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Crise de jacobinisme

En mai dernier, la mairie de Quimper avait refusé d’enregistrer le prénom d’un nouveau-né, parce que ses parents voulaient l’appeler Fañch (François en breton), et que le « ñ » n’est pas reconnu par la République française. La mairie se fondait sur la circulaire du 23 juillet 2014 établissant la liste des signes diacritiques dont l’utilisation est permise pour l’enregistrement à l’état civil. Or le tilde n’y figure pas…

Face au déluge de protestations qui avaient suivi cette décision, la mairie avait finalement accepté d’enregistrer Fañch.

Mais le procureur de la République ne l’a pas entendu de cette oreille. Il conteste la décision de la mairie, et il a déféré les parents au tribunal. Le 5 juillet, les parents ont été entendus au tribunal de Quimper, en audience privée, dans la salle Loeiz Ropars (grande figure quimpéroise de la défense de la culture bretonne...). L’avocate représentant le ministère public n’a pas hésité à justifier le refus du tilde par la loi du 2 Thermidor An II et l’arrêté du 24 Prairial an XI. Sic.

La loi du 2 thermidor An II est la loi dite de la « Terreur linguistique », par laquelle Robespierre interdisait l’emploi des langues locales dans les actes public, même et surtout là où l’on n’avait jamais parlé français. C’était une semaine avant la chute du tyran, et la loi fut suspendue un mois plus tard, le 2 septembre 1794. Avoir recours à cette loi n’a donc aucun sens, sinon affirmer que la République est fière d’être fille de la Terreur.

La loi du 2 thermidor étant inopérante, puisque toujours « suspendue », l’avocate a sorti de sa manche l’arrêté consulaire du 24 Prairial an XI, qui spécifie que les actes publics doivent être rédigés en français même dans les régions où il est toujours d’usage des les rédiger dans la langue locale.

Or le tilde ne fait pas partie de la langue française, donc on ne peut pas l’utiliser dans un acte d’état civil…

La justice de la République jacobine avait déjà eu recours à ces deux textes pour interdire des livrets de famille bilingues français-breton en 2012.

Pour ce qui concerne Fañch, la décision du tribunal sera rendue le 13 septembre. On verra si la justice archéo-robespierriste viole l’actuelle Constitution, qui dit en son article 75-1 : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » Donc le tilde breton appartient au patrimoine de la France.

(En breton, comme dans la plupart des langues, « an » n’est pas nasalisé, et se prononce donc comme Anne. Si l’on veut avoir le son nasalisé « an », il faut mettre un tilde sur le n. Comme pour Fañch. De même qu’en portugais on met un tilde sur le a dans João. Au fait, les mairies se risquent-elles à encourir l’accusation de xénophobie en refusant d’enregistrer João ? Et les mairies du Pays basque refusent-elles d’enregistrer des Beñat ou des Iñaki ?)

Commentaires

  • Dans le même esprit, les journalistes francais ont pour habitude solidement ancrée de massacrer l'orthographe du polonais, du tchèque, du hongrois, du portugais, etc. Les diacritiques sont omis par paresse, ignorance, morgue franchouillarde. Les noms de famille, même de personnages illustres, sont arasés pour les faire tenir sous la toise.

    Bien entendu, les langues étrangères sont massacrées à l'oral. Au lieu de se contenter de prononcer à la française, certains inventent des oralisarions bouffonnes, prononçant le portugais comme de l'anglais (Rio de Djaneiro, y compris dans la bouche de correspondants qui... y résident), l'espagnol comme de l'italien, l'allemand comme de l'anglais (Kurt devenant Keurt), et ainsi de suite.

    Dans les organismes de radio sérieux il y a une cellule linguistique qui fait des recommandations aux journalistes. En France, non.

  • on arrive à des résultats très pittoresques : j'ai entendu à la télévision Ivanov prononcé "âïouanou", mixte d'anglais et d'allemand semble-t-il : le journaliste avait vraiment fait un effort; le prénom espagnol Miguel est systématiquement prononcé "migouel", et j'en passe
    il est pourtant facile de savoir comment s'écrivent les différentes langues européennes
    il est vrai que le français lui-même n'est guère épargné

  • est-il vraiment nécessaire d'écrire à l'état-civil les noms dans l'orthographe (souvent supposée) de la langue locale ?
    sous l'Ancien Régime, tout était écrit en français et ça n'empêchait pas d'utiliser le prénom dans sa forme patoisante
    les régimes issus de la Révolution ont pris plaisir à légiférer dans un domaine où c'était rigoureusement inutile puisque réglé par la tradition
    j'ai pu constater que cette manie avait abouti à, supprimer des prénoms courants, comme Prigent , qui ne figure dans aucun calendrier, dans le Finistère

  • Jusqu'à nouvel ordre , la Bretagne est en France. Si l'on s'offusque que les prénoms musulmans prédominent dans les naissances , on n'est pas en droit d'imposer des appellations régionales qui existent traduites dans notre langue.
    Fanch c'est très bien et même fort sympathique d'appeler ainsi un François (figurant ainsi à l'Etat Civil)
    bien aimé. des siens et des copains.
    Combien de Mimi , Loulou ne s'offusquent pas de s'appeler Rémi ou Louis sur la carte d'identité.
    Vive la France et tous ses habitants qui l'aiment.

