En cette semaine dite « pour l’unité des chrétiens », du 18 au 25 janvier, on peut célébrer la messe votive officiellement appelée depuis 1960 « pro Ecclesiae unitate » (pour l’unité de l’Eglise), et auparavant « ad tollendum schisma » (pour supprimer le schisme), ou appelée selon son introït Salvos nos fac.
Cette messe (« pour l’unité des chrétiens »... dans l'unique Eglise) avait été composée en Avignon en 1392 à l’initiative de Clément VII pour mettre fin au Grand Schisme d’Occident. Le pape avait prescrit de la célébrer tous les premiers jeudis du mois. Elle fut inscrite dans les missels et y resta après la fin du schisme (mais elle finit par disparaître des missels, et a réapparu à la faveur de l'œcuménisme). On l’appelait « pro sedacione scismatis » ou « pro unione ecclesie ».
Saint Pie V la conserva mais la modifia. Il changea le graduel et l’alléluia. A l’origine le graduel était composé du premier et du dernier verset du psaume 132 qui avait toujours été le chant de l’unité : Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum… Le verset d’alléluia était composé d’un extrait du psaume 67 :
Dominus nomen illi qui inhabitare facit unanimes in domo
(ce qui permet de constater qu’en Avignon on avait toujours le psautier romain)
et d’un verset du psaume 146 :
Ædificans Jerusalem Dominus,
dispersiones Israëlis congregabit.
Pour une raison inconnue, les experts de saint Pie V ont substitué aux versets sur l’unité des versets qui demandent la paix. (Le formulaire originel est resté dans le missel dominicain.)
Et surtout ils ont supprimé ce qui était une particularité de cette messe, les prières après le Pater.
Des prières du même type existaient déjà au XIIIe siècle pour la récupération de la Terre Sainte ; puis, lors de la querelle entre Jean XXII et l’empereur (et l’élection de l’anti-pape Nicolas V), Jean XXII reprit le formulaire ; et Clément VII le reprit à son tour, changeant le psaume et les oraisons.
Il était ainsi stipulé qu’après « Sed libera nos a malo », on se mettait à genoux pour réciter le psaume 66 (Deus misereatur nostri), avec Gloria Patri. Puis trois fois Kyrie eleison, puis le Pater. Et ensuite :
℣. Salvos fac reges.
℟. Et exaudi nos in die qua invocaverimus te.
℣.Salvum fac populum tuum, Domine, et benedic hereditati tuae.
℟. Et rege eos, et extolle illos usque in aeternum.
℣.Fiat pax in virtute tua.
℟. Et abundantia in turribus tuis.
℣.Domine exaudi orationem meam.
℟. Et clamor meus ad te veniat.
℣.Dominus vobiscum.
℟. Et cum spiritu tuo.
Oratio. Deus qui errata corrigis (c’est l’oraison de la messe).
Alia Oratio. Ecclesiae tuae, quaesumus, Domine, preces placatus admitte, ut destructis adversitatibus et erroribus universis, secura tibi serviat libertate. Per Dominum…
Alia oratio. Hostium nostrorum, quaesumus, Domine, elide superbiam, et eorum contumaciam dexterae tuae virtute prosterne.
Alia oratio. Deus a quo sancta desideria, recta consilia et justa sunt opera, da servis tuis illam, quam mundus dare non potest, pacem, ut et corda nostra mandatis tuis dedita, et hostium sublata formidine, tempora sint tua protectione tranquilla. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
On pourra lire ici un historique complet de cette messe, par Robert Amiet.
Commentaires
IMPORTANT pour l'UNITE :
"Oremus pro Pontifice nostro Francisco : Dominus conservet eum, et vivificet eum, et beatum faciat eum in terra, et non tradat eum in animam inimicorum eius. Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo Ecclesiam Meam, et portae inferi non praevalebunt adversus eam."
Dans les temps de calamités, les Chrétiens se tournaient jadis vers le Ciel pour demander à Dieu ce qu'ils ne pouvaient pas résoudre par leurs propres forces. Maintenant ils se tournent vers les urnes et les faux sauveurs.
La réforme liturgique de 1970 a rebaptisé cette messe votive "Pour l'unité des Chrétiens".
Pour le coup, ça me semble plus juste, car l'Église est déjà une, c'est même une de ses quatre notes.