Saint Jean sur le retable de saint Thomas d’Aquin du couvent dominicain Saint-Thomas d’Avila. Œuvre de Pedro Berruguete, 1485.
Vere dignum et justum est, aequum et salutare, nos tibi gratias agere. Pater omnipotens, beati Apostoli tui Joannis Evangelistae natalitia venerantes. Qui Domini nostri Jesu Christi Filii tui vocatione suscepta, terrenum respuit patrem, ut posset invenire coelestem: retia saeculi, quibus implicabatur, abjecit, ut aeternitatis dona mente libera sectaretur: nutantem fluctibus navem reliquit, ut in ecclesiasticae gubernationis tranquillitate consisteret: a piscium captione cessavit, ut animas mundanis gurgitibus immersas, calamo doctrinae salutaris abstraheret: destitit pelagi profundari mari, secretorum scrutator redditus divinorum. Eo usque procedens, ut et in coenae mysticae sacrosancto convivio in ipsius recumberet pectore Salvatoris; et eum in cruce Dominus constitutus, vicarium sui, Matri Virgini Filium subrogaret, et in principio Verbum, quod Deus erat apud Deum, prae caeteris ostenderet praedicandum.
C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, Père tout-puissant, en ce jour où nous vénérons la naissance de votre bienheureux Apôtre, Jean l’Évangéliste. Ayant été appelé par notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, il laissa un père terrestre pour trouver un Père céleste. Il jeta loin de lui les filets du siècle dans lesquels il était embarrassé, pour rechercher d’un cœur affranchi les biens de l’éternité ; il abandonna sa barque agitée par les flots, pour goûter la tranquillité dans le gouvernement de l’Église ; il renonça à la pêche des poissons, pour retirer, par la ligne de la doctrine du salut, les âmes plongées dans les abîmes du monde ; il cessa de sonder les profondeurs de la mer, pour devenir le scrutateur des secrets divins. Il s’est élevé jusqu’à reposer sur la poitrine du Sauveur lui-même, au festin sacré de la Cène mystique. Le Seigneur, attaché à la Croix, le subrogea en sa place pour être le fils de la Vierge-Mère ; et Jean prêcha avec plus de lumière que les autres écrivains sacrés, le Verbe qui, au commencement, était Dieu en Dieu.
Préface du sacramentaire léonien, traduction dom Guéranger.
Le portrait de saint Jean est le troisième en bas en partant de la gauche.