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Jeudi de Pentecôte

Séquence de sainte Hildegarde (1098-1179), traduction Remy de Gourmont (sauf ce qui est entre crochets parce qu’il n’a pas cité le texte entièrement). Interprétation par le chœur du Trinity College de Cambridge. Début de la partition, sur un codex qui date de la fin de la vie de sainte Hildegarde ou des années suivant sa naissance au ciel (1175-1190).

O Ignis Spiritus paracliti,
Vita vitae omnis creaturae,
Sanctus es vivificando formas.

O Feu de l'Esprit consolateur, vie de la vie de toute créature, tu es saint parce que tu vivifies les formes.

Sanctus es unguendo periculose fractos,
Sanctus es tergendo foetida vulnera.

Tu es saint parce que tu daignes oindre les membres périlleusement brisés, tu es saint parce que tu panses les plus fétides plaies.

O spiraculum sanctitatis,
O ignis caritatis,
O dulcis gustus in pectoribus,
Et infusio cordium in bono odore virtutum !

Ô soupirail de sainteté, [ô feu de charité, o doux goût dans la poitrine, et infusion des cœurs dans la bonne odeur des vertus !]

O fons purissime,
In quo consideratur
Quod Deus alienos
Colligit et perditos requirit !

[Ô source très pure, dans laquelle on peut voir que Dieu rassemble les étrangers et recherche ceux qui étaient perdus.]

O lorica vitae et spes compaginis
Membrorum omnium
Et o cingulum honestatis, salva beatos !

Ô forteresse de vie, ô espoir de la solidarité humaine, ô refuge de la beauté, sauve les bénis !

Custodi eos qui carcerati sunt ab inimico,
Et solve ligatos,
Quos divina vis salvare vult.

Garde ceux qui sont prisonniers de l'ennemi, déchaîne ceux qui sont enchaînés, sauve ceux que veut sauver la Force divine !

O iter fortissimum, quod penetravit omnia,
In altissimis et in terrenis,
Et in omnibus abyssis,
Tu omnes componis et colligis.

[Ô chemin très puissant, qui pénètres tout, au ciel et sur la terre, et dans tous les abîmes, toi qui recueilles et rassembles tous (les hommes).]

De te nubes fluunt, æther volat,
Lapides humorem habent,
Aquæ rivulos educunt
Et terra viriditatem sudat.

Par toi les nuages vont, l'éther plane, les pierres transpirent, les eaux se font ruisseaux, la terre exhale de verdoyantes sueurs.

Tu etiam semper educis doctos,
Per inspirationem Sapientiæ
Lætificatos.

Et c'est toi aussi qui guides les doctes létifiés par l'inspiration de ta Sagesse.

Unde laus tibi sit, qui es sonus laudis
Et gaudium vitæ, spes et honor fortissimus,
Dans præmia lucis.

Donc, louange à toi, toi le vocable de louanges, toi, la joie de la vie, l'espérance, la force et l'honneur, toi le dispensateur de la lumière !

 

 

Hildegard2.jpeg

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Commentaires

  • Je propose les corrections suivantes :

    Ô chemin très puissant, qui pénètreS tout, au ciel et sur la terre, et dans tous les abîmes, TU RECUEILLES ET RASSEMBLES TOUS LES HOMMES.

    LORICA (mot technique précis) est mal traduit par Gourmont. Je propose : O CUIRASSE DE NOTRE VIE ;
    et Gourmont devrait écrire "laetifié" pour qu'on comprenne bien ce néologisme, car son LÉTIFIÉ fait penser à LÉTAL plus qu'à LAETITIA

  • Oui, pour ce qui est de moi (surtout pour le s de la deuxième personne... Honte sur moi...)

    Mais si j'ai cité Gourmont ce n'est pas pour le corriger... En effet laetifié serait meilleur et éloignerait de létal... Mais je pense qu'il a voulu conserver l'orthographe (universelle) de l'époque. C'était "letitia", de même qu'au début, comme on le voit sur la partition, il y a "vite" et non "vitae" et "creature" et non "creaturae"

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