Voilà bientôt un an que Katrín Jakobsdóttir est Premier ministre d’Islande. Le seul chef de gouvernement au monde qui soit Vert, et en plus explicitement de gauche, et en plus une femme, la deuxième femme à gouverner l’Islande, souligne-t-on, comme si ça avait une importance. On se félicitera néanmoins que celle-ci ne soit pas la première femme Premier ministre ouvertement lesbienne. Elle est mariée à un homme et ils ont trois enfants. Politiquement la situation est originale. Aux dernières législatives, le parti de l’indépendance (droite) était de nouveau arrivé en tête, mais perdait 5 sièges. Le président demanda à Katrín Jakobsdóttir de former une coalition de gauche, puisque c’était ce qui paraissait le plus logique. Mais la chose fut finalement impossible et Katrín Jakobsdóttir forma une coalition avec deux partis de droite : le parti de l’indépendance et le parti du progrès…
Donc, à l’approche du premier anniversaire de cet attelage apparemment contre-nature mais qui fonctionne pour le mieux, EUobserver est allé voir si par hasard la lointaine Islande n’aurait pas l’intention de changer d’avis sur l’UE et de rejoindre enfin le paradis des vrais Européens.
La réponse est brève : c’est non. « Je ne pense pas qu’il y ait une quelconque raison pour que nous adhérions », dit Katrín Jakobsdóttir. Cela c’est la position officielle, claire, nette et sans bavure, à quoi s’ajoute le constat… que la majorité des Islandais ne veulent pas de l’UE, comme les sondages le montrent avec obstination.
« Personnellement, ajoute Katrín Jakobsdóttir, je suis critique envers la politique économique de l’UE – la création d’une eurozone sans politique fiscale centralisée. La Banque centrale européenne est devenue vraiment puissante sans être très démocratique. La politique économique de l’UE est vraiment loin des peuples de l’eurozone et a créé des divisions qui n’étaient pas nécessaires. »
S’il ne tenait qu’à elle, ajoute-t-elle, l’Islande quitterait l’OTAN. Qui utilise actuellement l’Islande comme base arrière, avec cinq frégates, un navire d’assaut amphibie et 7.000 soldats américains, dans le cadre de la gigantesque opération de défense de la Norvège contre un « agresseur fictif »… sur la frontière russe. Mais son parti est le seul qui soit pour sortir de l’OTAN.