j'étais au lycée, alors que nous chahutions abondamment, notre prof d'histoire nous disait avec son intonation inénarrable : "Messieurs, vous êtes mûrs pour la dictature". De mon point de vue, il est urgent de se mettre à penser la vie morale et le droit à l'école d'Aristote, de Saint Thomas, de Pie XII (radio message de Noël 1944) et si nous le supportons, du Concile Vatican II, de Paul VI, de Jean-Paul II, et de l'inestimable Benoît XVI. Ça rend lucide et ferme sur un plan politique et ecclésial. Ça permet de déconstruire bien des idées fausses et les maux qu'elles génèrent. Ça permet de garder la paix ; ça permet de la demander pour cet évêque brutalement révoqué, par le don immérité du Saint-Esprit qui nous est donné, lui qui nous évite et nous évitera le pire avec cette bonne coopération dont il nous fait grâce.

  • Les pères fondateurs du positivisme juridique (Bentham, Constant) y voyaient un moyen d'en finir avec l'arbitraire. Mais qu'il soit naturel ou positif, le droit n'a jamais détruit l'arbitraire. Chez le détenteur d'une autorité, c'est plutôt la conscience morale qui limite l'arbitraire.
    Ce qui est intéressant, peut-être, à notre époque, c'est de constater à quel point un droit positif qui procède de plus en plus de l'arbitraire ouvre le champ à un arbitraire qui se rit des constitutions, des institutions et du droit (Bergoglio, Macron, etc.).

  • Votre remarque est très intéressante. Effectivement, l'arbitraire de l'autorité compétente peut se retourner contre ses propres lois, elles-mêmes éventuellement arbitraires. Mais le fond du problème est ailleurs. Le positivisme juridique, quelle que soit son expression historique, atteint la source, la nature et la finalité du droit :
    1. La source du droit en ce que seul le texte et le pouvoir de volonté de l'autorité qui l'établit sont sources de droit ;
    2. La nature du droit en ce qu'il se résume en une compétence subjective de prescription, de revendication de créance et d'opposabilité à l'égard d'autrui ;
    3. La finalité du droit en ce qu'il impose un ordre social prévu par le pouvoir, en évitant la guerre de tous contre tous dans la poursuite de leurs exigences par les individus.

    Telle est la conception entièrement subjective du droit, qu'elle soit individuelle ou collective : une conception mettant en scène des subjectivités perpétuellement en tension et pour cette raison, perpétuellement en soupçon d'arbitraire. Dans ce contexte, même les théories modernes du droit naturel ne font qu'enrichir le catalogue des droits subjectifs, tous conçus comme des droits-créances là où ils sont encore pris en compte, et en tension avec d'autres droits-créances qui peuvent leur être contraires.

    On voit ici à l'œuvre une conception du droit entièrement dissociée de son contenu objectif et raisonnable qui, selon la conception classique, vient mesurer et spécifier la volonté de celui qui a la charge du bien de la communauté, ainsi que la volonté des personnes dans leurs rapports mutuels, dans l'exercice politique et interpersonnel de la vertu morale de justice. C'est pour donner à autrui ce qui lui est dû et vivre moralement dans la justice que l'on se transmet le droit, objet de la justice.

    Reste à savoir sur qui porte le droit et par quels moyens il peut être transmis. Contrairement à la théorie des droits subjectifs et au positivisme qui en résulte, la théorie classique aborde le droit non par rapport aux individus (et à leurs revendications créancieres), mais en visant un rapport correct entre individus, marqué par l'égalité. Par exemple, dans le mariage, issu d'un consentement mutuel, intégral et égal, le corps de l'un et le corps de l'autre constituent le droit égal de l'un et de l'autre à l'intérieur de leur relation mutuelle. C'est pourquoi aucun époux ne peut par principe (je ne parle pas ici des questions de dialogue conjugal et de délicatesse à avoir envers l'autre) dire à l'autre : "si je veux quand je veux". Si un époux en bonne santé psychique tient ouvertement ou implicitement ce langage "ab initio", l'autre époux est fondé à demander la nullité du mariage en droit canonique, pour exclusion du bien du conjoint, voire pour erreur sur une qualité essentielle de la personne. En effet, il prétend par principe refuser à l'autre le corps, qui est objectivement et en l'occurrence le droit constitutif du mariage lui-même, De ce fait, il institue une inégalité et donc une injustice qui vicie et anéantit la formation du mariage.

    Une telle conception classique du droit a l'avantage de se soustraire à l'arbitraire en se fondant implicitement sur une prise en compte de l'être, permettant d'échapper à la véhémence et aux fluctuations des subjectivités individuelles et politiques. Nous sommes ici dans un droit de la raison ouverte à la précédence et à la bonté de son objet ainsi qu'à la transcendance de l'être en lequel se fondent le bien et le droit. Or, admettre un tel arrière-plan métaphysique revient à admettre une limitation dans l'exercice du pouvoir subjectif de volonté, individuel ou politique. C'est questionner la loi comme instrument d'appréhension du droit et de pratique de la justice. C'est interroger la mission du juge qui est de "dire le droit", c'est à dire la chose juste à transmettre, par le moyen de la loi, dans les circonstances de l'espèce, au terme d'un contradictoire qui, en de multiples instances, dira modestement le droit le plus probable, la solution la moins mauvaise, hors de toute prétention immodeste d'infaillibilité.

  • Du droit naturel classique au droit positif le plus dévoyé en passant par le droit naturel moderne, nous sommes passés de la loi conçue comme impératif d'un droit identifié à la rectitude morale à la loi comme impératif de l'arbitraire des lobbies. C'est sans doute la conséquence ultime d'une lecture de plus en plus perfide des paradoxes de l'Epître aux Romains : s'il n'y avait pas en moi l'esprit pour dire le droit, je ne pécherais pas en faisant ce que demande la chair. D'où les bonobos ont conclu que la solution était d'imaginer un droit dans lequel la loi serait celle de la chair.
    Ma remarque visait juste à recadrer le débat sur l'éviction d'un évêque par un pape. Il s'agit là d'un acte arbitraire et injuste dont je répète qu'il aurait pu se produire même à l'époque de la splendeur d'un droit naturel classique reconnu par tout l'Occident chrétien. Louis XIV a bien oublié un type trente ans à la Bastille ce qui n'a pas empêché le roi Soleil de mourir avec les sacrements !

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