  • L'arabe n'est pas une langues traditionnellement parlées en France. La Bretagne est en France. L'Alsace aussi. Etc. Et en quoi ça devrait détruire des données locales ? Jusqu'à une date récente dans le déroulement de l'histoire de France, la majorité des Français ne parlaient certainement pas le français standard de Paris, mais les parois de plus d'une demi-douzaine de langues et les parois d'oïl.

    Il est très bien que tout le monde maîtrise la langue française, mais ce n'est pas une raison pour imposer avec aigreur une uniformité totale. On dirait que la France menace d'exploser. On peut douter que ce soient les Bretons qui la pulvérisent.

  • Fañch n'est pas un diminutif, c'est François en breton. Rien à voir avec Mimi ou Loulou. Si vous voulez interdire les prénoms dans les langues régionales, vous êtes pire que Robespierre, et cet ultra-jacobinisme méprisant fait froid dans le dos.

  • j'ignore la nationalité de Curmudgeon, mais je lui ferais remarquer que l'arabe (et le kabyle) est une langue traditionnelle de l'Algérie, que beaucoup de ses locuteurs sont morts pour la France et qu'il y a en France un nombre important d'anciens harkis et de descendants de harkis qui ont échappé au massacre
    il y a aussi, malheureusement, beaucoup de descendants de massacreurs (qu'en Algérie on appelaient les marsiens parce qu'ils avaient adhéré au FLN après les accords d'Evian, et ont été parmi les pires parce qu'ils devaient prouver leur "patriotisme"; nous avons connu la même chose en France à la Libération) mais leur présence ne doit en aucun cas préjudicier la qualité de Français des autres

  • A Théofrède :

    Bien sûr. Mais dans la longue histoire de la France (continentale, plus Corse ensuite), ni l'arabe ni le kabyle n'ont eu de part autre qu'épisodique et marginale à date très ancienne. Leurs locuteurs français sont d'apparition récente dans l'histoire de France, ce n'est nullement injurieux de l'observer.

  • Depuis la Révolution, Des Fañch à Quimper, il y a dû y en avoir des millions. Ne s'appelaient-ils pas tout simplement François à l'état civil, Franciscus aux fonts baptismaux et Fañch dans leur vie courante, tous Bretons bretonnants qu'ils étaient ?
    M'est avis que ces parents font leur forte-tête en voulant faire du prénom de leur fils un étendard de bataille pour exiger quelque-chose qui ne s'est jamais fait depuis la Révolution, si ce n'est depuis Villers-Cotterêts.

  • @Curmudgeon
    je ne vois pas très bien à quelle date très ancienne l'arabe et le kabyle ont pu avoir un rôle dans l'histoire de France
    la conquête de l'Algérie a commencé en 1830, donc bien après celle de la Corse, et l'Algérie est restée française jusqu'en juillet 1962; presque toute sa population d'origine européenne avait déjà pris la fuite, ainsi que sa population juive qui était pourtant autochtone ; le monstre qui gouvernait la France à cette époque a fait le nécessaire pour que les populations de langue arabe ou berbère ne puissent en faire autant, y compris ceux, assez rares, qui étaient chrétiens, provoquant ainsi des massacres
    bien que l'espagnol ait été la langue usuelle à Oran, je n'en ai pas parlé, parce qu'effectivement cette langue n'avait pas grand chose à voir avec l'histoire de France

  • Cette affaire est une fois de plus révélatrice des dangers de cette république, illégitime de droit, qui n'a d'ailleurs JAMAIS abrogée les lois ANTI-CATHOLIQUES de la même époque !!!
    Lois qui ont permis d'exterminer les Vendéens, pour ne citer que ce Génocide franco-français. Peut-être même, dans peu de temps, ceux qui croient être tout, s'autoriseront à revêtir des bottes, en peaux tannées d'hommes, celles de ceux "qui ne sont rien" tous "ses sans dents", cette loi est toujours en vigueur du moins n'a jamais été interdite.
    Tannerie d'Angers, tannerie du Mans, Tannerie de Nantes telle est la triste réalité ...............

  • L'Union Européenne va se faire un plaisir de donner raison à cette famille bretonne. Car le but n'est-il pas de détruire les souverainetés ? Ainsi traite-elle directement avec les régions sans passer par Paris, Elle finance même l'apprentissage des langues locales ainsi que leur demande d'indépendance à la condition bien entendu de rester dans l'U.E.. C'est très pervers mais beaucoup tombent dans le piège....

  • Il y a un autre piège. Prétexter les intrusions de l'UE pour s'abandonner aux aigres délices du jacobinisme linguistiquement sectaire.

    Distinguons les choses. Il ne faut pas confondre la souveraineté, qui depuis plus de deux siècles, se trouve dans le peuple français (qui parfois l'oublie) et la pluralité linguistique.

