Extraits de la lettre Lumen claritatis de Benoît XVI à l’occasion du quatrième centenaire de la canonisation du saint archevêque de Milan. La traduction intégrale de ce beau texte ne se trouve qu’ici.
La lumière de la charité de Saint Charles Borromée a illuminé toute l'Eglise et, renouvelant les prodiges de l'amour du Christ, notre Suprême et Éternel Pasteur, il a apporté une nouvelle vie et une nouvelle jeunesse au troupeau de Dieu, qui traversait des temps douloureux et difficiles.
L'époque à laquelle Charles Borromée vécut fut très délicate pour la chrétienté. L'archevêque de Milan y donna un exemple splendide de ce que signifie travailler pour la réforme de l'Eglise. Nombreux étaient les désordres à sanctionner, nombreuses les erreurs à corriger, nombreuses les structures à rénover ; et pourtant, saint Charles s'employa à une profonde réforme de l'Eglise, en commençant pas sa propre sa vie. C'est envers lui-même, en effet, que le jeune Borromée promut la première et la plus radicale œuvre de rénovation. Sa carrière avait commencé de manière prometteuse selon les canons de l'époque : pour le fils cadet de la noble famille Borromée s'annonçait un avenir de facilité et de succès, une vie ecclésiastique riche d'honneurs, mais sans fonctions ministérielles ; à cela s'ajoutait aussi la possibilité d'assumer la direction de la famille après la mort soudaine de son frère Federico.
Pourtant, Charles Borromée, illuminé par la Grâce, fut attentif à l'appel par lequel le Seigneur l'attirait à lui et voulait le consacrer service de son peuple. Ainsi, il fut capable d'opérer un détachement radical et héroïque des modes de vie qui étaient caractéristiques de sa dignité mondaine, et de se consacrer entièrement au service de Dieu et de l'Eglise. Dans des temps assombris par de nombreuses épreuves pour la communauté chrétienne, avec des divisions et la confusion doctrinale, avec l'obscurcissement de la pureté de la foi et des mœurs, et le mauvais exemple de différents ministres sacrés, Charles Borromée ne se limita pas à déplorer ou à condamner, ni simplement à souhaiter le changement des autres, mais il commença à réformer sa propre vie, qui, une fois abandonnés les richesses et le confort, devint remplie par la prière, la pénitence et le dévouement aimant à son peuple. Saint Charles vécut de manière héroïque les vertus évangéliques de la pauvreté, de l'humilité et de la chasteté, dans un chemin constant de purification ascétique et de perfection chrétienne.
De sa vie sainte et toujours plus conformée au Christ vient aussi l'extraordinaire œuvre de réforme que saint Charles réalisa dans les structures de l'Eglise, dans la fidélité totale au mandat du Concile de Trente. Son œuvre de conduite du Peuple de Dieu, de législateur méticuleux, d'organisateur génial fut admirable. Tout cela, cependant, tirait force et fécondité de l'engagement personnel de pénitence et de sainteté. En tout temps, en effet, c'est cela qui est la nécessité première et la plus urgente dans l'Eglise : que chacun de ses membres se convertisse à Dieu. Aujourd'hui encore, les épreuves et les souffrances ne manquent pas à la communauté ecclésiale, et elle montre qu'elle a besoin de purification et de réforme. L'exemple de saint Charles nous incite à toujours partir d'un engagement sérieux de conversion personnelle et communautaire, à transformer les cœurs, croyant avec une ferme conviction dans le pouvoir de la prière et de la pénitence. J'encourage particulièrement les ministres sacrés, les prêtres et les diacres, à faire de leur vie un courageux chemin de sainteté, à ne pas craindre l'ivresse de cet amour confiant au Christ pour lequel l'évêque Charles fut disposé à s'oublier lui-même et à tout quitter.
La figure splendide de saint Charles me suggère une dernière réflexion s'adressant en particulier aux jeunes. L'histoire de ce grand évêque, en effet, est toute déterminée par plusieurs courageux "oui" prononcés quand il était encore très jeune. À l'âge de 24 ans, il prit la décision de renoncer à diriger sa famille pour répondre avec générosité à l'appel du Seigneur ; l'année suivante, il reçut comme une véritable mission divine l'ordination sacerdotale et celle épiscopale. A 27 ans, il prit possession du diocèse ambrosien et se consacra tout entier au ministère pastoral. Dans les années de sa jeunesse, saint Charles comprit que la sainteté était possible et que la conversion de sa vie pourrait vaincre toute habitude adverse. Ainsi, il fit de sa jeunesse un don d'amour au Christ et à l'Eglise, devenant un géant de la sainteté de tous les temps.
Commentaires
Grande différence avec un certain épiscopat réuni à Lourdes
En effet. L'Eglise de toujours condamne généralement les révolutions, sauf lorsqu'elles sont intérieures ; la néo-Eglise se demande comment seconder efficacement une oligarchie dont la révolution aura commencé par les signes : l'hydrogel remplace l'eau bénite, et voilà un signe.