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Saint Matthieu

Jésus, sortant de là, vit un homme, appelé Matthieu, assis au bureau des impôts. Et Il lui dit: Suis-Moi. Et se levant, il Le suivit. Matthieu 9,9

Mais d’où vient que Jésus-Christ n’a point appelé l’apôtre dont nous venons de lire la vocation, avec saint. Pierre, saint Jean et le autres? Il avait choisi, pour appeler ceux-ci, le temps où il savait que ces hommes répondraient à leur vocation. De même il appela saint Matthieu lorsqu’il eut la certitude que ce publicain se rendrait à sa parole. C’est ainsi encore qu’il pêcha saint Paul, après sa résurrection. Car celui qui sonde les cœurs et qui voit à nu les pensées des hommes, n’ignorait pas le moment le plus propre pour se faire suivre de chacun de ses apôtres. Il n’appela point d’abord saint Matthieu, parce que son cœur était encore trop endurci ; mais après tant de miracles, et cette grande réputation qu’il s’était acquise, il l’appela enfin, parce qu’il savait qu’il ne lui résisterait pas.

Mais nous devons admirer ici la grande humilité de cet évangéliste, qui ne dissimule point sa vie passée, et qui marque expressément son nom de "Matthieu", lorsque tous les autres le cachent et l’appellent Lévi.

Pourquoi marque-t-il qu’il était « assis au bureau des impôts »? C’est pour faire voir la force toute-puissante de Celui qui l’appela, et qui le choisit pour son disciple, avant qu’il eût renoncé à une profession si déshonorante, avant qu’il eût cessé ses coupables exactions et lorsqu’il y était actuellement occupé. C’est ainsi qu’il appela ensuite le bienheureux apôtre saint Paul, lorsqu’il était plein de rage et de furie contre les disciples. Ce saint apôtre exprime lui-même quelle était la toute-puissance de Celui qui l’appelait, lorsqu’il dit aux Galates : « Vous savez, mes frères, de quelle manière j’ai vécu autrefois dans le judaïsme, avec quelle fureur je persécutais l’Eglise de Dieu. »

Il appela encore les pêcheurs, lorsqu’ils étaient à leurs filets. Mais cette occupation, qui était celle de bons paysans, d’hommes rustiques et simples, n’avait cependant rien d’infamant: au lieu que le métier de publicain était rempli d’injustice, de cruauté et d’infamie, et passait pour un trafic honteux, pour un gain illicite, et pour un vol qui s’exerçait sous le couvert des lois. Cependant Jésus-Christ ne rougit point d’avoir pour disciples des hommes de cette sorte.

Mais devons-nous nous étonner que le Sauveur n’ait point rougi d’appeler un publicain, lui qui n’a pas rougi d’appeler à lui une femme impudique, qui lui a permis de baiser ses pieds, et de les arroser de ses larmes? C’est pour cela qu’il était venu. Ce n’est pas tant le corps qu’il a voulu affranchir de ses maladies que l’âme qu’il a désiré guérir de sa malice. Il le fit bien voir à propos du paralytique. Avant d’appeler à lui un publicain, et de l’admettre au nombre de ses disciples, ce qui aurait pu scandaliser, il prit la précaution de faire voir qu’il lui appartenait de remettre les péchés.

Car qui peut trouver étrange que Celui qui est assez puissant pour guérir les péchés des hommes, appelle un pécheur et en fasse un apôtre?

Mais après avoir vu la puissance du Maître qui appelle, admirez la soumission du disciple qui obéit. Il ne résiste point; il ne témoigne point de défiance en disant en lui-même : Que veut dire cet homme? N’est-il pas visible qu’il me trompe en m’appelant à lui, moi qui suis un publicain et un pécheur? Il ne s’arrête point à des pensées que lui auraient pu inspirer une humilité fausse et indiscrète; mais il suit Jésus-Christ avec tant de promptitude, qu’il ne prend pas même le temps d’en aller demander avis à ses proches.

Le publicain obéit avec la même docilité que les pêcheurs. Ils avaient à l’instant quitté leurs filets, leur barque et leur père, celui-ci renonce de même à cette banque et au gain qu’il en retirait. Il témoigne combien il était disposé et préparé à tout. Il rompt tout d’un coup tous les liens et tous les engagements du siècle; et cette prompte obéissance rend témoignage à la sagesse et à la grâce pleine d’à-propos de Celui qui l’appelait.

Saint Jean Chrysostome, homélie 30 sur saint Matthieu

Commentaires

  • "... De même il appela saint Matthieu lorsqu’il eut la certitude que ce publicain se rendrait à sa parole..."

    "... Il n’appela point d’abord saint Matthieu, parce que son cœur était encore trop endurci ; mais après tant de miracles, et cette grande réputation qu’il s’était acquise, il l’appela enfin, parce qu’il savait qu’il ne lui résisterait pas..."


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    Ces arguments laissent un malaise certain.

