François Fillon, diabolicum :
« J'ai voté tous les textes qui voulaient améliorer l'accès pour les femmes à l'IVG, y compris le dernier qui était proposé par la gauche. Faire planer un doute, c'est inqualifiable. »
Alain Juppé, ridiculum :
« Je voudrais aussi me réjouir, moi qui suis catholique, de l'évolution de l'église catholique sur ce point, du Pape François qui invite les prêtres à pardonner ce qui était encore il y a peu impardonnable. Vous voyez que l’Église progresse. »
Commentaires
Yves Daoudal,
Cet individu Juppé formule mal les choses.
Mais, de fait : il n'y a pas de péché, si abominable soit-il, que le pouvoir des Clefs ne puisse effacer.
"Venez, discutons ! Même si vos péchés sont comme l'écarlate, je les ferai blancs comme la neige ! S'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine."
(Is 1,18)
"Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé." (Rm5,20)
"Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." (Jn 20,22)
L'avortement, comme tous les autres péchés, est entièrement rémissible. (Hormis la peine temporelle, mais c'est un autre sujet.) Je profite de ce post pour apporter des précisions de la nouvelle latitude d'absoudre l'avortement donnée par Rome à tout prêtre. D'abord, l'absolution qu'en donneraient les prêtres sera toujours réputée déléguée par l'évêque. Ensuite, contrairement à ce que beaucoup pensent à tort, l'excommunication latae sentenciae frappe toujours tout avortement. Le prêtre, levant ipso facto l'excommunication en donnant l'absolution, procède à cette levée encore et toujours sur la délégation implicite de l'évêque, sans en référer à lui à chaque cas. Cependant, tout se fait nécessairement par délégation épiscopale. Parce qu'en tant que tel, un prêtre ne peut absoudre un infanticide ni lever l'excommunication y afférente (sauf si le ou la délinquante sont à l'article de la mort, et qu'ils demandent l'absolution).
Donc dans le fond, sur ce point, François Ier maintient la même discipline de toujours. Il en assouplit la procédure formelle.
Bien entendu, l'avortement sera toujours pardonné à la délinquante. Pourquoi ? Parce qu'elle ne vient voir un prêtre pour cela qu'en cas de contrition, ou du moins par attrition (crainte de de la damnation). Or, s'il y a contrition, ou attrition en attendant la vraie contrition, l'Eglise ne peut qu'accorder l'absolution ; l'Eglise est lié par l'ordre formel du Christ.
Il ne sert à rien de se servir des propos d'un Juppé ignare pour jeter une ombre ce qui vient d'être décidé à Rome au sujet de l'absolution de l'avortement. L'omission grave que fait Juppé, soit malignité soit ignorance crasse, c'est de laisser entendre que l'avortement était impardonnable par le passé (ce qui est absolument faux, puisqu'il était pardonnable depuis les Apôtres), et de laisser entendre qu'il ne devient pardonnable et facilement pardonnable qu'avec François Ier, ce qui est également faux puisque François Ier a bien précisé que cette absolution déléguée aux prêtres reste conditionnée par un véritable repentir.
Vous avez certainement raison dans vos remarques.
Néanmoins, ce que M. tout le monde retiendra, c'est un message proche de celui de M. Juppé.
Reste à savoir si cette simplification grossière n'est pas recherchée par d'autres que les politico-médioatiques.
Par exemple les grands communicants du Vatican ?
Quelques "coquilles" de frappe CORRIGÉES :
- "Je profite de ce post pour apporter des précisions SUR la nouvelle latitude d'absoudre l'avortement donnée par Rome à tout prêtre"
- "Donc dans le fond, sur ce point, François Ier maintient la même discipline de toujours. Il en assouplit SEULEMENT la procédure formelle. "
- "Or, s'il y a contrition, ou attrition en attendant la vraie contrition, l'Eglise ne peut qu'accorder l'absolution ; l'Eglise est LIÉE par l'ordre formel du Christ."
- "Il ne sert à rien de se servir des propos d'un Juppé ignare pour jeter une ombre SUR ce qui vient d'être décidé à Rome au sujet de l'absolution de l'avortement"
C'est à celui qui jouera au "qui c'est qui est le plus catho?" pour gagner ces primaires! Pitoyable spectacle, et pauvres de nous avec de tels hommes politiques!
Ce qui est aussi étonnant, c'est que la bonne âme qu'est la télévision d'état la plus suivie de France A2, passe à une heure de grande écoute le "débat du siècle" comme l'on veut nous le représenter, un débat entre les deux coqs qui veulent la même place... Cui prodest?
Tout ceci suggère entre les lignes qu' être pro-vie est affaire de posture, selon la mode et l'évolution de la pensée; comme si l'enfant à naître et le fait d'être parent d'un enfant mort ou vivant, sans compter le droit de vie et de mort sur un être innocent et sans défense n'étaient pas des choses concrètes, juste quantité négligeable!