Excita, quǽsumus. Dómine, tuórum fidélium voluntátes : ut, divíni óperis fructum propénsius exsequéntes ; pietátis tuæ remédia maióra percípiant. Per Dóminum nostrum.
Excitez, nous vous en supplions, Seigneur, la volonté de vos fidèles, afin que, recherchant avec plus d’ardeur, le fruit des œuvres divines, ils reçoivent de votre miséricorde des remèdes plus puissants. Par Notre-Seigneur.
Cette messe qui précède immédiatement la période liturgique de l’Avent n’a de propres que les trois collectes et les péricopes scripturaires. Dans la première prière on prélude déjà à l’Avent, temps de réveil et de revanche, puisqu’on supplie le Seigneur d’exciter la torpeur de notre volonté par sa grâce, afin de nous disposer à obtenir de sa bonté ces remedia maiora qu’il se prépare à nous donner. Quels sont ces grands remèdes ? L’avènement de Jésus, les Sacrements, l’Eucharistie qui perpétue l’Incarnation.
Toutefois, pour que ces remèdes produisent un fruit abondant, on nous demande notre coopération, puisque, comme le disait gracieusement saint Augustin : Qui creavit te sine te, non salvabit te sine te*. C’est pourquoi l’Église demande aujourd’hui la divine grâce, afin que la pratique des vertus chrétiennes serve comme de préparation et d’entraînement pour revivre le Christ dans la plénitude de sa sainteté. Cet exercice des vertus chrétiennes est appelé aujourd’hui dans la liturgie divini operis fructum ; pour le distinguer toutefois de toutes ces vertigineuses poursuites de la vie contemporaine, vie de furieuse activité matérielle qui altère le plus souvent le système nerveux et qui, sous prétexte de dominer les éléments, tend à asservir l’esprit à la matière et aux sens, cette activité surnaturelle est dite œuvre divine parce qu’elle a pour principe la grâce et Dieu pour terme. A la différence des diverses œuvres de la vie, elle est appelée divini operis, au singulier, parce qu’une seule chose est absolument nécessaire, un unique idéal doit dominer toutes les autres activités auxquelles nous nous appliquons, cela même dont parlait Jésus aux habitants de Capharnaüm : Hoc est opus Dei, ut credatis [ Jean 6,29 : Ceci est l’œuvre de Dieu, que vous croyiez (en Celui qu’il a envoyé).]. L’œuvre de Dieu par excellence, c’est donc une vie de foi.
Bienheureux cardinal Schuster
* Cette phrase qu’on voit partout attribuée à saint Augustin (depuis saint Thomas d’Aquin semble-t-il) n’est pas une citation exacte. Saint Augustin a dit dans son sermon 169 :
"Qui ergo fecit te sine te, non te iustificat sine te. Ergo fecit nescientem, iustificat volentem."
Celui donc qui t’a fait sans toi ne te justifiera pas sans toi. Donc il a fait celui qui ne le savait pas, il justifie celui qui le veut.
Commentaires
Le point-virgule après EXSEQUENTES (peut-être dû à un missel, à un livre de chant ?), au lieu d'une virgule, gêne la compréhension de la phrase latine.
Dans le paroissien Romain chant grégorien no 800,il y a une virgule aprés exesequéntes.
C'est un copié-collé du site Introibo.
Mais il s'agit de la ponctuation "traditionnelle" des collectes. Elle est identique sur mon missale romanum et mon bréviaire romain des années 1920, dans mon bréviaire monastique de 1955, dans le Dom Lefebfvre et dans le missel de Clervaux de 1960, dans le missel du Barroux...
En fait, comme la ponctuation des psaumes dans les bréviaires, elle ne correspond pas au sens de la phrase, mais à son découpage pour le chant. Dans les oraisons, il y a d'abord les deux points (:) qui correspondent non pas aux deux points de la ponctuation française (en gros: c'est à dire), mais à la fin de la première incise, là où le prêtre doit baisser d'un ton, et le point virgule correspond à la fin de la deuxième incise, où la dernière syllabe est allongée, avant de commencer la troisième incise un ton plus bas.
De fait cela ne correspond pas au sens de la collecte. Mais rappelle que la liturgie est un chant et non une récitation.
Le Liber usualis, qui est pourtant destiné à chanter la liturgie, a modifié cette ponctuation, en mettant une virgule (conformément au sens) avec un * indiquant que c'est là la fin de la deuxième incise.
Le prêtre ce matin expliquait qu'on retrouve ce "Excita (quaesumus) Domine" dans trois dimanches de l'Avent : 1, 2 et 4, hors Gaudete.