Voici la lecture des matines (commentant l’évangile du jour), extraite du livre de saint Augustin sur la foi et les œuvres. On se demande comment Luther a pu avoir le culot de prétendre que sa doctrine en la matière venait de saint Augustin…
Si l’on peut, sans garder les commandements, parvenir à la vie, par la seule foi qui « sans les œuvres est morte », comment alors le Seigneur dira-t-il avec vérité à ceux qu’il placera à sa gauche : « Allez-vous-en dans le feu éternel préparé pour Satan et ses anges » ? Il ne leur reproche pas de n’avoir pas cru en lui mais de n’avoir pas accompli de bonnes œuvres. Car de peur que l’on se promette la vie éternelle par la foi qui sans les œuvres est morte, il a dit qu’il séparerait toutes les nations qui paissent mêlées dans les mêmes pâturages. De la sorte, il sera manifeste que ceux qui alors lui diront : « Seigneur quand est-ce que nous t’avons vu souffrir en tel ou tel cas et que nous ne t’avons pas servi ? » seront ceux-là mêmes qui, tout en croyant en lui, ne se sont guère souciés d’accomplir des bonnes œuvres, comme si l’on pouvait, par une foi morte, parvenir à la vie éternelle !
Dirons-nous de ceux qui n’ont pas pratiqué les œuvres de miséricorde qu’ils iront au feu éternel, tandis que là n’iraient pas ceux qui ont volé le bien d’autrui, ou bien ceux qui ont profané en eux le temple de Dieu et ont été ainsi sans miséricorde envers eux-mêmes ? Comme si les œuvres de miséricorde pouvaient avoir quelque utilité sans l’amour ! L’Apôtre le dit : « Quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir les pauvres, si je n’ai pas la charité, je n’y gagne rien. » Ou bien pourrait-il aimer son prochain comme lui-même, celui qui ne s’aime pas lui-même ! Oui, « qui aime l’iniquité déteste son âme ».
Et qu’ici nul ne dise, comme le font quelques-uns qui s’illusionnent eux-mêmes, que si le feu est dit éternel, le châtiment, lui, ne l’est pas ! Voici leur pensée : ceux auxquels ils promettent le salut comme à travers le feu, passeront certes par ce feu éternel en châtiment de leur foi morte. Mais tout éternel que soit ce feu, leur brûlure à eux, c’est-à-dire l’action du feu, ne sera pas éternelle pour eux. Le Seigneur, en tant qu’il est Seigneur, prévoyait cette objection même aussi donne-t-il à sa sentence ces mots comme conclusion : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » Elle sera donc éternelle, comme le feu, la brûlure et là s’en iront, dit la Vérité, tous ceux dont elle a montré clairement que leur manquaient, non la foi, mais les bonnes œuvres.