    Attention. à ne pas hystériser le débat en se montant le bourrichon, comme si l'usage d'une langue dite régionale, une orthographe bretonne de prénoms, des panneaux bilingues français / occitan, etc. menaçaient l'unité de la France et allaient pulvériser la République et ses Valeurs Sacrées (je suis républicain, mais pas republicaniste).

    À ce compte-là, les festivités qui ont eu lieu au Théâtre antique d'Arles il y a quelques jours devraient être interdites par les puritains francolâtres. Les deux reines d'Arles, la sortante et la nouvelle, y ont prononcé deux longs, vibrants et éloquents discours en provençal, sans aucune traduction. Dans la salle d'entrée de la mairie d'Arles figure une citation célèbre de Frédéric Mistral, en provençal, tirée du Poème du Rhône. Ces indices de faction doivent-ils être extirpés ?

    Aucun de mes ancêtres jusqu'à mes grands-parents inclus n'ont eu le français pour langue maternelle. Et alors ?

    Un peu de "vivre-ensemble" interne, de grâce !

  • C'est très simple, la République, depuis qu'elle s'est imposée à une voix de majorité, se sent fragile, d'où la répétition obsédante des "valeurs de la République" et la traque de tout ce qui ne cadre pas avec ce qu'elle considère comme ses valeurs.

    La Monarchie, elle, était bien plus sure d'elle-même et l'amour de la France y était bien ancrée, malgré des différences régionales prononcées.

    La République a conservé un atavisme anti-monarchique pourtant largement injustifié. Combien de Français aujourd'hui souhaitent l'abolition de la République ? Très très peu, car ils sont conditionnés depuis la maternelle pour ânonner "les valeurs de la République".

    Le peuple était autrefois largement monarchiste : entre autres, c'est l'interdiction de voter pour les femmes imposée par les Francs-Macs jusqu'après la 2ème guerre mondiale ( ils avaient peur qu'elles votent suivant les consignes de leurs curés ) qui a fait la fortune de la République érigée en déesse.

    Maintenant, c'est trop tard : le peuple français est lobotomisé et réagit de manière pavlovienne dés qu'on parle de République avec trémolos dans la voix comme savent si bien faire nos politiciens.

  • je suis un peu surpris : les "valeurs de la République" ne sont ânonnées que depuis la prise de pouvoir de François Hollande; cela m'a d'autant plus frappé que je suis l'arrière petit-fils d'un parlementaire républicain des débuts de la IIIième République et que j'ai vu surgir cette logomachie que je connaissais bien avec cette arrivée des socialistes; Mitterrand s'était bien gardée de donner dans ce ridicule
    mon grand-père avait gardé dans son enfer (où elles tenaient compagnie au Kama Soutra,aux œuvres de Pierre Louÿs et aux décorations et diplômes maçonniques de son père) toutes les lettres de condoléances que les notabilités du régime lui avaient envoyées à la mort de son père; elles auraient pu être signées Hollande ou Ayrault
    la plus originale était quand même une carte de visite de Charles Dupuy où les condoléances n'étaient pas pour la mort de son père mais pour l'adhésion proclamée de mon grand-père à l'Action Française, mais Charles Dupuy n'était pas socialiste

  • Non, bien sûr, j'ai connu un Iñaki basque. Et puis à l'heure des prénoms musulmans de masse, c'est une aberration de plus.

  • La République est fille du Démon. Qu'attendre d'elle sinon des diableries? Et nous n'avons pas fini d'en voir de toutes les couleurs!

  • La république, c'est un régime politique, avec ses avantages et ses inconvénients.

    Pensez-vous que c'est ce système d'organisation de l'Etat en tant que tel qui est "fille du démon" ?

    Est-il licite à un catholique d'être républicain ?

  • @ Curmudgeon
    Si vous lisez St Thomas, les systèmes politiques sont ce que les hommes en font. Il peut y avoir de bonnes dictatures ( Garcia Moreno, Salazar, Franco) , de bonnes républiques, de bonnes monarchies. Il peut y avoir des "démocraties" qui sont d'infâmes dictatures (la France) Mais St Thomas précise que la monarchie de droit divin est le régime préférable dans tous les cas.
    La République française étant aux mains de révolutionnaires subversifs ennemis de Dieu ne peut pas être considérée comme légitime. Le ralliement de Léon XIII fut une erreur monumentale et nous en payons le prix d'élection en élection.. Un catholique ne peut pas soutenir cette République et s'il se dit républicain, c'est d'une république fantasmée qui n'existe que dans son imagination. Le refus du réel est une des pires catastrophes de notre époque.

  • A Dauphin :

    Merci pour votre réponse. Sans être en rien un grand connaisseur du thomisme, il me semble que vous projetez sur Thomas d'Aquin une vision de la monarchie (de droit divin à la française) qui ne s'y trouve pas clairement.

