Ç’a été par ces deux occasions, savoir par la rencontre de Monsieur Niel, et par la proposition que me fit cette Dame [madame de Croyères], que j’ai commencé à prendre soin des écoles des garçons. Je n’y pensais nullement auparavant: ce n’est pas qu’on ne m’en eût proposé le dessein. Plusieurs des amis de M. Roland avaient tâché de me l’inspirer; mais il n’avait pu entrer dans mon esprit, et je n’avais jamais eu la pensée de l’exécuter: si même j’avais cru que le soin de pure charité que je prenais des maîtres d’écoles eût dû jamais me faire un devoir de demeurer avec eux, je l’aurais abandonné: car comme naturellement je mettais au-dessous de mon valet ceux que j’étais obligé surtout dans les commencements d’employer aux écoles, la seule pensée qu’il aurait fallu vivre avec eux m’eût été insupportable. Je sentis en effet une grande peine dans le commencement que je les fis venir chez moi; ce qui dura deux ans. Ce fut apparemment pour cette raison que Dieu, qui conduit toutes choses avec sagesse et avec douceur, et qui n’a point coutume de forcer l’inclination des hommes, voulant m’engager à prendre entièrement le soin des écoles, le fit d’une manière fort imperceptible et en beaucoup de temps; de sorte qu’un engagement me conduisit dans un autre, sans l’avoir prévu dans le commencement.
Extrait d’un Mémoire perdu, cité dans La vie de monsieur Jean-Baptiste de la Salle, instituteur des Frères des écoles chrétiennes, par l’abbé Jean-Baptiste Blain, chanoine de Noyon, publié anonymement en 1733.
Commentaires
Quel bonheur de vous retrouver M. Daoudal !