Veníte, benedícti Patris mei, percípite regnum, allelúia : quod vobis parátum est ab orígine mundi, allelúia, allelúia, allelúia.
Cantáte Dómino cánticum novum : cantáte Dómino, omnis terra.
Venez, les bénis de mon Père, possédez le royaume, alléluia, qui vous a été préparé dès l’origine du monde, alléluia, alléluia, alleluia.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; chantez au Seigneur, toute la terre.
L’introït de la messe de ce jour (chanté par les bénédictines d’Argentan, sous la direction de dom Joseph Gajard qui signe aussi le commentaire), est l’un des très rares chants d’entrée à avoir comme texte un passage de l’évangile. La liturgie pascale étant d’abord une liturgie baptismale, l’invitation est adressée aux nouveaux baptisés, et c’est une invitation à entrer dans l’Eglise. Mais bien sûr ce « royaume » qui a été « préparé depuis l’origine du monde » est aussi le royaume céleste, figuré par l’Eglise, et dans l’évangile c’est seulement de lui que l’on parle, puisqu’il s’agit de l’évocation du jugement dernier.
Or cet introït correspond remarquablement à l’évangile de ce jour. Car cette pêche miraculeuse, après la Résurrection, est également une évocation du jugement dernier, et précisément de ce qui concerne « les bénis de mon père ».
J’ai donné quelques indications l’an dernier sur le « grand mystère », comme dit saint Augustin, qu’est cet évangile dans le « grand évangile » de saint Jean. Depuis lors j’ai découvert le magnifique oratorio de James MacMillan Since it was the day of preparation…, qui met en musique la fin de l’évangile de saint Jean, sur le texte anglais « liturgique » officiel, et j’ai été horrifié de voir à quel point le texte était massacré : Jésus se trouve « sur la plage » et il dit aux apôtres : « Venez prendre le petit déjeuner ». Sic. Les massacreurs francophones n’ont pas osé…
Commentaires
Récemment, dans un livre recensé dans la Nef, j'ai lu qu'en fait ce Royaume serait un royaume terrestre de mille ans, avec le Christ sur terre, avant le Jugement dernier. Après seulement viendra l'éternité. St Irénée le dit, et c'est st Augustin qui a tordu l'interprétation des textes. Je ne sais pas ce que vous en pensez. Le livre est La Venue glorieuse du Christ, de Françoise Breynaert.
Je ne crois pas une seconde au millénarisme, qui revient en force aujourd'hui comme dans tous les âges de décadence.
Avez-vous lu le texte de saint Irénée ? Vous croyez vraiment que le Christ va reconstruire Jérusalem ? Et pour quoi faire ?