L’offertoire de la messe de ce dimanche est librement inspiré du livre d’Esther. Il comportait autrefois un verset, comme on le voit sur ce Graduel d’Einsiedeln, livre précieux parce qu’il est du Xe siècle, et aussi parce qu’il comporte les célèbres séquences de Notker.
La prière d’Esther qui a servi pour le texte ne se trouve que dans le livre grec d’Esther. Dans la Vulgate elle fait partie des ajouts à la traduction du livre hébreu. Dans sa longue prière, Esther demande à Dieu qu’elle puisse convaincre le roi Assuérus de renverser sa position et de sauver le peuple d’Israël.
Naturellement, dans la liturgie, le roi c'est le Seigneur Dieu, et la mélodie grégorienne sur "conspectu" montre que la présence du roi, voir son visage, ne provoque pas la terreur comme avec Assuerus, mais une pure extase.
Recordare mei, Domine,
omni potentatui dominans :
da sermonem rectum in os meum,
ut placeant verba mea
in conspectu principis.
Souvenez-vous de moi, Seigneur, qui dominez sur toute puissance : mettez dans ma bouche un propos droit, que mes mots plaisent en présence du prince.
Vers.
Everte cor eius in odium repugnantium nobis
et in eos, qui consentiunt eis:
nos autem libera in manu tua,
Deus noster, in aeternum.
Renverse son cœur dans la haine de ceux qui nous combattent, et ceux qui sont d’accord avec eux, mais, quant à nous, libère-nous, par ta main, notre Dieu, pour l’éternité.