Le Parlement européen a programmé pour demain un « débat » (sic) sur la Hongrie, à partir d’une très officielle déclaration conjointe du Conseil européen et de la Commission européenne sur « la loi d’urgence en Hongrie et son impact sur l’état de droit et les droits fondamentaux ».
Le gouvernement hongrois ayant constaté qu’une fois de plus, au mépris des fondements mêmes du droit, des élus allaient juger un pays sans qu’il puisse se défendre (la farce qui consiste à juger de l’état de droit en violant l’état de droit), le ministre hongrois de la Justice (qui est aussi ministre des Affaires européennes), Judit Varga, avait demandé au président du Parlement européen David Maria Sassoli de pouvoir intervenir.
David Sassoli a répondu hier au… Premier ministre Viktor Orbán qu’il était d’accord pour que le gouvernement hongrois fasse connaître son point de vue, mais qu’à un tel niveau de « débat » ce ne pouvait être que le chef du gouvernement. Et il le convoquait : « Je vous serais reconnaissant de me faire savoir si vous avez l’intention d’assister au débat, qui aura lieu à 9h dans l’Hémicycle de Bruxelles. »
Viktor Orbán a aussitôt répondu que pour l’heure il se concentrait, lui, sur la lutte contre l’épidémie, et que son ministre de la Justice était habilitée à parler au nom du gouvernement.
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La semaine dernière, la Hongrie a encore aggravé son cas, en refusant de ratifier la « Convention d’Istanbul » du Conseil de l’Europe, qui est « le premier outil supranational à fixer des normes juridiquement contraignantes en vue de prévenir la violence sexiste », comme disent nos gazettes. Le Parlement hongrois a adopté, par 115 voix contre 35 et 3 abstentions, une déclaration proposée par les chrétiens-démocrates (partenaires du Fidesz) appelant le gouvernement à rejeter le texte du Conseil de l’Europe et à appeler les autres Etats qui ne l’ont pas encore ratifié à ne pas le faire.
Les Hongrois rejettent l’article 3 qui affirme : « Le terme “genre” désigne les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits, qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes ». Le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacz a fait remarquer que cette définition est contraire à la Constitution hongroise parce qu’elle nie les sexes biologiques, alors que la Constitution stipule que le mariage est entre un homme et une femme.
En outre l’article 60, sur les demandes d’asile, exige que soient prises des mesures législatives « pour que la violence à l’égard des femmes fondée sur le genre puisse être reconnue comme une forme de persécution » et fasse accorder automatiquement le statut de réfugié (sur simple présomption), ce qui est un nouvelle pompe aspirante de l’immigration.
Rappelant que le gouvernement Orbán a adopté une politique de tolérance zéro sur la violence à l'égard des femmes dès qu’il est venu au pouvoir et l’a traduite dans la loi, Zoltan Kovacz conclut : « En refusant la ratification de la Convention d'Istanbul, la Hongrie dit Oui à la protection des femmes mais Non à l'idéologie du genre et à la migration illégale. »