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Dédicace

Le 17 mars est la fête de la dédicace de la cathédrale de mon diocèse. Je remarque que ce n’est pas exceptionnel qu’une cathédrale soit consacrée un jour de mars, donc en plein carême, ce qui ne permettait pas de faire la fête, surtout quand le carême était encore le carême. Si quelqu’un sait pourquoi, je serai heureux de l’apprendre. Est-il possible que ce soit à cause de l’introït, qui parle de Jacob, donc des lectures de la deuxième semaine de carême ? Mais cela me paraît douteux.

Voici l’offertoire, par les moines de Solesmes en 1958.


podcast

Dómine Deus, in simplicitáte cordis mei lætus óbtuli univérsa ; et pópulum tuum, qui repertus est, vidi cum ingénti gáudio : Deus Israël, custódi hanc voluntátem.

Seigneur, mon Dieu, je vous ai offert toutes ces choses dans la simplicité de mon cœur et avec joie ; et j’ai été ravi de voir aussi tout ce peuple assemblé, ô Dieu d’Israël, conservez cette volonté.

Screenshot_2020-03-13 GregoBase - Domine Deus, in simplicitate.png

L’offertoire Domine Deus est d’une admirable simplicité et sérénité d’inspiration et d’allure. Si l’on excepte la phrase du milieu, et populum tuum qui s’anime peu à peu, et s’éclaire d’un grand rayon de joie (cum ingenti gaudio, avec sa cadence en la mineur), tout le reste est pour ainsi dire sans mouvement, en dépité des deux élans passagers au do aigu : sorte de grand balancement, ondulant autour de la tierce modale fa-la, et qui s’achève dans la quasi-immobilité silencieuse par où il avait commencé.

Dom Gajard

Et le voici dans une belle polyphonie de Nicolas Zieleński, le premier grand compositeur polonais, maître de chapelle du primat de Pologne au début du XVIIe siècle, qui avait mis en musique tous les offertoires (et toutes les communions) de l’année liturgique. On remarque que la partition fut publiée à Venise. La musique de Zielenski est influencée par la musique vénitienne de l’époque (Gabrieli), comme le sera ensuite celle de Schütz.

Commentaires

  • La fête de la dédicace est une solennité pour l'église dont c'est l'anniversaire. Donc c'est hors carême, parce que la solennité est prioritaire.

  • Aucune fête ne peut supprimer un des 40 jours de jeûne. Où alors il faut m'apporter la preuve de cette anomalie.

    On voit par exemple dans "L'oblat", de Huysmans, que le jeûne n'est pas suspendu pour la très grande fête de saint Benoît, dans un monastère bénédictin. C'est pourtant en un temps de relâchement et de multiples dispenses.

  • Le 800 indique (p. xlvj) que les fêtes de I ou II classe sont transférées, les autres jours de carême on célèbre les fêtes de degré double ou plus. Donc la liturgie du jour est fête, pas carême.
    S'agissant de la dédicace, voir en tout cas https://fr.wikipedia.org/wiki/Solennité, la dédicace de l'église du lieu est de ce niveau. Le commun de la dédicace (p.1241 sur mon 800) ne précise pas le niveau de cette solennité, parce que ça dépend si c'est la dédicace célébrée en l'église ou pas.

  • Que voulez-vous dire par "hors Carême" ?

    Si cela signifie que l'office n'est pas celui du temps du Carême, c'est exact, car c'est celui de la Dédicace avec, dans la forme extraordinaire, mémoire de la férie.

    Si vous voulez dire que le jeûne du Carême cesse, c'est inexact, du moins suivant la discipline traditionnelle de l'Eglise dont le Code de Droit Canonique de 1917 est le dernier témoin : "La loi (...) de l'abstinence et du jeûne (...) cesse les dimanches et les fêtes de précepte, exceptées les fêtes qui tombent en Carême" (canon 1252 §4).

    En effet, l'étymologie de Carême est "quarantaine" ; avant la suppression officielle du jeûne de cette période (Paenitemini, 17 II 1966), il fallait jeûner QUARANTE jours.

  • Pour répondre à votre question, il faudrait avoir l'historique précis de cette dédicace. En effet, elle aurait pu avoir lieu un dimanche.

    Quoi qu'il en soit, d'après mes souvenirs (je suis confiné près des vaches, mais loin de mes livres !) les rites antiques de la dédicace supposaient une vigile pénitentielle, d'une part, et le jeûne EUCHARISTIQUE de minuit jusqu'à la fin de la messe qui avait lieu déjà l'après-midi. Ces rites, pas seulement festifs d'ailleurs, s’accommodaient donc parfaitement avec la discipline du jeûne, à l'exception, bien sûr, du rôti !

    De plus, il a été rappelé ici-même récemment que les jours d'ordination les plus antiques (les quatre-temps) étaient aussi des jours de pénitence.

  • (Je doute que la date du 17 mars ait été conservée dans le calendrier "réformé" du diocèse de Vannes, Ce serait contraire aux principes de la réforme des calendriers particuliers.)

  • C'était le troisième dimanche de carême. Il y avait de toute façon abstinence. Mais surtout pourquoi faire une fête, puisque c'est tout de même un événement festif majeur du diocèse, en un temps de pénitence ? D'autant que ce n'est pas un cas isolé, semble-t-il.

    La fête de la dédicace de la cathédrale de Vannes est toujours le 17 Mars. Triste "fête" cette année...

    https://www.cathedrale-vannes.fr/index.php/onglet-vie-paroissiale-annonces/2855-fete-de-la-dedicace-de-la-cathedrale

  • Il y a une chose que je ne comprends pas bien: les dimanches ont toujours été "hors Carême", puisqu'il n'entrent pas dans le décompte des 40 journées qui séparent le mercredi des cendres du dimanche de Pâques (il suffit de compter sur un calendrier). L'expression de Linus me paraît juste.

  • Le premier dimanche de carême hors carême. Le deuxième dimanche de carême hors carême. Le troisième dimanche de carême hors carême. Le quatrième dimanche de carême hors carême...

    Il ne faut pas confondre le temps du carême qui a des dimanches de carême (dominicae IN quadragesima) et les 40 jours de jeûne.

  • La réponse qui m'est venue immédiatement à l'esprit a été esquissée par Alexandre. Le pontifical romain prévoie en effet que celui qui va célébrer la dédicace doit jeûner la veille. Mon solide anticléricalisme avance donc cette explication très évidente : on célèbre la dédicace pendant le Grand Carême pour éviter d'imposer à Sa Grandeur une journée de jeûne supplémentaire, en sus des austérités quadragésimales ! Une pierre deux coups...
    Il me semble que la liturgie de la dédicace n'est qu'en partie festive, les ornements blancs sont revêtus pour célébrer les Saints Mystères, un peu comme pour la vigile de Pâques ou pour un baptême. Cette magnifique cérémonie, dont je n'ai malheureusement qu'une connaissance livresque, me paraît consister, pour une large part, à soustraire à l'usage profane une partie de la création, pour la consacrer à la Trinité au terme d'une vaste purification rituelle pendant laquelle le pontife est revêtu des ornements violets. C'est une belle parabole liturgique de la conversion et de la manière dont le Seigneur nous régénère en vue de la divinisation dans le Christ. Je pose une question, cher Yves Daoudal : se pourrait-il que le choix d'un jour de Carême soit lié à un des jours de l'antique suffrage des catéchumènes ?

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