Telle est la dignité de nos âmes, que chaque homme dès le premier moment de sa naissance reçoit un ange délégué à sa garde, et ainsi la nature humaine, qui par ses fautes avait perdu le droit à la félicité éternelle, se trouve placée sous la tutelle des saints anges et arrive, par leur secours, au royaume éternel. Mû par ces considérations, nous avons trouvé convenable et nécessaire de ne pas borner nos hommages à la Toute-Puissance divine qui régit ce monde, à la Vierge Marie mère de Dieu, mais de les adresser aussi à ses fidèles serviteurs les anges, qui se réjouissent de notre conversion et la célèbrent par des jours de fête, dit le saint évangile, mais surtout aux très saints esprits que nous savons être députés à notre sauvegarde, qui veillent sur nous pendant notre sommeil, nous assistent dans notre prière, nous défendent sur terre et sur mer, purifient notre esprit et notre corps, nous provoquent à la vertu, élèvent nos pensées vers Dieu, nous consolent dans nos peines et nos épreuves, quand nous sommes sous les étreintes de la maladie et de la mort prochaine, nous font visite, nous fortifient, nous défendent contre l'esprit du mal, et après nous avoir donné la victoire, nous accompagnent au ciel ou au purgatoire. Sans ce secours providentiel, l'infirmité humaine ne saurait être en sécurité.
C'est pourquoi nous voulons honorer par une fête solennelle, par une tendre dévotion et des sacrifices, ceux dont le Dieu tout-puissant se sert pour l'exécution de ses volontés. Après avoir institué autrefois, quand nous nous occupions de la réforme du calendrier, la fête de l'ange propre et avoir obtenu pour elle la confirmation apostolique, poursuivant aujourd'hui cette pieuse entreprise, nous voulons, d'accord avec notre chapitre, que cet office soit un office canonial ; il sera porté avec ce titre sur la table du chœur, et tous les ans sera célébré par un des archidiacres, ou le chantre, ou le sacriste, ou l'ouvrier, ou l'un des chanoines.
Ce texte est du bienheureux François d’Estaing, qui fut le pionnier du culte liturgique de l’ange gardien. Ordonné prêtre en 1499, François d’Estaing était déjà camérier-doyen du chapitre de chanoines de Lyon, abbé commandataire, et depuis l’année précédente membre du conseil du roi (Louis XII). C’est à ce titre qu’il part en ambassade à Rome (avec Guillaume Budé) en 1505. Il rencontre le pape Jules II et lui fait part de son souhait d’honorer les anges gardiens par une fête liturgique. Le pape l’y encouragea. Evêque de Rodez à la fin de cette même année, il fit composer un office, qui fut approuvé par Léon X. Le texte ci-dessus est sans doute de 1526, quand François d’Estaing reçut une nouvelle approbation pontificale (de Clément VII).
La fête se répandit d’abord en Espagne et au Portugal, puis dans l’empire. En 1608 Paul V accorda à Ferdinand II la fête des anges gardiens dans tout l’empire, et Clément X la mit au calendrier romain en 1670, à la date du 2 octobre (à Rodez elle était au 1er mars et y resta jusqu’au XIXe siècle).
Commentaires
Je crois fermement en mon ange gardien car, tout au long de mon existence j'ai pu constater après coup, face à des situations critiquesqu'il me fut impossible d'en être sorti sans une intervenir spirituelle que j'attribue à mon bon ange. C'est pourquoi je le prie de façon détachée, mais respectueusement. L’Église nous offre à cet égard moult manière de l'honorer, notamment par les Litanies.
Merci beaucoup cher Yves