La Pentecôte fait partie du Temps Pascal, elle en est comme le couronnement. Le Christ ressuscité remonté à son Père envoie son Esprit pour former, avec l’humanité collective des prédestinés, son corps mystique, l’Eglise, qui va continuer sur terre l’œuvre qu’il n’a fait qu’ébaucher et qui s’achèvera par la résurrection de tous ses membres.
Mais, tout en étant englobé dans le cycle de Pâques, le temps de la Pentecôte a son atmosphère propre.
Au matin du cinquantième jour après la Résurrection, au moment où, sous le souffle violent qui emplissait le Cénacle, les disciples prenaient conscience de l’esprit qui venait en eux, ce n’est pas du triomphe de Pâques ou de la glorieuse Ascension qu’ils étaient occupés, mais d’une ardeur impétueuse qui, comme une force vitale s’emparait d’eux, et les poussait à la louange et à l’apostolat. Un souffle venait de Dieu sur eux, un souffle de vie, le même qui fut insufflé sur la face du premier homme ; il les animait et, mêlé à leur propre souffle, remontait vers Dieu avec toute l’activité de leur être.
C’est cette atmosphère de vie ardente qui fut celle de l’Eglise naissante qui caractérise le temps de la Pentecôte.
Aussi bien, le mystère continue. La vie nouvelle que l’Esprit Saint infusait à l’Eglise, en la personne des disciples et des trois mille baptisés, pénètre toujours les âmes et les anime d’une flamme de jeunesse durant cette courte période. Primitivement, le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie étaient conférés aux catéchumènes la nuit du samedi et, toute la semaine comme pendant la semaine de Pâques, l’Eglise entourait de sa sollicitude maternelle les nouveaux chrétiens. Il en va autrement aujourd'hui, mais les rites de cette semaine baptismale demeurent et, par eux, les grâces du Baptême, de l‘Eucharistie, de la Confirmation sont à nouveau prodiguées à ceux qui sont disposés à les recevoir, de sorte qu’à travers le jeu liturgique, le souffle même de la Pentecôte nous atteint et, de nous, remonte à Dieu.
C’est dans cet esprit de vie communiquée, aspirée, et expirée, dans cette atmosphère d’enthousiasme ardent, que nous devons vivre et chanter la Pentecôte.
Dom Ludovic Baron
Commentaires
Espérons que les grâces seront apportées à nos hauts prélats, car les événements qui ont précédé le synode extraordinaire d’octobre 2014 en auraient eu bien besoin !
Petit rappel :
Le 17 mars 2013, quatre jours après son élection au siège de Pierre et au cours de son premier Angélus sur la place Saint-Pierre, le Saint-Père a attiré l’attention sur un livre récemment publié par le cardinal Walter Kasper : « Ces derniers jours j’ai pu lire un livre par le cardinal le cardinal Kasper – un théologien de talent, un bon théologien – sur la miséricorde. Et il m’a fait beaucoup de bien, ce livre – mais ne pensez pas que je fais la publicité pour les livres de mes cardinaux ! Ce n’est pas le cas ! Mais il m’a fait du bien, tant de bien. » Cela fait un grand nombre d’années que le cardinal Kasper propose un changement dans l’enseignement de l’Eglise, notamment sur la réception de la Sainte Communion par les divorcés remariés.
Le 8 octobre 2013 le Saint-Père a annoncé que deux synodes allaient permettre de discuter des questions des défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation : ce synode devait être organisé par le secrétariat général du Synode avec à sa tête le cardinal Lorenzo Baldisseri.
Le 23 octobre, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, son Eminence le Cardinal Gerhard Ludwig Müller avait publié un long article dans l’Osservatore Romano, sous le titre : Un témoignage en faveur de la puissance de la grâce, sur l’indissolubilité du mariage et le débat sur les divorcés remariés civilement et les sacrements. Cet article prenait la défense de l’enseignement irréformable de l’Eglise selon lequel un mariage sacramentel, ratifié et consommé ne peut être dissous par aucune puissance sur cette terre, tandis que les personnes divorcées qui ont contracté une union civile ne peuvent recevoir ni le sacrement de pénitence ni la sainte communion sans une véritable repentance et l’amendement de leur vie.
