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En Pologne

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Mateusz Morawiecki a été investi hier par le président Duda comme Premier ministre. Et c’est tout de suite la désillusion chez les eurocrates… Parce que cette nomination ne s’accompagne pas d’un remaniement ministériel (qui n’était pas annoncé…). Tous les ministres gardent leur poste (y compris Morawiecki comme ministre du Développement et des Finances), donc les bêtes noires de Bruxelles sont toujours là (spécialement les ministres de la Justice, des Affaires étrangères et de l’Environnement, sans oublier celui de la Défense…).

Grosse déception donc chez ceux qui voyaient toujours en Morawiecki le banquier libéral et modéré propre sur lui, parlant aussi bien l’anglais et l’allemand que le polonais, donc cosmopolite et eurocompatible, ancien conseiller de Donald Tusk, et ancien membre de la commission qui avait travaillé à l’adhésion de la Pologne à l’UE…

C’est oublier que cet homme est devenu membre du PiS en 2016, et proche de Jarosław Kaczyński. C’est oublier aussi qu’il est un très fervent patriote, exaltant à tout propos les hauts faits de l’histoire polonaise, et cela ne date pas d’hier : la banque dont il était le patron avait financé diverses expositions historiques, et aussi le film de Jerzy Hoffman La bataille de Varsovie, 1920.

Dans son allocution d’investiture il a déclaré : « Notre point de départ sera la famille, une famille sûre, le travail, un travail digne, le logement, un logement pour tous. » Et à propos des problèmes avec l’UE : « Dans le creuset des expériences européennes et mondiales d’aujourd’hui, dans le feu des diverses disputes, nous gouvernerons pour le bien de la Pologne et de ses citoyens. »

Interrogé par la chaîne de télévision Trwam sur ses projets, il a répondu : « Nous voulons transformer l’Europe, qu’elle revienne, c’est mon rêve, qu’elle soit rechristianisée, parce que malheureusement en de nombreux endroits on ne chante plus les chants de Noël, les églises sont vides et transformées en musées, c’est une grande tristesse. » (Mais les militants pro-vie lui reprochent d’avoir été hostile au durcissement de la loi sur l’avortement en 2016.)

Dans le même entretien il a souligné que la Pologne est une « grande et fière nation » et qu’elle ne se soumettra à aucun « chantage » de Bruxelles.

On lira avec intérêt le texte qu’il a écrit à l'occasion de la fête nationale le 11 novembre dernier, publié en français par L’Opinion, où il parle du patriotisme, des « grandes traditions intellectuelles polonaises de la liberté républicaine et de solidarité », de ses conceptions économiques et sociales et de ce qu’il a déjà réalisé en ce domaine : « Est-il possible de trouver un modèle du capitalisme qui puisse être, à la fois, innovant, compétitif et, aussi, solidaire ? La réponse est affirmative. La réponse polonaise à ces défis est le Plan de développement responsable. »

Conclusion :

C’est quoi, un patriotisme moderne ? C’est participer tous ensemble à la création d’un nouveau modèle polonais du capitalisme démocratique qui peut devenir le leader de la quatrième révolution industrielle. C’est choisir de s’engager dans la construction d’un budget participatif dans sa localité, choisir de rester en Pologne, fonder une entreprise dans son garage pour, plus tard, changer la face du monde. C’est aussi choisir d’emmener sa famille visiter les lieux de mémoire du syndicat Solidarnosc, de la Révolution de janvier 1863, ou bien de l’État polonais clandestin. La Pologne a un grand avenir devant elle, mais seulement si elle reste fidèle à son passé. L’héroïsme polonais est déjà une marque planétaire. Il est temps que l’économie polonaise la devienne à son tour. C’est cela un patriotisme moderne.

Commentaires

  • Très bonne synthèse; comme d'habitude. On peut rajouter à l'âge de 15 ans M Morawiecki qui militait dans le mouvement fondé par son père "Solidarité combattantte" (Solidarnoć Walcząca) a été enlevé par la police , conduit dans les bois, battu, obligé de creuser sa tombe et on lui a planqué une arme sur la tempe... Ca aide à se forger des conviction.
    Dans son discours d'investiture, il a ostensiblement fait exprès de ne pas citer Walesa.
    Petite précision le remaniement était annoncé depuis deux bons mois ... tous les commentateurs à droite comme à gauche disent que des changements plus profonds vont intervenir et que les ministres les plus à droite en feront certainement les frais...

    Vu sur twitter "polonais" une évocation de l'assasinat l'abbé Perrot par les communistes.
    https://twitter.com/delestoile/status/940539608965832706

  • La question essentielle reste irrésolue : pourquoi ce remaniement ministériel sans cause électorale? Pour @Daoudal ce n'est pas par concession envers le Soviet suprême (l'UE pour Théophrède). Pour vous ce n'est pas en raison des "insuffisances" de Beata Szydlo puisqu'elle ne serait pas la seule victime de ce remaniement, ce qui attend encore d'être prouvé.

  • Je pense que le PiS a voulu montrer à Bruxelles une "image" plus consensuelle. Et aussi officialiser le fait que Morawiecki est le plus important ministre (il était déjà vice-Premier ministre).

    D'autre part j'ai vu hier un article indiquant que Beata Szydło est restée en poste plus longtemps que la moyenne des 15 Premiers ministres précédents.

  • @Daoudal: Merci pour votre réponse.

    C'est donc non bien une concession européiste (UE vs Europe) au moins quant à la forme, mais aussi un habitus institutionnel polonais (quoique difficile à justifier de mon point de vue, mais nous ne sommes pas plus exemplaire chez nous cf. Ayrault vs Valls).

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