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Donec veniat…

Aujourd’hui se termine la lecture de la Genèse, selon les dispositions du bréviaire. Or c’est à la fin de la Genèse que nous avons la prophétie que prononce Jacob sur ses 12 fils, pères des 12 tribus d’Israël. Or la prophétie sur Juda annonce le Christ, et la coïncidence est remarquable, cette année, avec la fête de l’Annonciation.

Non auferetur sceptrum de Juda, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, et ipse erit expectatio gentium.

Le sceptre ne sera pas ôté de Juda, et le chef de sa cuisse, jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé, et lui il sera l’attente des nations. (Genèse 49,10)

Ainsi parle la Vulgate. La Septante dit la même chose de façon légèrement différente :

Le prince ne disparaîtra pas de Juda, et le chef de ses cuisses, jusqu’à ce que vienne ce qui lui est réservé, et lui (il est) l’attente des nations.

Mais les traductions modernes, soi–disant sur le « texte original », estompent la prophétie ou la gomment carrément. Toutes parlent du « bâton entre ses pieds », alors que le texte de saint Jérôme comme celui des Septantes dit qu’il sortira toujours un chef de la cuisse de Juda (le mot “cuisse” étant dans la Bible un euphémisme pour le sexe masculin – comme la cuisse de Jupiter), et ensuite, se trouvant devant un mot inconnu (Sh.l.h) elles inventent : « jusqu’à ce que vienne Shilo », ou « le Shilo », ce qui est absurde. Crampon invente « le Pacifique » en voyant un “m“ à la place du “h” – ce que la Bible du rabbinat avait, curieusement, déjà fait avant lui. La Bible de Jérusalem dit même : « jusqu’à ce que le tribut lui soit apporté », ce qui ne repose plus sur rien du tout dans le texte…

Et naturellement il n’y a plus d’attente des nations…

Ainsi est niée la liturgie de l’Avent, qui a fait de ce verset un répons des matines de la quatrième semaine, en y ajoutant le verset 12 : « Pulchriores sunt oculi ejus vino, et dentes ejus lacte candidiores. » Ses yeux sont plus beaux que le vin, et ses dents plus blanches que le lait. Verset qui a une saveur de Cantique des cantiques et renvoie par là, de même, au Christ, comme la liturgie l’a bien compris. Mais pour la Bible de Jérusalem (et Osty) « ses yeux sont troubles de vin », pour Crampon ils sont « rouges de vin », et pour la TOB ils sont… « plus sombres que le vin »… Amis de la poésie sacrée bonsoir…

Commentaires

  • Alors quelle traduction utiliser, bon sang ! C'est quand même la question de tout catholique authentique

  • Apprenez le latin et le grec, et lisez la Vulgate et la septante!
    Comme l'a dit maintes fois Y. Daoudal, la plupart des bibles restituent un bon texte. Ensuite c'est sur certains points que va porter la critique. Mais souvent les divergences sont signalées en note.
    Pour parler de mon expérience personnelle, lire la bible, toute la bible, et plusieurs fois, et avec méditation, même dans une traduction déficiente çà et là, ça permet déjà de recevoir beaucoup de choses, beaucoup de lumières sur ce que Dieu nous révèle. Commençons par lire la bible, en prendre l'habitude, y prendre goût, à avoir une idée claire de chaque livre. Après, quand nous en serons familier, nous pourrons nous attacher à comparer les versions, à penser que la leçon de la Vulgate, ou celle de la Septante (et même: ou celle de l'hébreu) apporte une dimension supplémentaire à tel passage, etc. Mais n'inversons pas les exigences.

  • C'est peut-être une recommandation légèrement maximaliste de demander d'apprendre le grec et le latin, d'autant qu'il faudrait préalablement (pour la Genèse en tout cas) demander d'apprendre l'hébreu, et, pendant qu'on y est, l'araméen pour les targoums.

  • Pourquoi "et même : ou celle de l'hebreu" ?

  • Oui, j'aurais dû mettre le petit bonhomme jaune qui sourit après ma première phrase. Bien sûr que c'est maximaliste, mais c'était une manière de montrer que jamais une traduction n'est entièrement satisfaisante. Si on attache tant d'importance à la traduction, autant apprendre soi-même la langue.
    "et même l'hébreu", car au cas où ça vous aurait échappé, il est rare que sur ce blog on recommande la version hébreu contre la latine ou la grecque. Donc je voulais dire que l'on avait le droit aussi de préférer la version hébreu aux autres. Pardon pour ce truisme. Et merci pour vos liens.

  • Second 21 :

    Il a les yeux rouges de vin et les dents blanches de lait.

  • Pour l'adjectif de Genèse 49:12, on a un problème coriace. Ce développement pourra intéresser certains lecteurs :
    http://thetorah.com/the-color-of-judahs-eyes/

  • L'adjectif de l'hébreu en Genèse 49:12 se retrouve en Proverbes 23:29, mais la traduction de la Septante diffère dans les deux passages.

  • Sans être un expert, j'ai parfois l'impression que nos exégètes pensent que les textes latin et grec sont truqués et que seuls les rabbins ont recopié des textes authentiques sans erreur ni modification....
    Il paraît que le Talmud condamne violemment la Septante ...on dirait que certains ecclésiastiques ont adopté ce point de vue...

  • Et j'ajoute merci cher Yves de partager ainsi votre immense savoir ....

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