Ce cher Saint, doux et si humble qu’il demanda à Dieu que son tombeau, après sa mort, ne fût connu de personne († 1547), a le mérite d’avoir été, avant même saint Ignace, un des représentants les plus autorisés de la réforme ecclésiastique accomplie au XVIe siècle.
Rome chrétienne le vénère comme un de ses citoyens d’élection. La basilique Libérienne évoque encore le souvenir de la messe qu’il célébra à la crèche du Seigneur avec la ferveur d’un Séraphin, le jour où il mérita de recevoir dans ses bras le Divin Enfant.
La confession du Prince des Apôtres conserve également le souvenir du jour mémorable — c’était le 14 septembre 1524 — où Gaétan de Thienne et l’ardent Jean-Pierre Caraffa (le futur Paul IV) instituèrent le nouvel Ordre des Clercs Réguliers, en émettant le vœu difficile de se confier entièrement à la divine Providence pour vivre seulement des aumônes qui leur seraient spontanément offertes par les fidèles.
Saint Gaétan eut une part notable dans la réforme du Bréviaire sous Clément VII [1]. Sa fête entra dans le Missel au temps de Clément X, et Innocent XI l’éleva au rang du rite double.
La messe est celle des confesseurs, à l’exception des parties suivantes : Prière. — « O Dieu qui avez accordé au bienheureux Gaétan la grâce de suivre la règle de vie jadis donnée à vos Apôtres ; par son intercession faites que, d’après ses exemples, nous mettions en vous toute notre confiance et désirions seulement les choses célestes ». La règle apostolique de vie, c’est la pauvreté parfaite consacrée par vœu, selon l’exemple des Apôtres qui, ayant tout abandonné, suivirent le Sauveur.
La lecture évangélique sur le parfait abandon à la divine Providence est commune au quatorzième dimanche après la Pentecôte. Le Seigneur nous y enseigne qu’il ne veut point supprimer l’action, mais seulement la préoccupation excessive. Dieu veut que nous agissions ; où nous n’arrivons pas, nous, il arrivera, lui. Aide-toi, le ciel t’aidera, dit un proverbe populaire, bien expressif.
Il est un autre proverbe populaire qui ne manque pas, non plus de vérité. Lascia fare a Dio, ch’è santo vecchio. Cela veut dire que Dieu sait ce qu’il fait, et ce qui convient davantage à notre bien.
[1] Il ne s’agit pas du bréviaire du cardinal Quiñonez (seule réforme aboutie sous Clément VII), dont Paul III permit l’usage aux « gens pressés » (et que saint François Xavier refusa), mais de celui que préparait saint Gaétan avec le cardinal Carafa, car ils avaient obtenu la même autorisation de Clément VII. Ce bréviaire ne parut jamais car lorsque le cardinal Carafa devint pape sous le nom de Paul IV, il voulut le terminer seul mais n’y arriva pas. C’était quelques années avant saint Pie V.