La grâce divine qui vous appelait à la couronne du martyre alla vous chercher jusqu’au fond de la Phrygie, ô Pancrace, pour vous conduire dans la capitale de l’empire, au centre de tous les vices et de toutes les erreurs du paganisme. Votre nom, confondu avec tant d’autres plus éclatants ou plus obscurs, ne semblait pas devoir laisser de trace dans la mémoire des hommes ; à quatorze ans, votre carrière était déjà terminée. Aujourd’hui cependant, votre nom est prononcé par toute la terre avec l’accent de la vénération ; il retentit à l’autel dans les prières qui accompagnent le Sacrifice de l’Agneau. D’où vous vient, ô jeune martyr, cette célébrité qui durera autant que le monde ? C’est qu’il était juste qu’ayant été associé à la mort sanglante de notre Christ, la gloire de son immortalité rejaillît jusque sur vous. Gloire soit donc à lui qui honore ainsi ses compagnons d’armes ! et gloire à vous, ô martyr, qui avez mérité une telle couronne ! En retour de nos hommages, daignez, ô Pancrace, jeter un regard de protection sur nous. Parlez de nous à Jésus votre chef et le nôtre. Dans cette vallée d’exil, nous chantons l’Alléluia pour sa résurrection qui nous a remplis d’espérances ; obtenez qu’un jour nous répétions avec vous au ciel ce même Alléluia, devenu éternel, et qui alors signifiera non plus l’espérance, mais la possession.
Dom Guéranger