Des sermons de saint Léon le Grand qui nous sont parvenus concernant la fête de la Pentecôte, trois d’entre eux évoquent le sujet du jour, et trois le jeûne des Quatre Temps de Pentecôte.
Ceux qui évoquent le mystère de la Pentecôte traitent en fait de la Sainte Trinité, ce qui est logique de la part de saint Léon, car c’est le couronnement de tous ses sermons, de Noël à Pâques, centrés sur l’Incarnation de la deuxième Personne selon la volonté du Père, et aussi parce qu’alors il n’y avait pas de fête de la Sainte Trinité le dimanche suivant.
On constate que ces trois sermons se terminent par une exhortation au jeûne le mercredi et le vendredi suivant, et à participer aux vigiles du samedi auprès du tombeau de saint Pierre.
Qu’il y ait trois sermons de Pentecôte uniquement consacrés à ce jeûne montre l’importance que saint Léon lui accordait. Pour lui, il s’agissait essentiellement de faire pénitence pour les excès auxquels on aurait pu se laisser aller pendant la fête de Pâques, pendant les 50 jours de la fête de Pâques. Et c’est d’autant plus nécessaire que nous avons reçu le Saint Esprit et que nous devons être dignes de cette sainteté.
L’un de ces sermons est particulièrement intéressant sur le plan liturgique, car on y trouve trois expressions qui figurent dans des oraisons du Sacramentaire de Vérone, traditionnellement appelé sacramentaire… léonien.
Saint Léon écrit :
… solemne jejunium quod animis corporibusque curandis salubriter institutum, devota nobis est observantia celebrandum.
Dans une collecte du Sacramentaire de Vérone, qui est celle du samedi après les Cendres dans le Missel romain, il y a :
Ut hoc solemne jejunium quod animabus corporibusque sanandis salubriter institutum est, devoto servitio celebremus.
Pour que ce jeûne solennel qui a été salutairement institué pour guérir les corps et les âmes, nous le célébrions avec dévotion.
Le mot le plus léonien ici est « institutum », car le pape insiste presque à chaque fois sur le fait que le jeûne des quatre temps est une institution de l’Eglise, qui remonte aux temps apostoliques.
Ensuite
... militiæ christianæ sanctis inchoavere jejuniis, ut contra spiritales nequitias bellaturi abstinentiæ arma caperent.
C’est ce que l’on trouve dans l’oraison qui suit l’imposition des Cendres (dans le Missel romain comme dans le Sacramentaire de Vérone) :
Concede nobis, Domine, præsidia militiæ christianæ sanctis inchoare jejuniis : ut, contra spiritales nequitias pugnaturi, continentiæ muniamur auxiliis.
Accordez-nous, Seigneur, d’entrer par de saints jeûnes dans les rangs de la milice chrétienne, de sorte qu’ayant à lutter contre les esprits mauvais, nous soyons munis des secours que procure l’abstinence.
Igitur post sanctæ lætitiæ dies, quos in honorem Domini a mortuis resurgentis, ac deinde in caelos ascendentis, exegemus, postque perceptum Sancti Spiritus donum, salubriter et necessarie consuetudo est ordinata jejunii.
Donc, après les jours passés dans une sainte liesse en l’honneur du Seigneur qui est ressuscité des morts, et ensuite est monté aux cieux, et après la réception du Saint-Esprit, il a été salutaire et nécessaire d’instituer l’usage d’un jeûne.
Ces mots, on les retrouve dans une Préface du Sacramentaire de Vérone :
Vere dignum: post illos enim lætitiæ dies, quos in honorem Domini a mortuis resurgentis et in caelos ascendentis exigimus, postque perceptum Sancti Spiritus donum necessariae nobis haec jejunia sancta provisa sunt, ut pura conversatione viventibus quae divinitus Ecclesiae sunt collata permaneant.