Les vêpres du samedi avant la Septuagésime se terminent de façon inhabituelle :
— Benedicamus Domino, Alleluia, Alleluia.
— Deo gratias, Alleluia, Alleluia.
C’est l’adieu à l’Alléluia, le chant d’allégresse qu’on n’entendra plus nulle part dans la liturgie d’ici Pâques. Au moyen âge on multiplia les rites d’adieu à l’Alléluia. Ici et là, en prenant le mot « déposition » au pied de la lettre, on enterrait l’Alléluia hors de de l’église, en attendant de le ressusciter à Pâques. Une pratique qui renaît ici ou là. Dom Guéranger donne de nombreuses pièces liturgiques, dont celle-ci qui était semble-t-il la plus courante :
Alleluia dulce carmen,
Vox perennis gaudii,
Alleluia laus suavis
Est choris coelestibus,
Quam canunt Dei manentes
In domo per saecula.
Alléluia est un chant de douceur, une voix d’allégresse éternelle ; Alléluia est le cantique mélodieux que les chœurs célestes font retentir à jamais, dans la maison de Dieu.
Alleluia laeta mater
Concivis Jerusalem ;
Alleluia vox tuorum
Civium gaudentium
Exules nos flere cogunt
Babylonis flumina.
Alléluia ! céleste Jérusalem, heureuse mère, patrie où nous avons droit de cité ; Alléluia ! c’est le cri de tes fortunés habitants ; pour nous, exilés sur les rives des fleuves de Babylone, nous n’avons plus que des larmes.
Alleluia non meremur
In perenne psallere
Alleluia vox reatus
Cogit intermittere
Tempus instat quo peracta
Lugeamus crimina.
Alléluia ! Nous ne sommes pas dignes de le chanter toujours. Alléluia ! Nos péchés nous obligent à le suspendre ; voici le temps que nous devons employer à pleurer nos crimes.
Unde laudando precamur
Te, beata Trinitas,
Ut tuum nobis videre
Pascha des in aethere,
Quo tibi laeti canamus
Alleluia perpetim. Amen
Recevez donc, ô heureuse Trinité , ce cantique par lequel nous vous supplions de nous faire assister un jour à votre Pâque céleste, où nous chanterons à votre gloire, au sein de la félicité, l’éternel Alléluia. Amen.