Le cardinal Reinhardt Marx, président de la Conférence épiscopale d’Allemagne et membre du G9 du pape François a déclaré que le cardinal Müller ne serait pas en mesure « d’arrêter le débat » ; au synode sur certaines questions car « tout allait être discuté ».
Le 26 octobre, le secrétariat a envoyé un questionnaire à toutes les conférences épiscopales invitant les catholiques à tous les niveaux de l’Eglise à faire connaître leur opinion sur les matières relatives au mariage et à la famille.
Le 20 février 2014, le cardinal Kasper s’est adressé au consistoire des cardinaux réuni pour préparer le synode. Il a plaidé pour que les divorcés remariés puissent communier sans avoir à s’amender de leur vie antérieure. Son avis fut, selon le cardinal Ruini, vicaire émérite de Rome, désapprouvé par 85% des cardinaux présents. Mais le père Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, déclara alors à la presse que le Saint-Père avait dit aux cardinaux que le problème de la communion pour les divorcés remariés devait être abordé sans « casuistique ». Et que l’allocution de Kasper était en « grande harmonie » avec les paroles du pape. Le lendemain, le pape faisait l’éloge de l’allocution du cardinal Kasper. Et lorsque l’allocution du cardinal Kasper fut publiée sous forme de livre un mois plus tard, les paroles du pape y furent ajoutées en quatrième de couverture.
Au cours des mois qui suivirent, nombre de publications d’importance allaient prendre de front ses propositions ; la plus significative d’entre elles était un livre cosigné par cinq cardinaux et quatre autres universitaires. Le livre : « Demeurer dans la Vérité du Christ, mariage et communion dans l’Eglise catholique », réfutait de manière systématique les arguments mis en avant par le cardinal Kasper.
A son tour, Kasper mena une intense campagne en faveur de sa position à travers de multiples interviews auprès d’autres religieux ou des médias, affirmant qu’il agissait en accord avec le pape. Ainsi le le 26 septembre 2014, il en accorda une à Il Mattino pour déclarer « Je suis en accord avec lui sur tout. Il était d’accord. Que peut faire un cardinal, sinon être avec le pape ? »
Peu avant le synode, interrogé par un journal argentin, le pape fit cette réponse « Le monde a changé et l’Eglise elle-même ne peut s’enfermer dans des interprétations supposées des dogmes. » Et lors de son sermon d’ouverture du synode le pape dénonça « les mauvais pasteurs qui font peser des fardeaux insupportables sur les épaules des autres, alors qu’ils ne bougent pas un petit doigt pour les soulever ». Et de poursuivre encore : « Les assemblées synodales ne sont pas faites pour discuter d’idées belles et intelligentes, ni pour voir qui est le plus intelligent. »
Le 6 octobre se tint la première session du synode. Il devint évident que les événements se déroulaient conformément à un ordre du jour préétabli. Une chose à laquelle certains s’attendaient depuis le 20 septembre, quand le journaliste Marco Tossati avait écrit dans La Stampa qu’un cardinal resté anonyme avait expliqué de quelle manière le synode allait être manipulé en vue d’obtenir le changement de l’enseignement de l’Eglise sur la question de la communion pour les divorcés remariés. Cela devait se faire en 3 étapes !
– Premièrement : s’assurer que toutes les interventions écrites soient soumises bien à l’avance. C’était déjà fait au moment où l’article de Tosatti a été publié.
– Deuxièmement : lire tous les présentations avec attention pour pouvoir s’assurer qu’avant une intervention jugée « problématique » il y eût toujours un autre père synodal pour parler au préalable et répondre aux points qui allaient être soulevés.
– Troisièmement, empêcher certains pères synodaux de parler au motif qu’ils avaient dépassé leur temps de parole.
