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Dommage

En tête des 14 prélats que le pape créera cardinaux le 29 juin prochain il y a Sa Béatitude Louis Raphaël Ier Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens.

Il est vrai que son prédécesseur immédiat fut cardinal (par la grâce de Benoît XVI, hélas), mais ce n’était pas le cas des précédents et ce n’est pas une raison pour persévérer dans l’erreur. Il est ecclésiologiquement aberrant qu’un chef d’Eglise orientale soit cardinal. J’ai beaucoup de respect pour Mgr Sako, qui fut un héroïque archevêque de Kirkouk, mais sa dévotion latine est déconcertante (aussi sur le plan liturgique paraît-il).

Commentaires

  • Justement, vous qui connaissez les liturgies orientales plus que moi - ce qui n'est (malheureusement) pas difficile -, leurs versions "uniates" ne sont-elles pas critiquées pour les intrusions latines que, par servilité orientale ou autoritarisme romain, elles contiendraient ?

  • Je connais très peu les liturgies syriaques. Mais elles ont toutes été plus ou moins "latinisées". La plus latinisée est la maronite, dit-on, mais ce n'est pas évident quand on y assiste.... Les chaldéens, dès l'union, ont modifié leur anaphore qui ne comportait pas les "paroles de la consécration". Je vois avec tristesse que les syriaques catholiques célèbrent aujourd'hui face au peuple, et les syriaques de l'Inde ont abandonné la langue syriaque. On peut remarquer aussi que les vêtements sont très influencés par les tenues romaines. Tout cela n'est pas très oecuménique...

  • En revanche il n'y a aucune influence latine dans la liturgie grecque-catholique melkite (que je connais, pour le coup), ni dans les vêtements. Et le patriarche grec-catholique a toujours fermement refusé d'être fait cardinal, pour des raisons de fond. Il n'y a ainsi aucune différence visible entre les grecs-catholiques et les grecs-orthodoxes, ce qui n'est hélas pas le cas chez les syriaques.

  • Les Chaldéens pourraient donc légitimement reprendre leur ancienne anaphore, puisque depuis 2001 l'Eglise latine reconnaît que les paroles de la consécration ne sont pas indispensables à la transsubstantiation.

  • Merci pour ces précisions. Suis assez curieux de savoir ce qu'il en est du côté des Ukrainiens...

    Un "petit détail", toutefois : le patriarche Maximos IV a été élevé au cardinalat en 1965. Voir http://webdept.fiu.edu/~mirandas/bios1965.htm#Saigh

    C'est surprenant, connaissant l'indépendance d'esprit de ce patriarche.

  • En effet, j'avais oublié cette douloureuse histoire. Maximos IV avait refusé trois fois d'être fait cardinal. Il a fini par accepter, la quatrième fois, deux ans avant sa mort, de guerre lasse. Et parce que Paul VI avait accepté de son côté que les patriarches faits cardinaux ne seraient pas curés de Rome... Mais cela a failli provoquer un schisme, et ses successeurs ont refermé cette parenthèse.

  • Je ne sais pas ce qu'il en est chez les Ukrainiens. J'avais entendu une fois à a radio la divine liturgie de leur cathédrale parisienne, c'était la liturgie de saint Jean Chrysostome, avec je crois un chant latin ou adapté du latin après la liturgie. J'ai assisté une fois à la divine liturgie de l'unique prêtre de l'Eglise grecque-catholique croate en Slovénie, c'était 100% slavon. J'ai assisté tout récemment à la divine liturgie à Palerme chez les grecs-catholiques italo-albanais, c'était 100% la liturgie de saint Jean Chrysostome, et presque entièrement en grec.

  • La liturgie maronite imite beaucoup la latine dans son déroulement et sa gestuelle, à commencer par le prêtre qui officie face au peuple. Cependant, les paroles de la liturgie sont différentes, mais un Latin qui n'en comprendrait pas les mots ne sera pas dépaysé.

    Les Maronites ont beaucoup perdu de leur personnalité ecclésiale au profit de l'influence latine et leur patriarche accepte volontiers le cardinalat, je dirais que les Maronites sont les plus latinisés parmi les Églises orientales.

  • Quid de l’élection du pape ?

  • "Il est ecclésiologiquement aberrant qu’un chef d’Eglise orientale soit cardinal."

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    C'est vrai.

