« J’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout, depuis les origines. » Luc insiste et répète que ce qu’il va écrire, il ne le tient pas des on-dit, mais qu’il s’est personnellement informé depuis les origines. Aussi, à juste titre, l’apôtre Paul fait son éloge en ces termes : « Luc, dont la louange en ce qui concerne l’évangile est répandue dans toutes les Églises » (2 Co 8, 18). On ne le dit d’aucun autre, mais on le rapporte au sujet de Luc.
« J’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout, depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile. » On pourrait penser que c’est pour un personnage nommé Théophile qu’il a écrit l’évangile. Vous tous qui écoutez mon discours, si vous êtes des hommes vraiment aimés de Dieu, vous aussi, vous êtes également des « théophiles » et c’est pour vous que l’évangile est écrit. Si quelqu’un est « théophile », lui aussi est à la fois très bon et très fort, comme l’exprime de la manière plus nette le mot grec κράτιστος (kratistos). Aucun Théophile n’est faible et, de même qu’il est écrit du peuple d’Israël, à sa sortie d’Égypte, « qu’il n’y eut pas dans ses tribus d’homme faible » (Psaume 104), de même oserai-je dire : tout homme qui est théophile est fort ; il tient sa force et sa vigueur de Dieu et de sa Parole, il peut ainsi connaître « la vérité des paroles qui l’ont instruit », comprenant la parole de l’Évangile dans le Christ « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen. »
Fin de la première homélie d’Origène sur saint Luc, traduction des Sources chrétiennes. Nous n’avons plus le texte grec d’Origène. Le texte latin est la traduction réalisée par saint Jérôme. La note sur « kratistos » est évidemment de saint Jérôme, dont le texte est plus clair que la traduction française. Parce que, dans le texte latin de l’évangile, « kratistos » est traduit par « optime », puisqu’il s’agit de vanter non la force physique mais l’excellence morale et intellectuelle de Théophile. C’est ce mot « optime » que reprend saint Jérôme ensuite, et il aurait fallu garder « excellent » au lieu de mettre « très bon » : tout théophile (aimé de Dieu) est « excellent et fort » comme Théophile.
La doxologie finale vient de la première épître de saint Pierre, et elle conclut toutes les homélies d’Origène sur saint Luc, comme une forte affirmation de la divinité du Christ. Puisque la gloire et la puissance appartiennent à Dieu, et que « la puissance (kratos) de Dieu n’est autre que le Christ Seigneur » (Origène, première homélie sur l’Exode).