Osty traduit ainsi le début du chapitre 6 du prophète Osée :
« Venez et revenons vers Yahvé. Il a déchiré, il nous guérira, il a frappé, il pansera nos plaies ; il nous fera revivre après deux jours, le troisième jour il nous relèvera, et nous vivrons devant Lui. »
En note, il nous explique que le prophète « imagine une liturgie » de pénitence où « le peuple s’exhorte à revenir » à Dieu. Quant aux deux jours et au troisième jour, cela « désigne un court laps de temps ». Et il ajoute : « L’expression est peut-être empruntée au culte d’Hadad, dieu qui ressuscitait trois jours après sa mort (?). »
Sic. Je pense que c’est là le sommet de l’impiété du chanoine Osty. Pour lui, non seulement il n’y a dans ce texte aucune allusion à la résurrection du Christ (et à la nôtre), mais il fait semblant d’y voir l’éventuelle résurrection d’un dieu païen. Et cela dans le texte d’un de ces prophètes qui hurlent en permanence contre les Hébreux qui se prostituent avec les dieux païens… C’est ajouter l’absurde à l’impiété.
Néanmoins Osty parle de « résurrection », pour son dieu païen (qui serait Baal selon la TOB… chacun son dieu…). Pourtant il commente « le troisième jour il nous relèvera ».
La vraie traduction est : « il nous ressuscitera ». C’est ce qu’avaient déjà compris les Septante, qui ne peuvent pas être accusés de christianiser le texte, puisqu’ils œuvraient au moins deux siècles avant le Christ. Or ils emploient le verbe qui servira spécifiquement à caractériser la résurrection du Christ… et la nôtre (la Septante dit : « nous ressusciterons »).
Dans sa première épître aux Corinthiens, saint Paul résumant l’évangile qu’il prêche dit de Jésus qu’il est « ressuscité le troisième jour selon les Ecritures ». Cette formule passera dans le Credo, et tous les chrétiens disent et chantent qu’il est « ressuscité le troisième jour selon les Ecritures ».
Mais où est-il écrit qu’il ressusciterait le troisième jour ? Dans ce texte d’Osée. C’est le seul texte biblique qui parle explicitement et littéralement d’une résurrection le troisième jour.
Et c’est le Christ lui-même qui dit à ses apôtres, à la toute fin de l’Evangile de saint Luc : « Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait et qu’il ressusciterait le troisième jour. »
La référence à Osée vient de ce que le propos de ce prophète récapitule et surélève tous les passages de la Bible où il est question d’un salut le troisième jour. Il s’agit chaque fois d’un salut temporel et éphémère, mais la huitième fois, celle qui se trouve dans le texte d’Osée, le troisième jour est associé non à un salut temporel provisoire, aussi symbolique soit-il, mais explicitement à la résurrection et à la vie près de Dieu.
(C’est pourquoi ce texte d’Osée est l’un des trois « cantiques » du troisième nocturne des matines des dimanches du temps pascal dans le bréviaire monastique. Un autre de ces cantiques est le passage de Sophonie où Dieu dit: « Attendez-moi, au jour de ma résurrection » en latin "resurrectio", en grec "anastasis", et Osty, comme les autres, traduit « le jour où je me lèverai ».)
Commentaires
Merci beaucoup! Pour être honnête, notons que Benoît XVI lui-même, dans Jésus de Nazareth, est réticent à appliquer le texte d'Osée à la Résurrection du Christ (et c'est un des rares défauts de cet ouvrage de géant). Question : je ne suis pas sûr de bien comprendre : il y a donc 7 autres fois, dans l ' AT, la mention d'un salut le 3ème jour? Où pourrait-on en trouver les références? Encore merci!
Même question: Quelles sont ces sept autres références?
Genèse 22,4
Genèse 42, 18
Exode 19, 16
Josué 2, 22
Esdras 8, 32
Esther 5, 1
Jonas 2, 1
Numérotation de la Vulgate. Il s'agit du troisième jour, ou de "trois jours", ce qui est symboliquement la même chose (comme Jésus lui-même l'a dit en parlant de sa résurrection le troisième jour ou en disant que comme Jonas il resterait trois jours et trois nuits "au coeur de la terre").
Merci!
Votre diagnostic est grave quoique juste (pour changer): une impiété volontaire, d'autant plus grave qu'elle a pour but d'inciter à ne pas reconnaître les prémisses du Christ là où elles se trouvent.
Ceci dit je réitère mon précédent propos sur cette Bible et sa traduction, en faire une lecture cursive ne rend pas incrédule, malgré toutes les manipulations à cette fin.
Le chrétien même peu averti mais assoiffé de vérité ne pourra pas manquer au moins de se poser la question du lien avec la résurrection du Christ le troisième jour, d'autant plus que Celui ci insiste sur cette durée lorsqu'Il parle du temple à détruire et rebâtir par exemple. Ce fut mon cas, et je vous remercie d'y apporter une réponse solide.