    Mais il vous faut considérer la chose comme "ad honores" et rien de plus. En effet, un (vrai) patriarche d'Orient est un Chef apostolique d'Eglise : Alexandrie, Antioche, Jérusalem (et au bénéfice du doute... Constantinople, qui s'est opportunément fabriqué bien tard la légende sa fondation par S. André). Patriarches apostoliques d'Orient à distinguer aussi des patriarches qui ne le sont en réalité que de nom (ils le savent parfaitement eux-mêmes) étant en fait de simples archevêques ou des primats de leur nation (tels ceux de Moscou****, de Serbie, etc.).

    Donc : un patriarche apostolique d'Orient est un véritable Chef d'Eglise. Alors qu'un cardinal, en tant que tel, n'est rien de plus que la créature du Pape. Et de fait, vous avez raison de le souligner, il y a un hiatus, une bizarrerie ecclésiologique, quand on voit un patriarche oriental accepter le cardinalat, surtout s'il est sur un siège apostolique (par exemple Antioche). Seulement voilà, il s'est créé une "tradition" depuis Vatican II (mais déjà au XVe siècle Bessarion avait été cardinal, mais patriarche latin...). Depuis Vatican II et Paul VI des patriarches orientaux ont accepté le cardinalat sans pourtant que cela les "rabaisse"...

    Pourquoi ? Parce que dans ce cas, il faut considérer le cardinalat non pas comme un titre émanant de l'évêque de Rome au sens étroit du terme, mais vraiment comme un titre émanant de celui qui est le Vicaire du Christ, Pierre en personne, qui, comme tel, est au-dessus de tous dans l'Eglise, et qui paît autant les "brebis" (c'est-à-dire les évêques, on l'oublie souvent) que les "agneaux" (les simples fidèles). C'est seulement dans cette optique qu'un patriarche oriental peut, en effet, se voir honoré de devenir cardinal. Car celui qui lui décerne ce titre est, à proprement parler, au-dessus de lui : c'est celui qui détient __ seul __ les Clefs du Royaume. Tout titre accordé par le successeur de Pierre est toujours un honneur pour quiconque.


    **** Si royal, impérial et "papal" quand on le voit seul, officiant en Russie (alors que simple archevêque ecclésiastiquement parlant)... Mais qui, en présence physique de ses pairs orthodoxes, veille alors à ne commettre aucun impair de préséance (les pairs en question étant d'ailleurs extrêmement sourcilleux sur ce chapitre...) : on voit alors le patriarche de toutes les Russies faire attentivement passer toujours avant lui, et se placer toujours derrière eux, en toute circonstance, les patriarches de Constantinople, d'Alexandrie, d'Antioche, et de Jérusalem.

  • "Et le patriarche grec-catholique a toujours fermement refusé d'être fait cardinal, pour des raisons de fond."


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    Vous faites erreur.

    Le patriarche Maxime IV Sayegh a été cardinal. Il l'avait finalement accepté de grand cœur, une fois que Paul VI, avec sa très fine et immense intelligence, en avait expliqué les raisons profondes et réaménagé le statut canonique par le motu proprio "Ad Purpuratorum Patrum" en 1965.

    Voici la notice Wikipédia de ce grand patriarche. N'y tenez pas compte de l'imbécile erreur de la photographie : ce n'est pas celle de Maxime IV Sayegh mais celle du patriarche maronite d'alors, le cardinal Paul-Pierre Méouchi. Je finirai par alerter Wikipédia sur cette bévue photographique quand j'en aurai le temps.

    Voici une photo du patriarche Maxime IV Sayegh.
    http://www.melkitecouncil.com/?p=patriarch&i=18

    Et voici Maxime IV avec Pie XII.
    https://78.media.tumblr.com/85fc25045e81b9114e04f02b82356fdb/tumblr_n2il9xJY1D1r4yioeo1_1280.jpg

  • Bon. Lisant les commentaires à la file, je viens de voir votre commentaire du lundi 21 mai, à 16 h 24, prenant acte de votre précédente erreur concernant Maxime IV.

  • D'Alexandre :

    "Suis assez curieux de savoir ce qu'il en est du côté des Ukrainiens...

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    Du côté des Ukrainiens, vous avez déjà l'exemple historique du cardinal Slipyj, ce Lion de résistance au communisme.

