Lorsque le parti d’Imran Khan a gagné les élections législatives du Pakistan, le 25 juillet dernier, je me suis dis que c’était plutôt une bonne chose pour les chrétiens. Imran Khan, qui a décidé depuis longtemps d’arriver au pouvoir dans son pays, est une ancienne vedette mondiale du cricket, il fut le mari de la meilleure amie de Lady Di, Jemima Goldsmith, ambassadrice du Royaume-Uni à l’Unicef. Bref un membre de la jet set internationale, pour qui l’islam n’est qu’un slogan électoral, comme pour les parvenus corrompus auxquels il succède.
Mais j’avais raté plusieurs épisodes. Il se trouve que Imran Khan est devenu un très « pieux » musulman, sous la conduite de sa troisième femme qui est son « coach » spirituel. Il ne se montre plus que vêtu du shalwar kameez blanc (longue tunique sur large pantalon), prend des poses mystiques de vieux soufi et ne jure plus que par le Coran. Il multiplie depuis longtemps les activités philanthropiques, affecte de vivre dans la plus grande simplicité, voire pauvreté, dans une petite maison, et il annonce la justice pour tous…
Voilà ce qui a séduit les électeurs… et les pauvres évêques, qui voient avec ravissement arriver un nouveau Premier ministre qui vit et parle… comme François !
On fait semblant d’oublier que Imran Khan a promis de préserver les lois anti-blasphème inventées par le général et dictateur islamiste Zia ul-Haq en 1986, lois qui sont critiquées par un large éventail politique et dont on pouvait espérer qu’un nouveau gouvernement aurait enfin le courage de les supprimer…
On pense bien sûr à la pauvre Asia Bibi qui est toujours en prison et toujours condamnée à mort.
Imran Khan est officiellement Premier ministre depuis le 17 août, jour où il a reçu l’investiture du Parlement (avec seulement 4 voix de majorité). Le lendemain il prête serment et prononce son premier grand discours. Il dit qu’il veut instaurer « un Etat islamique prospère », « un Etat social islamique, tel que l’avait imaginé Allama Muhammad Iqbal ».
Cette référence n’est pas anodine. Normalement, tout nouveau dirigeant du Pakistan se réfère au père du pays, le très laïque Muhammad Ali Jinnah, et à son fameux discours fondateur du 11 août 1947, où il affirmait vouloir un pays de pleine liberté religieuse. En revanche, Allama Muhammad Iqbal, le premier militant de l’indépendance des musulmans de l’Inde, président de la Ligue musulmane dans les années 30, adepte d’une vague forme de soufisme (le but de l’islam est de « d’éveiller en l’homme une conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu et l’univers »), voulait un pays authentiquement islamique appliquant la charia.
Or, ce que l’on remarque dans le gouvernement d’Imran Khan, c’est qu’il n’y a plus aucun ministre ni conseiller chrétien. Et que le ministère des minorités religieuses, qui fut illustré par le martyr caholique Shahbaz Bhatti, a purement et simplement disparu.
Ce qui tout de même provoque « une certaine déception » dans la hiérarchie catholique…
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Les chiens ne font pas des chats.