Au Xe siècle commença à se répandre ici ou là, notamment à Liège, une fête de la Sainte Trinité. Au siècle suivant, le pape Alexandre II rejeta cette fête, au motif qu’on ne pouvait trouver aucun dimanche ni aucun jour de semaine pour instituer une fête de la Trinité, ou d’ailleurs de l’Unité divine, puisque l’Eglise dans sa liturgie rend gloire à la Trinité comme à l’Unité tous les jours et toutes les heures du jour dans son office et dans toutes ses messes. Un siècle plus tard, Alexandre III réitéra ce rejet, en tout cas pour l’Eglise de Rome, avec les mêmes arguments, bien qu’entre temps on ait tenté de redorer le blason de la fête en prétendant qu’elle n’était pas de l’obscur évêque de Liège Etienne mais du très prestigieux Alcuin, donc de Charlemagne, qui l’avait instituée sur les instances du non moins prestigieux saint Boniface. Sauf que saint Boniface était mort près de 30 ans avant qu’Alcuin devienne conseiller de Charlemagne. La fête continuant à se développer, finalement Jean XXII accepta de l’inscrire au calendrier romain… en Avignon, en 1334. Mais on voit ensuite que le cardinal d’Ailly, en 1405, obtint par son éloquence de « Benoît XIII », Pedro de Luna, considéré comme le vrai pape notamment par la France, la Savoie et toute la péninsule ibérique, qu’il ordonne la célébration de cette fête qui n’était célébrée que dans peu d’églises. C’est donc en réalité par la volonté d’un anti-pape que se généralisa, au XVe siècle, la fête de la Sainte Trinité.
Les chants de la messe se ressentent de cette arrivée tardive. Les mélodies viennent toutes de chants existants, qu’on a plus ou moins (selon les pièces) cherché à faire coïncider harmonieusement avec le texte.
La mélodie de l’introït, chanté ci-dessous par les moines de Fontgombault, est celle de l’introït du premier dimanche de carême. Mais la cadence qui concluait la première phrase est devenue le début de la deuxième incise, laissant entendre à la fin de Trinitas qu’on est en do majeur… Puis on n’a porté aucune attention à l’accent de confitébimur qui se trouve sur une note de liaison… Peut-être a-t-on choisi cette mélodie pour la fin, qui en effet s’accorde parfaitement avec le texte (la descente sur misericordia et la solennité de suam).
L’introït du premier dimanche de carême :