    Impressionnante photo :
    http://ikomutoprzeszkadzalo.pl/una-sancta/kard-slipyj/?lang=pl

  • Je ne sais pas si c'est pareil mais en 1958 le patriarche arménien de Cilicie, Grégoire-Pierre XV Agagianian aurait pu être pape, puisque le principal opposant à Jean XXIII.

    Selon, moi l'Eglise de Rome représente l'Eglise Universelle et donc les orientaux ont leur part.. D'ailleurs, vu la situation des chrétiens d'orient, ce serait un signe positif et un bien fait pour l'Europe, si le prochain pape sortait de là.

  • Concernant les Arbëresh (population albanaise originaire de Morée et de rite oriental) ils gardent bien la langue d'origine y compris dans la liturgie. Les chants sont aussi en albanais. Le défunt père Belushi était un gardien de cette tradition. Hélas, actuellement les choses changent quelque peu.

  • En tout cas à Palerme c'est en grec. Et à entendre le chantre et les fidèles, ce n'est manifestement pas d'hier...

  • D'Olivier :

    "Selon, moi l'Eglise de Rome représente l'Eglise Universelle et donc les orientaux ont leur part.. D'ailleurs, vu la situation des chrétiens d'orient, ce serait un signe positif et un bien fait pour l'Europe, si le prochain pape sortait de là."

    ______________________________

    Disons que l'Eglise romaine est vraiment, stricto sensu, l'Eglise latine, quant au rite. Seulement il se trouve que celui qui y préside est aussi le chef de tous les chrétiens puisque, à Pierre auquel il succède et dont il a l'exacte autorité, le Christ a dit : "Pais mes brebis, pais mes agneaux." Il ne lui a pas dit "Pais mes brebis d'Occident, j'envoie d'autres pour mes brebis d'Orient."

    Donc à ce titre, oui : le Pontife romain est le chef de quiconque se dit chrétien. Il est autant le chef des Orientaux que des Occidentaux. Tout baptisé doit être sous le bâton pastoral de Pierre : c'est la parole même du Christ. C'est ce que Pie VI rappelait d'ailleurs, avec beaucoup de fine ironie romaine, aux évêques germaniques princes-électeurs lors de la "Crise des nonciatures" dans les années 1790 : "Que je sache, êtes-vous oui ou non des brebis du Christ ? Si oui, alors je dois vous paître."

    C'est ce que les Papes de Rome auraient toujours pu dire aussi, de Droit divin, aux patriarches de Moscou ou de Constantinople... Mais voilà : les Papes de Rome savent que l'acribie légale peut être souvent contreproductive. C'est pourquoi ils recourent traditionnellement à l'économie.

  • "En tout cas à Palerme c'est en grec"... pas forcement à Piana degli Albanesi donc arbëresh.

    Dans la vidéo qui suit, laquelle ne date pas de hier (Vendredi Saint 2006) le chant des lamentations est en albanais.

    https://www.youtube.com/watch?v=BXPX7hSNICw

    Suivent les Vêpres et l'Annonce de la Résurrection lors de la "Grande Semaine" ou de la Semaine Sainte en 1992.

    (https://www.youtube.com/watch?v=5K8Ro8gt3sU

    de la 4'39" à la 8'30" la langue est albanaise ; le chant de la 16'47" à la 23'35" est toujours en albanais ; il en est de même de la 27'26" à la 28'11" (début du baptême) suivi du chant albanais de la 33'25" à la 38'41". Les chants en albanais continuent de la 54'48" à la 58'51" et jusqu'à la fin. Les Italo-albanais sont assez fiers de leur héritage ethnique, religieux, culturel et linguistique. Ils sont également très reconnaissants à l'Italie de les avoir accueillis, protégés ainsi que de leur avoir permis de sauvegarder leur us et coutumes ce qui n'est pas le cas des autres pays "civilisés et européens". Si l'albanais peut donner l'urticaire...eh bien Grâces soient rendues à l'Italie de leur avoir permis la sauvegarde de leurs traditions.

  • J'avoue que je ne comprends pas où vous voulez en venir. Je sais parfaitement que les Albanais de Sicile tiennent à leurs traditions et que leur communauté, comme je l'ai écrit, est florissante. J'évoquais seulement la divine liturgie à Palerme.

    Je connais évidemment les vidéos dont vous donnez les liens. Il y en a de plus récentes sur la page Facebook des amis de l'éparchie de Piana degli Albanesi. (C'est à ce jour la seule page Facebook que je consulte...)

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