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  • Saint Jérôme Emilien

    Message de Benoît XVI à l’ordre des clercs réguliers somasques, à l’occasion du cinquième centenaire de la miraculeuse libération de prison de son fondateur saint Jérôme Emilien, le 20 juillet 2011.

    La vie du laïc Jérôme Miani, vénitien, fut comme «refondée» dans la nuit du 27 septembre 1511, lorsque, après avoir fait à la Vierge de Trévise le vœu sincère de changer de conduite, il fut libéré des liens qui le retenaient prisonnier par l’intercession de la Mère de Dieu, puis il les déposa lui-même sur l’autel de la Vierge.

    «Dirupisti vincula mea» (Ps 116, 16). Le verset du psaume exprime l’authentique révolution intérieure qui eut lieu suite à cette libération, liée aux événements politiques tourmentés de l’époque. En effet, celle-ci représenta un renouveau intégral de la personnalité de Jérôme: il fut libéré, par une intervention divine, des liens de l’égoïsme, de l’orgueil, de la recherche de l’affirmation personnelle, de sorte que son existence, d’abord entièrement tournée vers les choses temporelles, s’orienta uniquement vers Dieu, aimé et servi de façon particulière dans la jeunesse orpheline, malade et abandonnée.

    Poussé par son expérience familiale, qui l’avait fait devenir tuteur de tous ses neveux devenus orphelins, saint Jérôme développa l’idée que les jeunes, en particulier défavorisés, ne peuvent être laissés seuls, mais ont besoin, pour grandir de façon saine, d’une condition essentielle: l’amour. En lui, l’amour dépassait l’esprit d’invention, et étant donné qu’il s’agissait d’un amour qui jaillissait de la charité même de Dieu, il était plein de patience et de compréhension: attentif, tendre et prêt au sacrifice comme celui d’une mère.

    L’Eglise du XVIe siècle, divisée par le schisme protestant, à la recherche d’une réforme sérieuse en son propre sein, jouit d’une nouvelle floraison de sainteté qui fut la première réponse et la plus originale aux exigences rénovatrices. Le témoignage des saints affirme qu’il ne faut se fier qu’à Dieu: les épreuves, en effet, tant au niveau personnel qu’institutionnel, servent pour accroître la foi. Dieu a ses projets, même lorsque nous ne réussissons pas à comprendre ses dispositions.

    L’attention à la jeunesse et à son éducation humaine et chrétienne, qui caractérisa le charisme des Somasques, continue de représenter un engagement de l’Eglise, en tout temps et en tout lieu. Il est nécessaire que la croissance des nouvelles générations soit alimentée non seulement par des notions culturelles et techniques, mais surtout par l’amour, qui vainc l’individualisme et l’égoïsme et rend attentifs à la nécessité de chaque frère et sœur, également et même spécialement lorsque l’on ne reçoit rien en retour. L’exemple lumineux de saint Jérôme Emilien, défini par le bienheureux Jean-Paul II comme «laïc animateur de laïcs», aide à prendre à cœur chaque pauvreté de notre jeunesse, morale, physique, existentielle et avant tout la pauvreté d’amour, racine de tout grave problème humain.

    La Vierge Marie, modèle inégalable de foi et de charité, continuera de nous guider à travers son soutien. De même qu’elle dénoua les liens des chaînes qui retenaient prisonnier saint Jérôme, veuille-t-Elle, par sa bonté maternelle, continuer à libérer les hommes des liens du péché et de l’emprisonnement d’une vie privée de l’amour pour Dieu et ses frères, en nous offrant les clés qui ouvrent le cœur de Dieu et qui ouvrent notre cœur à Dieu.