Quis mihi dabit adquiescere in te ? Quis dabit mihi, ut venias in cor meum et inebries illud, ut obliviscar mala mea et unum bonum meum amplectar, te ? Quid mihi es ? Miserere, ut loquar. Quid tibi sum ipse, ut amari te jubeas a me et, nisi faciam, irascaris mihi et mineris ingentes miserias ? Parvane ipsa est, si non amem te ? Ei mihi ! Dic mihi per miserationes tuas, Domine Deus meus, quid sis mihi. Dic animae meae : Salus tua ego sum. Sic dic, ut audiam. Ecce aures cordis mei ante te, Domine ; aperi eas et dic animae meae: Salus tua ego sum. Curram post vocem hanc et apprehendam te. Noli abscondere a me faciem tuam ; moriar, ne moriar, ut eam videam.
Qui me donnera de reposer en toi ? Qui me donnera que tu viennes dans mon cœur, et que tu l’enivres, afin que j’oublie mes maux et que je t’embrasse, toi, mon seul bien ? Qu’es-tu pour moi ? Aie pitié, afin que je parle. Que suis-je moi-même pour toi, que tu ordonnes d’être aimé par moi et, si je ne le fais pas, tu sois en colère contre moi et me menaces d’énormes misères ? Est-ce que ce n’en est pas une petite, si je ne t’aime pas ? Pauvre de moi ! Dis-moi, par les effets de ta miséricorde, Seigneur mon Dieu, ce que tu es pour moi. Dis à mon âme : je suis ton salut. Dis-le, afin que j’entende. Voici les oreilles de on cœur devant toi, Seigneur ; ouvre-les et dis à mon âme : je suis ton salut. Je courrai après cette voix et je t’attraperai. Ne me cache pas ta face ; que je meure, afin de ne pas mourir, pour la voir.
Premier paragraphe du chapitre 5 du livre I des Confessions, avec une traduction littérale. La citation explicite est un verset du psaume 34, mais il y a dans ces quelques lignes de nombreuses autres allusions à divers psaumes, et à d’autres textes (le dialogue entre Moïse et le Seigneur dans le Deutéronome), et de façon appuyée au Cantique des cantiques (1,3 ; 5,1 ; 8, 1-2).
(Timbre édité par les « Postes Algérie » pour le 16e centenaire de sa naissance, « premier jour » à Bône le 12 novembre 1954.)