    Dans la Somme de théologie Ia-IIae, Q 105, TdA favorise ce qu'il appelle la monarchie, mais au fond, c'est une régime qui n'est pas si éloigné que ça des systèmes français et américain actuels : "Voici donc l'organisation la meilleure pour le gouvernement d'une cité ou d'un royaume : à la tête est placé, en raison de sa vertu, un chef unique ayant autorité sur tous ; puis viennent un certain nombre de chefs subalternes, qualifiés par leur vertu ; et cependant la multitude n'est pas étrangère au pouvoir ainsi défini, tous ayant la possibilité d'être élus et tous étant d'autre part électeurs. Tel est le régime parfait, heureusement mélangé de monarchie par la prééminence d'un seul, d'aristocratie par la multiplicité de chefs vertueusement qualifiés, de démocratie enfin ou de pouvoir populaire du fait que de simples citoyens peuvent être choisis comme chefs, et que le choix des chefs appartient au peuple."

    Cette description large et balancée laisse une latitude importante pour organiser l'Etat au mieux selon les nécessités. TdA, en homme de son temps, avait à l'esprit les monarchies qu'il connaissait. Il ne s'ensuit pas que, en 2017, nous devions nous modeler sur ce que nous croyons être la conception de la monarchie qu'on pouvait avoir dans la seconde moitié du XIIIe siècle.

    Ensuite TdA présente une observation pratique capitale, que les partisans de la royauté omettent le plus souvent de prendre en compte : "La royauté est la forme la meilleure de gouvernement, si elle reste saine ; mais elle dégénère facilement en tyrannie, à cause du pouvoir considérable qui est attribué au roi, si celui qui détient un tel pouvoir n'a pas une vertu parfaite, comme dit Aristote". Et il ajoute : "Or la vertu parfaite est rare". C'est bien ce que l'observation montre.

    Dans ces conditions, quand vous vous inquiétez que je puisse me complaire dans le soutien d'une "république fantasmée", vous m'autoriserez peut-être à me demander si, le recul du temps et les nébulosités du remodelage historiographique aidant, les monarchistes ne se construisent pas une "royauté fantasmée". Ils n'ont que trop tendance à comparer une monarchie idéalisée avec la république française telle que nous la connaissons, de près et par l'observation quotidienne, c'est-à-dire avec toutes ses tares. Dans ces conditions, qui ne serait royaliste ? Dès qu'on se penche sur l'histoire des monarchies, leur beauté se ternit quelque peu.

  • A Dauphin (suite 1)

    Dans le De regno, TdA dit : " Il est donc avantageux qu’un gouvernement juste soit exercé par un seul, dans ce but qu’il soit plus fort. Mais si ce gouvernement tombe dans l’injustice, il est préférable qu’il soit aux mains d’un grand nombre, pour qu’il soit plus faible et que les gouvernants s’entravent les uns les autres. Entre les gouvernements injustes les plus supportable est la démocratie, le pire est la tyrannie."

    TdA n'ignore pas, comme je l'ai dit, que, la haute vertu étant rare, les monarchies, dans ce monde sublunaire, offrent une forte propension à dégénérer en tyrannies. Il indique donc quel est le moindre mal. Il répète que la tyrannie, qui est le pendant de la monarchie, est ce qu'il y a de pire.

    Or ce pire est on ne peut plus fréquent. C'est pourquoi, plus loin, TdA enfonce le clou : " Parce que donc le meilleur et le pire se trouvent dans la monarchie, c’est-à-dire dans le commandement d’un seul [optimum et pessimum consistunt in monarchia, id est principatu unius], la dignité royale est rendue odieuse à beaucoup à cause de la malice des tyrans. Certains, il est vrai, en désirant le gouvernement d’un roi, tombent sur les cruautés des tyrans, et des gouvernants en beaucoup trop grand nombre exercent la tyrannie sous le prétexte de la dignité royale."

    Plus avant il va jusqu'à observer que la monarchie favorise... l'oubli du bien commun : "Car il arrive la plupart du temps que les hommes qui vivent sous un roi s’attachent avec plus d’indolence à atteindre le bien commun, parce qu’ils estiment que la peine qu’ils dépensent pour le bien commun ne leur rapporte rien à eux-mêmes, mais à un autre, sous le pouvoir de qui ils voient que sont les biens communs."

    Il est vraiment amusant de lire ceci quand on connaît les diatribes anti-démocratiques selon lesquelles, en dehors des périodes d'élection, le peuple indolent se moque de la marche des affaires et du fameux bien commun.

  • Thomas d'Aquin :

    Entre les gouvernements injustes les plus supportable est la démocratie, le pire est la tyrannie.

    Churchill (discours à la Chambre des communes, 11 novembre 1947) :

    Many forms of Government have been tried, and will be tried in this world of sin and woe. No one pretends that democracy is perfect or all-wise. Indeed it has been said that democracy is the worst form of Government except for all those other forms that have been tried from time to time.

  • A Dauphin (suite 2)

    Les partisans (français) de la monarchie de l'Ancien régime tendent à oublier que ce régime politique ne fonctionnait pas dans le vide social : il opérait sur une société bien différente de la nôtre.

    C'était une société intrinsèquement hiérarchisée, certes pas une société hyper-rigide du type de l'indienne avec les castes, mais en tout cas une société à ordres.

    Notre société est structurée plus ou moins lâchement selon plusieurs types d'ordonnancements hiérarchiques, mais non pas un seul, et elle n'est donc plus une société à ordres. Je ne déplorerai certes pas cette évolution. La recherche du bien commun n'en souffre pas dans son principe, bien qu'elle soit difficile, tout comme elle l'était aussi il y a trois cents ans, malgré les illusions qu'on entretient ici ou là sur la clarté de vision des monarques, sur leur hauteur de vues, sur leur désir de paix (dont on ne trouve guère trace dans la réalité).

