La messe du premier dimanche de l’Avent commence comme il se doit par un A, première lettre de l’alphabet. De même, le premier répons des matines commence par un A. Dans l’un et l’autre cas les enlumineurs ont rivalisé de talent et d’imagination pour faire aussi belle que possible la première lettre de l’année liturgique. Ici celle de l’Antiphonarium benedictinum de Saint-Lambrecht (1400), conservé à l’université de Graz. Où le A est formé par les corps de saint Gabriel et d'Isaïe autour du siège de la Mère de Dieu, sous la colombe : il s'agit de l'Annonciation, qui commence par un A et qui est l'aurore du salut - et l'un des grands thèmes de l'Avent (la liturgie mozarabe fêtait d'ailleurs l'Annonciation pendant l'Avent).
Ce premier répons est, comme il se doit aussi, très particulier. On voit tout de suite qu’il est plus long que le répons standard. De fait il a trois versets au lieu d’un seul, et de plus chaque verset se termine par une partie du répons, avant la doxologie et la reprise du répons intégral.
Les versets sont repris du psaume 48, du psaume 79, et du psaume 23. Le répons ressemble à ce qu’on lit dans le prophète Isaïe, ce qui est logique puisque Isaïe est l’un des trois grands protagonistes de l’Avent, et que l'on vient justement de commencer la lecture de son livre, mais on ne le trouve nulle part tel quel dans Isaïe.
℟. Aspíciens a longe, ecce vídeo Dei poténtiam veniéntem, et nébulam totam terram tegéntem. * Ite obviam ei, et dícite: * Núntia nobis, si tu es ipse, * Qui regnatúrus es in pópulo Israël.
℣. Quique terrígenæ, et fílii hóminum, simul in unum dives et pauper. ℟. Ite obviam ei, et dícite.
℣. Qui regis Israël, inténde, qui dedúcis velut ovem Joseph. ℟. Núntia nobis, si tu es ipse.
℣. Tóllite portas, príncipes, vestras, et elevámini portæ æternáles, et introíbit Rex glóriæ. ℟.Qui regnatúrus es in pópulo Israël.
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
℟. Aspíciens a longe, ecce video Dei poténtiam veniéntem, et nébulam totam terram tegéntem. * Ite obviam ei, et dícite: * Núntia nobis, si tu es ipse, * Qui regnatúrus es in pópulo Israël.
Guettant de loin, voici que je vois venir la puissance de Dieu, et une nuée recouvrant toute la terre. Allez à sa rencontre, et dites : Annonce-nous si c’est bien toi qui vas régner sur le peuple d’Israël.
Vous tous, nés de la terre, et enfants des hommes : ensemble, dans l’unité, le riche et le pauvre. Allez à sa rencontre, et dites.
Pasteur d’Israël, prête l’oreille : toi qui conduis Joseph comme une brebis. Annonce-nous si c’est bien toi.
Levez vos portes, princes : et élevez-vous, portes éternelles : et il fera son entrée. Qui vas régner sur le peuple d’Israël.
Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
Guettant de loin, voici que je vois venir la puissance de Dieu, et une nuée recouvrant toute la terre. Allez à sa rencontre, et dites : Annonce-nous si c’est bien toi qui vas régner sur le peuple d’Israël.
Voici le début (le répons proprement dit) par les bénédictines d'Argentan. On le trouvera chanté intégralement par les moines de l’abbaye Saint-Benoît du Lac (Québec) ici : c'est la dernière pièce (21). Je ne peux pas l'intégrer à mon blog parce qu'elle excède la taille permise...