Sur ce qui a été dit dans la salle du synode, on ne peut pas le savoir, puisque pour la première fois, les interventions des Pères synodaux restèrent secrètes. Toute communication entre les Pères synodaux et le public ne se faisait que par le truchement de conférences de presse quotidiennes ou par des points presse organisés par la salle de presse du Saint-Siège. Comme l’affirma le cardinal Burke, l’information fut manipulée de manière à mettre l’accent sur une seule position, au lieu de rapporter fidèlement les avis divers qui avaient été exprimées. Dans la relatio post disceptationem publiée à mi-parcours du Synode, cette manipulation fut encore plus évidente. Ce document d’étape, pour reprendre les mots du cardinal George Pell, était « tendancieux et faussé ». Pour le cardinal Wilfrid Napier, archevêque de Durban, « il ne correspondait pas à ce qui avait été dit. »
Certains commencèrent à comprendre que le but de ces manœuvres était de lancer une attaque portant sur l’ensemble de l’édifice de l’Eglise sur tout ce qui concernait le mariage et la famille. D’après le cardinal Burke « Le synode s’est retrouvé à s’occuper, d’une manière confuse, et parfois erronée, de pratiques contredisant l’enseignement constant de l’Eglise et sa pratique à l’égard du sacrement du mariage. A ce qui donne accès aux sacrements à ceux qui vivent dans un état d’adultère, et qui justifieraient, d’une certaine manière, la cohabitation conjugale en dehors du sacrement de mariage, et les relations sexuelles entre les personnes de même sexe. » Le cardinal George Pell comprit aussi qu’on utilisait la question de la communion pour les divorcés remariés, comme un « cheval de Troie ». On cherchait en fait à faire accepter, l’union de couples de même sexe.
De nombreux pères synodaux ont manifesté leur désapprobation lorsqu’ils se sont réunis en petit groupe dans le but de produire un rapport pour que des amendements puissent être apportés. Curieusement, le 16 octobre, le cardinal Baldisseri annonça que les rapports de ces petits groupes ne seraient pas publiés (ce qui se faisait pourtant avant). Devant le tollé que cela provoqua au sein de la salle du synode, le pape, après une quinzaine de minutes de réflexion, accorda leur publication. Le cardinal Burke justifiait cette publication, pour que « le public sache que la relatio était un document qui comportait de graves irrégularités et n’exprimait pas de manière correcte l’enseignement et la discipline de l’Eglise. Et même sous certains aspects, elle propageait l’erreur doctrinale et une approche pastorale fausse. »
La publication des rapports permit ainsi de réaffirmer certains points de l’enseignement catholique mais pas sur tous. Comme par exemple dire que « les unions entre personnes de même sexe ne peuvent pas être mises sur le même pied que le mariage entre l’homme et la femme » est contraire au message chrétien. L’enseignement antérieur de l’Eglise va plus loin « il n’y a absolument aucune raison pouvant justifier que l’on considère les unions homosexuelles comme ressemblant de quelque façon que ce soit, fût-ce par une analogie lointaine, au plan de Dieu pour le mariage et la famille ».
Le 18 octobre s’achevait le synode sur la famille sur une allocution finale du pape qui s’est mis à condamner « La tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire vouloir s’enfermer dans ce qui est écrit (la lettre) et ne pas se laisser surprendre par Dieu, par le Dieu des surprises (l’esprit) ; à l’intérieur de la loi, de la certitude de ce que nous connaissons et non pas de ce que nous devons encore apprendre et atteindre. Depuis l’époque de Jésus c’est la tentation des zélés, des scrupuleux, des attentifs et de ceux qu’on appelle – aujourd’hui – “traditionalistes” et aussi des intellectualistes. » Il critiqua ensuite les défauts de ceux qu’on appelle les progressistes et libéraux, qu’il accusait de panser les plaies sans d’abord les guérir et de traiter les symptômes et non pas les causes et la racine des problèmes des gens. Mais il revint ensuite sur ceux qui « transforment le pain en pierre et le jette contre les pêcheurs, des faibles, les malades, en le transformant en fardeau insupportable ».
Par ces paroles, les nombreuses personnes qui cherchèrent à défendre la doctrine catholique, se sentirent visés. D’autant plus qu’à la fin, le pape leur rappelait leur devoir d’obéissance. Ce qui poussa le cardinal Burke à exprimer son envie de quitter cette nouvelle église.
La Babylone La Grande de l’Apocalypse serait-elle la Cité du Vatican ?