  • @Curmudgeon
    Merci pour vos longs développements, qui ne font que confirmer que les systèmes politiques sont ce que les hommes en font.
    et en écrivant cela:
    "Dès qu'on se penche sur l'histoire des monarchies, leur beauté se ternit quelque peu.", de quelle histoire parlez-vous? Celle écrite par la propagande protestante (les protestants ont toujours voulu renverser la monarchie de droit divin pour la remplacer par leur théocratie à la Calvin) et révolutionnaire?

  • À Dauphin :

    Je ne pense pas lire l'histoire à travers un filtre protestant.

    Et si on regarde l'histoire des pays européens, on n'a pas l'impression que ceux-ci aient été moins monarchistes que les catholiques. Le régime hiérocratique de la Genève de Calvin est manifestement atypique.

    La monarchie française de l'Ancien régime était (1) héréditaire, (2) "absolue", (3) de droit divin, (4) associée de fait à une société à ordres. Sur aucun de ces quatre traits la monarchie ne convient à la France actuelle. J'ajoute que, sauf erreur, en principe le sacre conférait au roi un statut comparable à celui d'un évêque.

    Ceci ne correspond en rien aux conceptions que nous pouvons avoir de la distinction entre spirituel et temporel, conformément du reste à la vision initiale dans le christianisme. La distinction nette entre ces deux domaines est considérée par les musulmans comme une des infériorités criantes du christianisme sur l'islam. Mais nous voyons chaque jour à quel point la doctrine musulmane engendre des effets nocifs.

    Le gallicanisme avait des côtés heureux dans cette perspective, en rejetant une inféodation servile au pape. Mais il présentait des aspects extrêmement troubles, en particulier s'agissant de l'ingérence royale dans la nomination des évêques (ceci se joignait dans les faits à un quasi-monopole de la noblesse sur ces charges, dont on voit mal la justification théologique).

    Paradoxalement, l'exaltation inconsidérée de la monarchie de droit divin d'Ancien régime ne m'évoque rien moins que l'échauffement mental qui saisit certains à l'évocation de la République, devenue quasiment un élément dans un dispositif général qui finir par ressembler à une para-religion.

    M. Mélenchon, licencié de philosophie, a écrit récemment sur son blog "La nation ne vaut que parce qu'elle est République". C'est un exemple spectaculaire des confusions politologiques qui sévissent partout, et, on le constate ici, jusque chez un homme intelligent et instruit. Une nation n'étant pas un État ne saurait "être" une république. Et la France existait bien avant l'apparition du régime républicain, qui n'est établi vraiment que sur, disons, 10 à 15 % de la durée de l'histoire de la France. La "mystique" républicaniste est aussi infondée que son pendant royaliste.

    La politique ne peut négliger les principes. Mais elle s,exerce largement dans le domaine des décisions prudentielles. Thomas d'Aquin n'aurait pas été étonné par ces propos, si j'ose.

  • C'est bien beau vos histoires, mais vous faites du sentimentalisme plutôt que de la politique : la bretonnitude, la méchante France jacobine, c'est mignon. Pourtant l'éclatement de la France en régions trop petites pour résister, les mondialistes et les européistes ne demandent que cela.

    Et puis, franchement, le régionalisme est souvent étriqué pour ne pas dire plus (écouter La ballade des gens qui sont nés quelque part, de Brassens).

    Tous les Français, même ceux qui se sentent aussi bretons, corses, basques ou autre, devraient avoir à coeur de préserver l'unité de la France car c'est de bonne politique : une France désunie, cela ne signifie pas des régions plus libres, mais des régions plus soumises à Bruxelles.

  • Bien avant Hobbes, Spinoza ou Rousseau, qui ont décrété que la souveraineté émanait du peuple, celui-ci déléguant l'autorité, par un mystérieux contrat social, à une personne ou à un groupe de personnes, on se fondait, plus justement, sur Aristote, pour considérer l'autorité comme un don de Dieu ou de la nature, Ce faisant, on concevait la société et la nation (concept qui, soit dit en passant, date plutôt, en France, de Bouvines que de la Révolution) sur le modèle de la famille humaine. Cela n'empêchait pas Aristote d'affirmer que le meilleur des régimes devait procéder à la fois de la monarchie, de l'aristocratie et de la démocratie. De Polybe à Jean Bodin, des théoriciens se sont attelés à justifier le système politico-social de leur temps en montrant qu'il contenait un peu des trois...
    Pris isolément, chaque système est susceptible de dégénérer selon sa pente naturelle, le premier vers la tyrannie, le second vers l'oligarchie et le troisième vers la démagogie. Cela a souvent été le cas dans l'histoire, surtout pour les deux premiers. Toutefois, dans la mesure où l'on tendait à considérer, y compris dans la démocratie athénienne, que l'autorité venait d'en haut, qu'elle avait le caractère sacré et mystérieux d'une grâce divine, elle s'exerçait du haut de la pyramide sociale vers les étages immédiatement inférieurs. Néron, Dioclétien ou le Grand Turc zigouillaient pas mal, mais ils n'avaient pas la prétention d'interdire aux parents de choisir les prénoms de leurs enfants.
    A partir du moment où la loi est, soi-disant, l'expression de la volonté générale, Robespierre aurait tort de se gêner, Lénine aurait tort de se gêner, Mao de même et Hollande itou. On peut désormais marier les tantes et enseigner aux enfants "leurs" "droits sexuels" à l'école primaire. Nos démocraties ne sont pas des tyrannies (dégénérescence de la monarchie), mais ce sont d'immondes dictatures.

