L’évangile de ce jour ressemble beaucoup à celui des noces de Cana. Pourtant celui-ci est en saint Jean, celui-là en saint Matthieu, et tout est différent, sauf l’essentiel.
Jésus est dans la région de Tyr et Sidon. Une femme cananéenne lui demande un miracle : guérir sa fille. Jésus ne répond pas. Dans l’évangile de saint Jean Marie demande à Jésus un miracle, il lui répond par une fin de non recevoir, ajoutant « Mon heure n’est pas encore venue. » Ce qui est l’explication du silence de Jésus face à la Cananéenne, puis de ce qu’il va lui dire sur l’insistance des apôtres : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis d’Israël. » L’heure de s’adresser aux païens n’est pas venue, elle ne viendra qu’une fois la rédemption accomplie, par la mort et la résurrection. Et Jésus ajoute une parole dure : « Ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants (les juifs) pour le jeter aux petits chiens (les païens). » La femme répond : « Mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » A cette parole Jésus s’exclame que la foi de cette femme est grande, et il accomplit le miracle demandé. De même qu’il a accompli le miracle de Cana à cause de la foi de Marie. Voici donc que, deux fois, deux femmes ont devancé « l’heure » du Christ. Les deux fois on voit que le miracle est lié à l’eucharistie : le vin et le pain.
Ce que Marie et la Cananéenne ont obtenu, tout fidèle peut aussi l’obtenir : avancer l’heure de Dieu, le contraindre à nous exaucer, par la foi et par l’amour. Pas pour des miracles extérieurs, mais pour l’avancement de notre vie chrétienne.
Commentaires
Merci pour ce simple et beau commentaire. Si tous les prédicateurs pouvaient vous imiter... Votre conclusion peut aider, je pense, à comprendre ce que dit NS en saint Marc 11.24 : "tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez obtenu, et cela vous sera donné".
J'ai toujours jubilé à lire cet Evangile. Il nous apprend beaucoup de choses : de même que Dieu s'est choisi un peuple, l'Homme-Dieu a ses priorités, sinon ses préférences ; mais Jésus a le coeur tendre et se laisse facilement émouvoir. Enfin, ce qui l'émeut ici, c'est l'humilité de la Cananéenne, qui loin de ressentir comme un affront une comparaison qu'une autre aurait jugé blessante, file la métaphore avec habileté et humour.
Ce texte est un grand "scandale" pour notre époque dévoyée, qui se gargarise d'un antiracisme hypocrite, destiné à justifier notamment l'immigrationnisme. C'est une autre joie pour moi de songer que Bergoglio et ses séides doivent trépigner de rage à la lecture des paroles de Notre Seigneur. Ils devraient les mettre au conditionnel, ou nous en proposer une autre traduction, ou carrément retirer ce chapitre de la table des lectures liturgiques... Voilà ce qui arrangerait tout.
Merci pour ce très beau commentaire