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Sainte Catherine

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(Monastère Sainte-Catherie du Sinaï, XVIe siècle.)

La "prose" ci-dessous, citée et traduite dans L’Année liturgique, et attribuée à Adam de Saint-Victor par les anciennes sources, figure dans les graduels où l’on trouve les œuvres de ce poète. Léon Gautier ne l’a toutefois pas incluse dans son recueil des œuvres d’Adam de Saint-Victor : il fait observer que celui-ci coupait systématiquement les octosyllabes en deux parties égales, ce qui n’est pas le cas ici.

Vox sonora nostri chori,
Nostro sonet Conditori,
Qui disponit omnia,
Per quem dimicat imbellis,
Per quem datur et puellis
De viris victoria;

Que notre chœur harmonieusement chante le Créateur, par qui toutes choses sont disposées : par lui combat celui qui ignorait la guerre, par lui sur l’homme à des jeunes filles la victoire est donnée.

Per quem plebs Alexandrina
Faeminae non feminina
Stupuit ingenia,
Quum beata Catharina
Doctos vinceret doctrina,
Ferrum patientia.

Par lui les habitants d’Alexandrie sont stupéfaits de voir en une femme des qualités qui semblaient n’être pas de la femme, lorsque Catherine la bienheureuse triomphe des docteurs par sa science, du fer par son courage à souffrir.

Haec ad gloriam parentum
Pulchrum dedit ornamentum
Morum privilegia,
Clara per progenitores,
Claruit per sacros mores
Ampliori gratia.

A la gloire de sa race sa vertu sans pareille ajoute un éclat nouveau ; illustre par ceux qui la mirent au monde, illustre elle est plus encore par les mœurs saintes dont la grâce l’a favorisée.

Florem teneri decoris,
Lectionis et laboris
Attrivere studia :
Nam perlegit disciplinas
Saeculares et divinas
In adolescentia.

Tendre est la fleur de sa beauté ; point cependant elle ne lui épargne étude et labeur : de toutes sciences, qu’elles aient le monde ou Dieu pour objet, sa jeunesse s’est rendue maîtresse.

Vas electum, vas virtutum,
Reputavit sicut lutum
Bona transitoria,
Et reduxit in contemptum
Patris opes et parentum
Larga patrimonia.

Vase de choix, vase des vertus, les biens qui passent ne sont pour elle que de la boue ; elle méprise la fortune de son père et les grands patrimoines que lui vaut sa naissance.

Vasis oleum includens,
Virgo sapiens et prudens
Sponso pergit obvia,
Ut, adventus ejus hora,
Praeparata, sine mora
Intret ad convivia.

Vierge prudente et sage, elle se fait sa réserve d’huile pour aller au-devant de l’Epoux : elle veut, toute prête à l’heure qu’il arrivera, entrer sans retard au festin.

Sistitur imperatori,
Cupiens pro Christo mori;
Cujus in prsesentia
Quinquagiuta sapientes
Mutos reddit et silentes
Virginis facundia.

Pour le Christ elle désire mourir ; devant l’empereur à qui elle est présentée, l’éloquence de la vierge réduit cinquante philosophes au silence.

Carceris horrendi claustrum,
Et rotarum triste plaustrum,
Famem et jejunia,
Et quaecumque fiunt ei,
Sustinet amore Dei,
Eadem ad omnia.

L’horreur de la prison où on l’enferme, et l’épreuve des roues menaçantes, la faim, les privations, tout ce qu’elle doit subir, elle le supporte pour l’amour de Dieu, toujours la même en toute rencontre.

Torta superat tortorem,
Superat imperatorem
Feminae constantia:
Cruciatur imperator,
Quia cedit cruciator,
Nec valent supplicia.

 Torturée, elle triomphe du bourreau ; la constance d’une femme a triomphé d’un empereur : c’est lui qui est dans les tourments, parce que le bourreau s’avoue vaincu avec ses supplices impuissants.

Tandem capite punitur,
Et, dum morte mors finitur,
Vitae subit gaudia.
Angelis mox fuit curae
Dare corpus sepulturae
Terra procul alia.

 Elle est enfin décapitée ; la mort pour elle au trépas a pris fin ; elle fait joyeuse son entrée dans la vie : ce pendant que les Anges prennent soin d’ensevelir son corps en une terre lointaine.

Oleum ex ipsa manat
Quod infirmos multos sanat
Evidenti gratia.
Bonum nobis dat unguentum,
Si per suum interventum
Nostra sanet vitia.

 Une huile en découle qui, par une grâce évidente, guérit beaucoup de malades ; bonne pour nous sera l’essence, si son intervention guérit nos vices.

Gaudens ipsa videat
De se praesens gaudia,
Et futura praebeat,
Quae dedit praesentia,
Et hic nobis gaudeat,
Illi nos in gloria.  Amen.

Présente à nous, qu’elle se réjouisse en voyant les joies qu’elle nous cause ; que nous donnant les présentes joies, elle nous procure aussi les futures ; qu’elle se réjouisse avec nous ici-bas, et nous avec elle dans la gloire. Amen.

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