  • Retour sur la monarchie.

    Citation :
    "10 Samuel rapporta toutes les paroles de l'Eternel au peuple qui lui demandait un roi. 11 Il dit: «Voici quels seront les droits du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils et les mettra sur ses chars ou parmi ses cavaliers, ou encore ils devront courir devant son char. 12 Il fera d'eux des chefs de milliers et des chefs de cinquantaines. Il les emploiera à labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes de guerre et l'équipement de ses chars. 13 Il prendra vos filles pour faire d'elles des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. 14 Il prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers et la donnera à ses serviteurs. 15 Il prendra la dîme du produit de vos champs et de vos vignes et la donnera à ses serviteurs. 16 Il prendra vos esclaves et vos servantes, vos meilleurs boeufs et vos ânes et se servira d'eux pour ses travaux. 17 Il prendra la dîme de vos troupeaux et vous serez vous-mêmes ses esclaves. 18 Alors vous crierez contre votre roi, celui que vous vous serez choisi, mais l'Eternel ne vous exaucera pas.»
    19 Le peuple refusa d'écouter Samuel. «Cela ne fait rien, dirent-ils, il y aura quand même un roi sur nous,
    20 et nous aussi nous serons pareils à toutes les nations: notre roi nous jugera, il marchera à notre tête et conduira nos guerres.»

    Chez les Wisigoths et les Francs le sacre se réfère aussi aux rois d'Israël. D'où la tentation fréquente.d'être confit en révérence pour la monarchie, en particulier la française.

    Mais quand on lit le livre de Samuel, on constate, dans le passage ci-dessus, que l'instauration d'une monarchie est désirée par les fils d'Israël pour faire comme tout le monde, par conformisme irréfléchi. Samuel leur explique en termes brutaux ce que c'est que la royauté. Dieu condescend à laisser les fils d'Israël se faire gouverner d'une manière aussi discutable, mais ne fait pas le moindre éloge de la monarchie. C'est un pis-aller pour des gens ayant trop peu de sens civique pour mériter autre chose.

    Si vous rapprochez ceci des analyses de Thomas d'Aquin que j'ai citées plus haut, vous verrez que ça se raccorde très bien.

    La monarchie dite "de droit divin" n'est, du point de vue chrétien, nullement cette merveille au-dessus des critiques, mais un mode de gouvernement qui est plus ou moins bancal, et souvent détestable. Rien, vraiment, qui justifie la détestation de la république.

    Les justifications de la monarchie française ont fait l'objet de raisonnements où les théologiens ont eu leur part, en outrepassant souvent leurs compétences, comme assez souvent. Mais plus encore les juristes entourant le roi, habiles en plaidoyers ingénieusement accommodés.

  • La monarchie française, fût-elle absolue et de droit divin, était tout sauf une tyrannie. Outre les lois fondamentales du royaume, les exemptions de toutes sortes, les privilèges des provinces, des villes et des corps constitués, il y avait aussi, comme le disait justement un de mes vieux profs (le regretté Jacques Solé), la taille du territoire français, que le roi (et pas davantage Robespierre) n'aurait pu parcourir superficiellement qu'au prix de plusieurs mois de marche à cheval. La plupart des Français ne voyaient jamais la maréchaussée. Même dans les pays de milice, on échappait facilement à la levée. Tant qu'on ne violait pas outrageusement les lois humaines et divines, on avait bien la paix. Un pays de Cocagne, comparé à nos Etats policiers d'aujourd'hui. Il est vrai que l'Israël de Saül se serait étendu sur un territoire de quelque 5000 km2, cent fois moins que la France de Louis XIII. Et les Hébreux, un ou deux millions tout au plus, étaient en guerre permanente contre leurs voisins ; mais était-ce mieux à l'époque des Juges ? On peut en douter.

  • Franck Boizard est un maudit Français du nord à l'esprit étriqué, qui s'imagine que l'ombilic de l'univers se situe à Paris. En tant que provincial, et d'une région qui fut largement ouverte vers l'Italie, je trouve les Parisiens remarquablement repliés sur eux-mêmes.

    Vous savez, ces vieux films où un type se pâmait en respirant un ticket du métro de Paname. C'est là le minabke folklore des péquenots parisiens.

    Et paf !

    Ensuite, en quoi des régions à identités affirmées conduisent-elles à "l'éclatement" de la France. Ce non sequitur est du jacobinisme borné. Si je ne me trompe pas, il arrivait que les rois de France parlent de leurs "peuples" au pluriel. Ça, c'est la classe.

