Sacraméntum reconcilatiónis nostræ, ante témpora æterna dispósitum, nullæ implébant figuræ; quia nondum supervenerat Spíritus Sanctus in Vírginem nec virtus Altíssimi obumbraverat ei, ut, et intra intemeráta víscera, ædificante sibi Sapiéntia domum, Verbum caro fieret, et, forma Dei ac forma servi in unam conveniénte personam, Creator témporum nascerétur in témpore, et, per quem facta sunt ómnia, ipse inter ómnia gignerétur. Nisi enim novus homo, factus in similitúdinem carnis peccati, nostram susciperet vetustátem, et, consubstantialis Patri, consubstantialis esse dignarétur et matri, naturámque sibi nostram solus a peccáto liber uníret; sub iugo diaboli generáliter tenerétur humana captivas.
Le mystère de notre réconciliation, ordonné avant tous les siècles, ne s’accomplissait par aucune figure de l’Ancien Testament ; parce que le Saint-Esprit n’était pas encore survenu en Marie, et que la vertu du Très-Haut ne l’avait pas encore environnée de son ombre, afin que la Sagesse éternelle se bâtissant elle-même une maison le Verbe se fît chair dans les chastes entrailles de cette sainte Vierge, et que par l’union de la forme de Dieu avec la forme d’esclave en une seule personne, le Créateur des temps naquît dans le temps, et celui par qui toutes choses ont été faites fût engendré lui-même parmi toutes les choses qui ont été faites par lui. Car tout le genre humain serait demeuré captif sous le joug du démon, si le nouvel homme ne se fût revêtu de la nature du vieil homme, en prenant la ressemblance de la chair du péché ; si le fils consubstantiel au Père n’avait daigné se faire aussi consubstantiel à sa mère, et si celui qui est seul exempt du péché n’avait uni notre nature à la sienne.
Saint Léon le Grand, lettre à l’impératrice Pulchérie, lecture des matines en septembre. Traduction du Breviarium Benedictinum de 1725.
Cet extrait a été choisi à cause de la magnifique expression « consubstantialis Patri, consubstantialis esse dignarétur et matri ». Le Fils, consubstantiel au Père, est également consubstantiel à sa mère. Cette lettre est l’une de celles que saint Léon écrivit le 13 juin 449, la plus connue étant celle qui est désignée sous le titre de « Tome à Flavien ». Saint Léon prépare (avec l’impératrice) un « deuxième concile d’Ephèse », qui tournera en « brigandage », mais le « Tome à Flavien » deviendra le grand document de référence du concile de Chalcédoine, lequel définira que le Fils est « consubstantiel au Père, selon la Divinité, et consubstantiel à nous, selon l'humanité ».