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Dimanche de la Passion

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Graduel des séquences de Notker, Einsiedeln, Xe siècle.

Júdica me, Deus, et discérne causam meam de gente non sancta : ab homine iníquo et dolóso éripe me : quia tu es Deus meus et fortitúdo mea.
Emítte lucem tuam et veritátem tuam : ipsa me deduxérunt et adduxérunt in montem sanctum tuum et in tabernácula tua.

Rends-moi justice, ô Dieu, et sépare ma cause de celle d’une nation qui n’est pas sainte : délivre-moi de l’homme inique et trompeur, parce que tu es mon Dieu et ma force.
Envoie ta lumière et ta vérité ; elles me conduiront et m’amèneront à ta montagne sainte et à tes tabernacles.

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A partir de ce jour on ne dit plus le psaume Judica me au début de la messe. Mais voici que ce dimanche, s’il n’est pas murmuré au bas de l’autel, il est proclamé par le chant. Le sens n’est pas le même. A la messe hors temps de la Passion, ce psaume est celui par lequel le prêtre demande à Dieu d’être délivré de tout ce qui pourrait le distraire de l’action sacrée, afin que, guidé par la lumière divine, il monte saintement à l’autel. L’introït quant à lui, avec les mêmes mots, nous introduit dans la Passion. C’est le Christ qui parle. Le Christ trahi, flagellé, conspué, crucifié. Il demande à Dieu de le délivrer de ses ennemis, et le voilà complètement en leur pouvoir, il demande la lumière, et ce sont les ténèbres qui vont recouvrir la terre. Il demande à être conduit sur la montagne divine, à la demeure de Dieu, et il sera conduit au Calvaire. Il faut garder cela en mémoire quand dans la peine ou la tentation on se dit que Dieu ne veut pas nous exaucer alors que ce que nous demandons est très pour la gloire de Dieu et pour notre sanctification. Le temps de la Passion, nous montre le Père sourd aux demandes de son Fils, au point de le laisser mourir sur une croix comme un esclave criminel. Mais il y aura ensuite le matin de Pâques, et le même Christ chantera : « Je suis ressuscité et je suis encore avec toi. » Telle est toujours la fin de l’épreuve, en ce monde ou dans l’autre. Pour tous ceux qui cherchent le Christ comme pour le Christ lui-même.

Le verbe judicare veut dire juger, rendre justice, tant pour condamner que, comme ici, pour acquitter et condamner la partie adverse. (Il a souvent aussi dans la Bible - mais pas ici - le sens d’exercer le pouvoir, d’être l’autorité supérieure : les « Juges », « vous jugerez les 12 tribus d’Israël »…).

L’introït commence dans un murmure de gémissement qui s’achève en plainte implorante sur « Deus ». Puis c’est, avec le bond de la quinte sol-do, le cri sur « causam » : ma cause qui est juste, le motif de mon inculpation qui est une monstrueuse injustice. Le cri principal est toutefois plus loin, sur « eripe me », qui monte encore plus haut, préparé par « doloso » (qui souligne l’injustice) et fait terminer la phrase une quinte plus haut que la conclusion normale du mode. Le 4e mode, choisi parce qu’il est contemplatif et qu’ainsi le cri du Christ peut se terminer de façon sereine et paisible sur « fortitudo mea » : cette force très tranquille annonce la paix surnaturelle et la douce lumière de l’introït de Pâques, qui est la suite de celui-ci, dans le même mode…

Le voici par les moines de Saint-Wandrille, dans un vieux 45 tours qui précisément donne ces deux introïts à la suite.


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Addendum 11h45. C'était encore beaucoup plus beau tout à l'heure au Barroux. Et depuis ce matin la messe est diffusée en vidéo. Merci aux moines.

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