    1 ) Parce qu'ils laissent supposer, du côté de Jésus-Christ, qu'Il surveillait et "tournait" depuis un temps autour de Mathieu pour le surprendre, attendant juste le moment propice, pour ainsi dire l'intercepter sans résistance dans son groupe sans risquer un échec, car à un autre moment S. Matthieu aurait "résisté" à l'impératif du Fils de Dieu.

    2 ) Parce qu'ils laissent supposer que S. Matthieu, pour sa part, ne s'est laissé convaincre que par un argument de convenance, de vanité humaine, à savoir la "grande réputation" publique acquise par le Christ devant les hommes, et "tant de miracles" qu'Il devait, au préalable, faire valoir devant les yeux de Matthieu pour que celui-ci condescende à le suivre.

    Ce n'est pas ce que dit l'Evangile et ce n'est pas la Tradition.


    Un Père et Docteur de l'Église, si admirable et grand par ailleurs, peut parfaitement être maladroit dans ses formulations et faire ponctuellement des erreurs d'interprétations, surtout en exégèse (mais beaucoup moins en dogmatique ___ telle, par exemple, l'effroyable erreur de S. Grégoire de Nysse sur l'apocatastase, dont l'Église, parce que sachant par ailleurs son orthodoxie et sa sainteté, ne lui a pas tenu longtemps rigueur, mais effroyable erreur qui, tout de même, le priva à jamais du titre de Docteur).
    Les Pères et Docteurs de l'Eglise ne sont pas toujours à l'abri de (rares) erreurs d'interprétation de détail. Et en l'occurrence, ici, S. Jean Chrysostome.


    La foi commune de l'Église est que ceux, parmi les Douze, qui ont été directement appelé par le Fils de Dieu en Personne, sans même connaître encore son humanité assumée, ont, tous, immédiatement répondu "OUI" à l'impératif de sa voix : sans calcul de "séduction" de sa part, Lui qui de toute éternité les connaît tous, et sans appel, sans recul, sans la moindre hésitation de leur part.

    "SUIS-MOI."
    Ils laissèrent immédiatement tout et Le suivirent.

  • "JÉSUS, sortant de là, VIT UN HOMME, appelé Matthieu, assis au bureau des impôts. IL LUI DIT : 'SUIS-MOI'. Et SE LEVANT, IL LE SUIVIT."

    (Mt 9,9)


    C'est tout. La preuve, c'est l'Évangile.


    http://libero-lacittadisalerno.blogautore.repubblica.it/files/2014/07/vocazione-di-san-matteo.jpg

  • Je pense aussi qu'il devait émaner de Jésus, de manière naturelle, une autorité douce mais impressionnante à laquelle aucune personne ( mais déjà bien disposée car Dieu ne force pas la liberté de quelqu'un qui Le rejette ) ne pouvait résister.
    C'est pourquoi Mathieu se lève et Le suit sans hésitation.

  • Très juste.

    La liberté humaine des futurs Apôtres étant intégralement préservée quand la Vérité passa près d'eux et leur dit : "Suis-moi", ils se levèrent alors et se mirent immédiatement à sa suite.
    C'est qu'une grâce, actuelle suffisante, leur fut instantanément donnée, toute compatible avec leur liberté. Et leur volonté ne s'opposant pas à cette grâce suffisante, celle-ci devint en eux une grâce efficace qui ouvrit et leur esprit et leur cœur à la voix du Verbe de Dieu.
    Une grâce actuelle suffisante fut également donnée (comme d'ailleurs à tout être humain) au jeune homme riche dont parle l'Évangile, absolument compatible avec sa liberté. Mais parce que sa volonté s'y est opposée, cette grâce ne devint pas efficace en lui ; et par conséquent, il ne suivit pas Jésus. D'actuelle et suffisante en lui, cette grâce lui devint dès lors inexistante ; du moins en cette circonstance particulière de sa vie.

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    Quant à la conciliation de notre libre-arbitre avec l'efficacité de la grâce, actuelle ou habituelle, c'est là un problème dont Dieu, dans sa Sagesse, a jusqu'ici refusé la solution à la sagesse humaine. Les opinions des théologiens divergent donc là-dessus. Néanmoins, toutes concordent sur une double vérité de foi : que la liberté de l'homme et l'efficacité de la grâce sont, toutes les deux, des réalités certaines.
    En fait, nous tenons là, pour ainsi dire, comme les deux bouts d'une seule chaîne qui seraient en pleine lumière, tandis que les maillons intermédiaires et centraux, reliant ces deux bouts, plongent actuellement dans une profonde pénombre et sont inaccessibles à nos yeux..

    Ce qui importe à l'homme, c'est de tenir toujours bien fermement les deux bouts de la chaîne, à savoir : la vérité du libre-arbitre, d'une part, et l'efficacité de la grâce d'autre part. Et dans cette foi catholique, agir comme si tout dépendait de nous seuls, en nous confiant simultanément à Dieu comme si tout dépendait de Lui. Et Dieu alors mène tout à bonne Fin.

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