    Si la France est si fragile que les jacobins l'imaginent, avec leurs sempiternelles lamentations, il faut se demander soit si le pays mérite de survivre, soit s'il ne peut être gouverné que par un despote hargneux et brutal

  • Louis XIII se glorifiait d'être le roi de plusieurs nations.

  • Il pouvait parler de certaines provinces récemment rattachées au royaume, comme il pouvait parler des nations indiennes (Hurons et Algonquins). N'oublions pas que le règne de Louis XIII coïncide avec la première époque de la conquête du Canada.

  • l'expression "nos peuples" n'est pas spéciale à Louis XIII, elle a été employée par tous les rois de France de l'époque; contrairement à ce qu'imagine Stavrolus, elle a continué à être utilisée après la perte du Canada
    les rois du Moyen Age n'utilisaient pas cette expression, mais la mettaient en pratique, et créaient, en double, à Toulouse ou à Montpellier les institutions qui existaient à Paris
    il y eut même des Etats généraux de langue d'oc qui doublaient les Etats généraux de langue d'oïl avant de devenir les Etats provinciaux de Languedoc
    il est d'ailleurs très clair que ce n'est pas à Bouvines qu'est née la nation française, qui semble ne s'être constituée que vers la fin de la Guerre de cent ans; auparavant, les gens du sud de la Loire, sauf peut-être les Berrichons, n'étaient pas considérés comme français, et ne se considéraient pas comme français eux non plus, même s'ils savaient très bien qu'ils faisaient partie du royaume de France : la nation était bien distincte de l'état

  • Il parlait clairement de la Bretagne, de la Provence, etc.

    C'était avant 1789 et l'invention de la Nation.

    Les fans de rugby savent qu'il y a toujours une nation galloise.

  • Les historiens contemporains font coïncider l’émergence de la nation avec la Révolution française. Pourtant, le mot apparaît en français en 1120. Dès 1175, il sert à désigner un groupe humain partageant une même origine, une même langue et une même culture. En 1214, après Bouvines, Philippe Auguste est acclamé par tous les Français. Bouvines devient une quasi-fête nationale, avant que Louis XIII ne consacre son royaume à la Vierge et ne choisisse le 15 août.
    La Révolution française est internationaliste dans son essence. Elle s’appuie sur les idées de la franc-maçonnerie et des Lumières pour détruire tout ce qui fait l’identité et l’unité nationale : le roi, la religion, la société, l’économie... De cette époque date le début de la fin des Etats nations, avec toutes les conséquences qu’il faut en subir aujourd’hui.
    Ceux qui nous disent que la nation est née avec ou de la Révolution sont les mêmes qui nous racontent que "de tout temps" la France a été terre d’accueil, bien qu’elle ait sans doute accueilli dix fois plus d’immigrés depuis cinquante ans qu’entre le sacre de Clovis et les années 1960. Cherche à qui le crime profite...

  • Avec votre raisonnement, il faudrait être républicain pour être nationaliste, chose que je récuse radicalement.

  • @Stavrolus
    il faudrait éviter les anachronismes, et de reporter à des temps anciens la signification actuelle de certains mots
    quand, sous l'Ancien Régime, on disait de quelqu'un qu'il était "parisien de nation" ça ne voulait pas dire qu'on réclamait l'indépendance pour Paris

  • Quand je donne la date de naissance d'un mot en français, avec son sens originel, et en m'appuyant sur le Dictionnaire historique Robert de la langue française, j'évite justement de faire un anachronisme, ce me semble.
    Un reproche plus judicieux concernerait l'absence de discrimination, dans mon commentaire, entre le concept de nation et celui d'Etat-nation, qui suppose un certain volontarisme dans la mise en œuvre d'institutions nouvelles pour faire face à une situation politique inédite. Ce volontarisme est plus perceptible chez des hommes d'Etat du XIXe siècle, comme Napoléon ou Bismarck, que chez les rois de France qui, à de rares exceptions près, administraient leur pays comme un bon père de famille son patrimoine.

  • @Stavrolus
    lorsque vous donnez à un mot, en parlant d'une période ancienne, la signification qu'il a actuellement, vous commettez un anachronisme
    j'ai entendu des chants bretons de l'époque de la Révolution dans lesquels le mot nation servait à désigner les Bleus, ce qui prouve qu'à cette date encore tardive il n'avait pas encore le sens qu'on lui donne aujourd'hui
    les langues évoluent, et le sens des mots aussi et ne restent pas figées comme vous semblez le penser, sinon nous parlerions encore le latin de la soldatesque romaine

  • "Si la France est si fragile que les jacobins l'imaginent, avec leurs sempiternelles lamentations, il faut se demander soit si le pays mérite de survivre, soit s'il ne peut être gouverné que par un despote hargneux et brutal"

    Oui, c'est effectivement une question. Je n'ai pas la réponse.

