Cependant Marguerite donnait à l'Ecosse le spectacle de toutes les vertus. Elle avait appris, dès ses premières années, à mépriser l'éclat trompeur des pompes mondaines, et à regarder les plaisirs comme un poison d'autant plus dangereux qu'il flatte en donnant la mort. C'était bien moins par sa rare beauté que par un heureux assemblage de toutes les qualités de l'esprit et du cœur, qu'elle s'attirait l'admiration de toute la cour. Les honneurs qu'on lui rendait ne portaient aucune atteinte à son humilité. Toute son ambition était de se rendre agréable au Roi des rois. Elle, ne trouvait de satisfaction que dans les charmes de l'amour divin, et cet amour elle l'entretenait et le nourrissait par l'exercice de la prière et de la méditation, auquel il lui arrivait souvent de consacrer des jours entiers. Considérant Jésus-Christ dans la personne des pauvres, elle saisissait toutes les occasions qui se présentaient de les servir, de les consoler et de pourvoir à leurs différents besoins. Malcolm, touché de tant de vertus, conçut pour Marguerite la plus haute estime; il crut même devoir lui proposer de s'unir à elle par les liens du mariage. Il fut au comble de ses désirs lorsque la princesse, moins par sa volonté propre que par le conseil des siens, y eut donné son consentement. Marguerite fut mariée et couronnée reine d'Ecosse en 1070. Elle était dans la 24e année de son âge. Quoique Malcolm eût des mœurs peu polies, il n'avait cependant rien dans le caractère qui sentit la fierté ou la bizarrerie, et l'on ne remarquait en lui aucune mauvaise inclination. Marguerite, par une conduite pleine de respect et de condescendance, se rendit bientôt maîtresse de son cœur. Elle se servit de l'ascendant qu'elle avait sur lui pour faire fleurir la religion et la justice, pour procurer le bonheur des peuples et pour inspirer à son mari ces sentiments qui en ont fait un des plus vertueux rois d'Ecosse. Elle adoucit son caractère, cultiva son esprit, polit ses mœurs et l'embrasa d'amour pour la pratique des maximes de l'Evangile. Le roi était si charmé de la sagesse et de la piété de son épouse, que non seulement il lui laissait l'administration de ses affaires domestiques, mais qu'il se conduisait encore par ses avis dans le gouvernement de l'Etat. Marguerite, au milieu du tumulte des affaires, savait conserver le recueillement de l'âme et se prémunir contre les dangers de la dissipation. Une extrême exactitude à faire toutes ses actions en vue de Dieu, l'exercice continuel de la prière, la pratique constante du renoncement à soi-même étaient les principaux moyens qu'elle employait pour se maintenir dans une disposition aussi parfaite. L'étendue de son génie ne le cédait point à l'éminence de ses vertus. On admirait en Ecosse, et même dans les pays étrangers, sa prudence qui pourvoyait à tout, son application aux affaires publiques et particulières, son ardeur à saisir toutes les occasions de rendre les peuples heureux, sa sagesse et sa dextérité dans l'accomplissement des devoirs attachés à l'exercice de l'autorité royale. Dieu bénit le mariage de Marguerite et de Malcolm; il en sortit plusieurs enfants, qui ne dégénérèrent point de la vertu de ceux dont ils avaient reçu le jour. La reine devint mère de six princes, savoir Edouard, Edmond, Edgar, Ethelred, Alexandre, David, et de deux princesses, qui reçurent l'une le nom de Mathilde, et l'autre celui de Marie. La première épousa Henri Ier, roi d'Angleterre; la seconde fut mariée à Eustache, comte de Boulogne. Edgar, Alexandre et David parvinrent successivement à la Couronne d'Ecosse, et régnèrent tous avec une grande réputation de valeur, de sagesse et de piété. David se distingua encore au-dessus de ses deux frères, et l'on a dit de lui et à juste titre qu'il avait été le plus bel ornement du trône écossais.
Rohrbacher, Histoire universelle de l’Eglise catholique
Commentaires
Vraiment très intéressant et édifiant. C'est par sainte Marguerite d’Écosse que la lignée de Guillaume le Conquérant s'unit à l'antique lignée des rois anglo-saxons de la maison de Wessex, les Ætheling.