L’Église lave, comme Madeleine pénitente, les pieds de son Époux.
Le jour présent est le grand jour de pénitence et de repentir pour le trimestre écoulé. Nous voulons rassembler aujourd’hui « nos innombrables péchés, offenses et négligences Ides trois derniers mois et en faire pénitence. Nous nous rendons en esprit à l’église des Douze Apôtres, dans laquelle nous avons été réconciliés le Jeudi-Saint. Aussi entrons-nous en vêtements de pénitence, comme une pécheresse, dans la maison de Dieu ; nous arrosons et lavons des larmes de notre pénitence les pieds du Seigneur, mais nous recevons aussi de la bouche du Christ la parole de consolation : Beaucoup de péchés vous sont pardonnés. Cette joyeuse assurance que nous recevons, nous aussi, réellement, de la grâce du pardon donne à la messe un caractère de joie (Intr.) et d’action de grâces (Offert.). Le jour présent conviendrait bien pour la confession.
Nous commençons la messe : Joyeusement nous cherchons, à l’Introït, « le visage de Dieu », c’est-à-dire l’autel ; tout le psaume 104 est une hymne à Dieu plein de sollicitude. Comme il s’est montré bon à notre égard pendant tout le trimestre passé ! (Le psaume entier convient parfaitement pour un retour sur le passé).
Les deux lectures sont consacrées à la pénitence et au renouvellement spirituel. Le prophète Osée adresse à notre âme de graves paroles d’avertissement : « Reviens, Israël, au Seigneur, car tu es tombé par ta propre iniquité. Reviens au Seigneur avec des paroles de repentir : Fais cesser mon iniquité... » Mais nous entendons aussi la consolation : « Je veux guérir vos plaies. Et encore : Si vous revenez à Dieu, je serai la « rosée » qui fécondera le sol de l’âme ; et Israël (l’Église et l’âme) connaîtra la prospérité comme un vignoble fertile ; nous fleurirons comme le lis, comme l’olivier.
« Reviens, Israël ! », dit l’Épître ; « reviens à nous, ô Seigneur ! », répond comme un écho le Graduel.
L’Évangile nous présente le récit, d’une beauté impérissable, de la conversion de la pécheresse. Aujourd’hui, Madeleine pénitente, c’est l’Église. L’Église marche sur les traces de son Époux qui, bien que pur de tout péché, a pris sur lui les péchés du monde et les a expiés sur la Croix ; de même l’Église, qui est l’Épouse sans tache, sans ride, doit pourtant pleurer dans la pénitence et la douleur, parce que ses enfants sont encore dans les liens du péché et de l’imperfection. C’est que les vertus et la beauté de ses enfants sont les joyaux et la parure de l’Église, épouse et mère, en qui l’Époux trouve dès maintenant ses délices, alors que, par contre, toute faute de ses enfants déshonore la mère et lui ravit une perle de sa parure. Aidons aujourd’hui notre mère à écarter les rides du trimestre passé. Aujourd’hui, Madeleine, c’est aussi notre âme pénitente qui s’approche de Jésus dans l’église pour témoigner de son repentir et de son affectueux abandon. « Si nous pratiquons les bonnes œuvres, nous oignons les pieds de Jésus ; si nous nous tenons aux pieds du Seigneur, nous montrons que nous suivons ses traces ; si nous témoignons de l’amour et de la compassion aux pauvres, nous lavons ses pieds avec nos larmes » (saint Grégoire, au bréviaire).
Au Saint Sacrifice, il nous donne la bienheureuse assurance : « Tes péchés te sont pardonnés. » Il rend à notre âme une jeunesse nouvelle, florissante, semblable à celle de l’aigle » (Offert.) et éloigne d’elle « la honte et l’opprobre » du péché (Comm.).
Dom Pius Parsch