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Nécessaire

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Ce petit livre, qui est effectivement de Benoît XVI et du cardinal Sarah, vaut d’abord pour le lumineux texte du pape émérite. Texte qui lui fut demandé par le cardinal. Et, comme ce texte était d’une importance capitale, et que le cardinal voulait donner la plus large diffusion à ce qui ne dépassait pas la longueur d’un grand article de revue, il paraît clair que le cardinal a décidé d’écrire quelques compléments sur le même sujet, afin d’en faire un livre.

Benoît XVI plonge d’emblée à la racine de la question : « Au fondement de la situation grave dans laquelle se trouve aujourd’hui le sacerdoce, on trouve un défaut méthodologique dans la réception de l’Ecriture comme parole de Dieu. » Ici est mis en cause radicalement le dogme exégétique contemporain qui refuse de voir que l’Ancien Testament annonce en figures le Nouveau, et considère l’interprétation allégorique comme une sorte de fantaisie intellectuelle dépourvue de fondement, alors qu’elle est « l’expression d’un passage historique qui correspond à la logique interne du texte ». L’exégèse (d’origine protestante) qui rejetait toute interprétation « pneumatique » du sacerdoce de l’Ancienne Alliance pour comprendre le sacerdoce de la Nouvelle Alliance était tellement forte, dit Benoît XVI, que le concile Vatican II s’est abstenu de traiter la question (y compris dans le décret sur les prêtres), alors qu’il était devenu urgent de traiter de la différence entre les « ministères » et le « sacerdoce ». Ici Benoît XVI fait une première confidence, avouant que lui-même à cette époque a fait une conférence sur le thème du prêtre comme l’homme qui médite la parole et non comme artisan du culte.

Il fera plus loin une autre confidence, à propos des deux versets du psaume 15 qui, « avant le concile Vatican II, étaient utilisés durant la cérémonie de tonsure qui marquait l’entrée dans le clergé » : « Le Seigneur est ma part d’héritage et mon calice, ma vie est entre tes mains. La part qui me revient fait mes délices, j’ai même le plus bel héritage. » Il dit qu’il se rappelle qu’il avait longuement médité ces deux versets la veille de sa tonsure et qu’il avait « brusquement compris » ce que le Seigneur attendait de lui : « il voulait disposer entièrement de ma vie et, en même temps, il se confiait entièrement à moi. » Dieu veut disposer entièrement du prêtre, qui ne peut donc pas avoir de famille. C’est ce que Benoît XVI souligne par le commentaire d’un texte du Deutéronome, avant de commenter un passage de la « prière sacerdotale » du Christ dans l’évangile de saint Jean, qu’il avait particulièrement médité la veille de son ordination sacerdotale.

Ce texte bref, où l’on retrouve toute la rigueur et vigueur intellectuelle de Joseph Ratzinger, est aussi un texte émouvant où le vieux pape se souvient du jeune clerc.

Le texte du cardinal Sarah est intitulé : Aimer jusqu’au bout. Regard ecclésiologique et pastoral sur le célibat sacerdotal. C’est très exactement de quoi il s’agit.

Le regard ecclésiologique, c’est essentiellement l’union sponsale du prêtre avec l’Eglise, union qui ne permet pas, en toute rigueur, une autre union sponsale. Les prêtres mariés des Eglises orientales sont une anomalie, une tolérance qui ne rend pas compte intégralement de ce qu’est le sacerdoce. Le cardinal Sarah cite à plusieurs reprises Paul VI, Jean-Paul II… et Benoît XVI. Les principaux arguments de la nécessité du célibat sont ici repris, de façon claire, et avec ces accents de ferveur qui caractérisent Robert Sarah.

Le regard pastoral, c’est celui d’un pasteur qui est né dans un milieu qui s’ouvrait à la foi grâce à des missionnaires. On sait que le cardinal Sarah aime revenir sur ce sujet, et la question amazonienne lui permet d’y revenir, comme expert, en quelque sorte, puisqu’il a vécu cette situation de communautés reculées manquant de prêtres. Il montre à quel point ce serait une erreur d’ordonner prêtre un homme marié d’une communauté qui n’est pas affermie dans la foi.

La « conclusion des deux auteurs » est un vibrant cri d’amour de l’Eglise, qui se termine par : « Malheur à qui se taira. “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile !”. »

Ce n’est ici qu’un aperçu de ce livre qui, pour être bref, est singulièrement dense.

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