Curieusement, alors qu’il s’agit de la fête de l’Incarnation proprement dite, la messe latine de l’Annonciation n’a aucun chant propre. Ce qui montre sans doute qu’elle est moins ancienne que la messe du mercredi des quatre temps de l’Avent, qui devait être la première fête de l’Annonciation… et qui le reste d’une certaine façon (les fameux sermons de saint Bernard « sur Missus est » ont été prononcés pendant l’Avent et non le 25 mars).
Les chants sont donc repris d’autres messes, et l’antienne de communion est celle du mercredi des quatre temps. Le graduel est aujourd’hui celui du commun des saintes femmes (non vierges !). Mais au moyen âge on le trouvait pour d’autres fêtes, particulièrement sainte Agnès, et à Paris pour sainte Geneviève.
Ce graduel Diffusa est gratia a une particularité unique : alors que la plus grande partie des graduels sont des centons, sa première partie est originale, et sa deuxième partie (le verset)… est exactement la même que la deuxième partie du graduel Specie tua du commun des vierges (et dont plusieurs formules se retrouvent dans d’autres graduels).
Le voici par les moniales d’Argentan en 1974 :
Diffúsa est grátia in labiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. ℣. Propter veritátem et mansuetúdinem et justítiam : et de ducet te mirabíliter déxtera tua.
La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais et pour tous les siècles. ℣. Pour la vérité, la douceur et la justice ; et votre droite voua conduira merveilleusement.