    Pour ma part, entre une France très malade et des régions qui n'inspirent rien ni personne sauf ceux qui en viennent (je connais des francophiles partout dans le monde. Des bretonnophiles ou des corsophiles, c'est plus rare. Il est vrai que l'immense rayonnement international de Plougastel ou de Figari est de notoriété publique. J'ai déjà entendu des étrangers revendiquer la France comme leur seconde patrie, jamais la Savoie), je préfère la France.

    Je trouve, nonobstant votre ironie, plus souvent qu'à leur tour les régionalistes étriqués. J'ai eu ma dose de Bretons pendant mes études et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne m'ont pas fait aimer la Bretagne (que j'aime par ailleurs malgré eux). C'est à eux que je pensais en évoquant Brassens.

    Nota : vous devriez savoir que je ne suis pas parisien. Mais je viens d'une région qui a toujours appartenu au roi de France.

  • J'ajoute un mot.

    Le régionalisme est à la mode. Si vous défendez une identité régionale, personne ne vous attaquera, vous n'aurez que des louanges.Oon le voit dans ce fil même de commentaires.

    J'aime bien être à contre-courant, ne pas suivre la foule. Moi, ma pitié et mon souci vont à la France, avec toutes ses régions, que je m'enorgueillis de toutes connaitre ou, au moins, d'y avoir séjourné (sauf l'Outremer).

  • ""Le régionalisme est à la mode. Si vous défendez une identité régionale, personne ne vous attaquera, vous n'aurez que des louanges.Oon le voit dans ce fil même de commentaires."

    Vous êtes trompé par les apparences. Aujourd'hui que le mouvement breton est moribond, il y a une foule d'hypocrites qui sont très heureux de se donner bonne conscience en affichant une bretonnophilie de surface. Les mêmes qui militent pour l'enseignement des "langues régionales" (traduction de ce néologisme étrange : langues inférieures, langues de sous-hommes non parisiens) et qui poussent des cris d'orfraie dès qu'il est question d'usage de ces mêmes langues régionales. Même quand il s'agit d'un simple prénom.

    Je regrette et m'attriste que M. Daoudal ne croie pas au mouvement breton, mais au moins a t-il la décence de ne pas se joindre à ces hyprocrites-là.

    Même chose dans l'Église. Vatican II, pour une plus grande intégration du local et du terroir dans la liturgie ? Mon oeil. Dans son journal, Youenn Olier nous transmet une scène surréaliste où une prêtre d'une paroisse 100% bretonnante fait sa première messe Novus Ordo et ose dire aux fidèles : "Maintenant, grâce à Vatican II vous pouvez entendre la messe dans votre propre langue."

  • Le vénérable rit lyonnais ne survit qu'à l'état vestigial.

  • existerait-il encore des paroisses entièrement bretonnantes ? j'en doute fort; ce jeune prêtre est un niais, mais je pense qu'il voulait dire : dans une langue que tout le monde comprend
    avant la guerre, lorsque le recteur faisait son sermon en breton, ceux qui ne le comprenaient pas allaient faire un tour au bistrot en attendant qu'il soit terminé
    je ne comprends pas très bien pourquoi Curmudgeon introduit ici le rite lyonnais; celui-ci a été éradiqué dès la parution de la messe de Paul VI et n'est plus célébré que dans la seule église Saint Georges, à Lyon même
    comble de l'horreur, lorsque des prêtres traditionnalistes s'installent dans le diocèse, ils y importent la messe de saint Pie V qui y est une innovation et n'y existait auparavant que chez les Jésuites
    quant à l'orthographe "rit" elle me gêne, pour ne pas dire plus

  • Les Bretons qui m'ont cassé les pieds (et même autre chose) avec leur bretonnnitude étaient des bourgeois vivant à Paris.

    Cela va plutôt dans votre sens.

  • Merci à tous les commentateurs pour leurs remarques.

    Juste une observation sur la terminologie de l'historiographie spontanée.

    Nous recourons continuellement à des figures de rhétorique. Souvent, nous effectuons un décodage automatique qui ne laisse place à aucune ambiguïté. Si je dis "Paris refuse de signer le traité", tout le monde convertit Paris > le gouvernement français (qui réside à Paris, capitale de la France).

    Maintenant considérez ceci. Stavrolus dit que, après Bouvines, le roi fut "acclamé par tous les Français ". Mais en réalité, qui son tous ces Français ? La majorité des sujets du roi résidaient dans des villages lointains et il y a lieu de supposer que la majorité ne savaient pas grand chose sur la marche des affaires du royaume.

    On est donc devant une fiction, qui est le pendant de la "volonté générale".

    Et là, malheureusement, on risque de se laisser entraîner à prendre la fiction pour argent comptant.

  • Vous avez tout à fait raison : il fut acclamé, avec sa suite et son armée, dans les villes et villages qu'il traversait pour rentrer à Paris. Parler des Français était au mieux une synecdoque, mais plutôt une exagération.

  • Désolé si "rit" gêne Théofrède. C'est une orthographe traditionnelle vénérable.

  • Mon vieux missel comprenait un appendice pour Lyon, et je crois me souvenir (je ne l'ai pas ici) qu'il y était écrit "rit lyonnais". Il y a une raison à cela :

    http://liturgie.catholique.fr/lexique/rit/

  • le mot vénérable est parfaitement celui qui convient

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