L’agence Zenit a cru bon de publier un article entier sur le tweet de François daté de samedi dernier :
Cela fait deux ans que François répète à longueur de semaine que l’Eglise doit sortir et aller sur les routes vers les périphéries. Et j’avoue que je n’ai toujours pas compris ce que cela veut dire.
Je ne vois pas comment l’Eglise peut « sortir » (d’où ça ?), ni donc être « blessée » « sur le chemin », ni d’autre part être « fermée sur elle-même » (sur le Christ ?), ni donc être « malade » dedans (dans quoi ?).
Je le comprends d’autant moins ces jours-ci, alors que je suis en train de lire attentivement le livre d’entretien du cardinal Robert Sarah (pour me renseigner sur le futur pape – Dieu veuille…).
Ce que je trouve le plus frappant, dans ce livre, c’est comment le cardinal revient sans cesse sur les missionnaires spiritains qui ont évangélisé son village. Tant d’années après, il déborde toujours de gratitude envers ces missionnaires, qui étaient des modèles de foi, de prière, de charité. Avec, au passage, un discret hommage à Mgr Lefebvre, qui était le chef des spiritains dans la région.
Et alors, c’était quoi, cette Eglise ? Devait-elle attendre François pour apprendre à « sortir », à aller « sur le chemin » vers les « périphéries » ? L’Eglise est missionnaire de par sa nature. Elle n’a pas à sortir, puisqu’elle est partout chez elle. Elle ne peut pas être blessée, puisqu’elle est surnaturelle, et qu’elle est l’instrument de la santé de l’âme (et même, souvent, du corps).
L’ironie de l’histoire est que, bien sûr, François vise les « traditionalistes » quand il évoque l’Eglise « fermée sur elle-même ». Quand le cardinal Sarah montre que l’exemple même de l’Eglise missionnaire, celle qui selon François sort sur le chemin vers les périphéries, et qui est l’antithèse de celle que voudraient les traditionalistes, est Mgr Lefebvre…
(Au fait, dans la parabole du bon Samaritain, l'Eglise, ce n'est pas l'homme blessé sur le bord du chemin, c'est le Samaritain. Lequel est en parfaite santé, et en outre il est riche, car il a un cheval, ce qui permet de transporter le blessé à l'auberge, et il paie d'avance rubis sur l'ongle et annonce qu'il paiera encore ce qu'il faudra. L'Eglise doit être en bonne santé et riche - pas seulement de sacrements - pour aider les hommes.)
Commentaires
@Monsieur Daoudal: comme d'habitude très bien vu!
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le livre du Cardinal Sarah.
Ayant passé la majeure partie de mon enfance en Afrique (avant le concile!), j'ai été moi aussi catéchisée par les pères spiritains, qu'on appelait les pères du Saint Esprit... et j'ai reçu la confirmation de Mgr Lefebvèvre, alors archevêque de Dakar!
Ces pères savaient transmettre l'incroyable luminosité du christianisme. Je comprends que le Cardinal Sarah leur rende hommage.
Merci, Monsieur Daoudal, pour votre énième magnifique billet. Moi non plus je ne comprends pas ce qu'il dit dans ses tweets et homélies. C'est presque la fable du roi nu, à part ses vêtements usés il n'a rien dessus.
Finalement, j'ai commandé le livre du cardinal Sarah!
Francois ne parle que de lui-meme.
Il est malade à force d'être fermé sur lui-même et de ne pas s'ouvrir au Christ.
Bonjour et bon dimanche,
Je me permets de renvoyer à ce qui suit :
http://www.zenit.org/fr/articles/pour-une-eglise-qui-prend-le-risque-de-sortir
http://www.zenit.org/fr/articles/tenez-ferme-message-du-pape-francois-pour-le-careme-2015
1. En l'occurrence, la pente suivie, ou, en tout cas, le risque couru, par le catholicisme évangélique "franciscaniste", dans l'acception conforme à "l'esprit de l'Evangile" (c'est-à-dire, j'en ai peur, à la version contemporaine, et dominatrice, de "l'esprit du Concile"), est celui-ci : le risque de l'hémiplégisme, c'est-à-dire de l'annonce explicite de Jésus-Christ, annonce croyante et aimante, mais sans dénonciation explicite des convictions, croyances, fondements, principes, doctrines, pratiques, opinions et positions, à caractère moral, politique, religieux, ou social, qui éloignent de Lui ou opposent à Lui.
2. Le catholicisme hémiplégique, nous le connaissons et le subissons, d'une manière générale, depuis 1945, puisque c'est en gros à partir de cette date qu'il a été décidé, d'abord par des théologiens, ensuite par des évêques, qu'il n'était pas "charitable" d'être à la fois exigeant dans le Christ ET réaliste face au monde, au point de dire à la fois
- explicitement OUI à la conception catholique de la Parole de Dieu, sur Dieu et sur l'Eglise, sur l'homme et sur le monde, et à ce qui en découle, dans la Foi et dans les moeurs,
et, donc,
- explicitement NON à telle ou telle conception, anti-catholique ou dominatrice, de Dieu, de l'Eglise, de la conscience de l'homme ou du devenir du monde, et à ce qui en résulte, dans le croire et l'agir.
3. C'est ainsi que nous avons (eu) droit à des clercs qui semblaient vraiment hier, et semblent vraiment aujourd'hui, considérer en substance qu'il leur était possible hier, et qu'il leur est possible aujourd'hui,
- d'être à la fois missionnaires, annonciateurs de Jésus-Christ, et démissionnaires, notamment face à telle ou telle apostasie, idolâtrie, idéologie, religion séculière, ou volonté de puissance,
ou
- d'être à la fois missionnaires, annonciateurs de Jésus-Christ, et "ni pour ni contre, au contraire", notamment face à telle ou telle législation légalisant et légitimant l'avortement, avant-hier, le mariage pour tous, hier, et l'euthanasie, aujourd'hui.
4. Le Pape François entend conférer à certaines de ces expressions, à certaines de ses formules, une radicalité évangélique ; mais la radicalité évangélique, en ce qu'elle a de courageux et de dissensuel (et même si elle n'est pas avant tout ni seulement une affaire de courage et de dissensus), est aujourd'hui bien plus présente chez les catholiques "traditionnels" que chez les catholiques "rénovateurs", face à telle ou telle conception anti-catholique ou dominatrice de Dieu, de l'Eglise, des aspirations de l'homme et de l'évolution du monde.
5. J'irai plus loin : la véritable radicalité évangélique, face telle ou telle composante de l'esprit du monde, se situe aux antipodes du miséricordisme et du périphérisme qui semblent vraiment être à l'ordre du jour, sinon toujours chez le Pape François lui-même, du moins souvent chez ceux-là mêmes qui se réclament de lui ou se réfèrent à lui, comme s'il était "le Pape des autres", "le Pape des exclus" ou "le Pape des pauvres" ( ce qui est vraiment "sympa" pour ses prédécesseurs : étaient-ils des Papes pour les riches ?).
6. A partir de là, de deux choses l'une, me semble-t-il :
- ou bien nous sommes en présence d'une posture, et, toute posture en acte étant une imposture en puissance, nous serons bientôt fixés, peut-être bien au plus tard à la fin du synode de l'automne 2015, sur la nature de "l'exitus - reditus" apparemment cher et propre au Pape François,
- ou bien nous sommes en présence d'un catholicisme vraiment évangélique, donc vraiment anti-hémiplégique, et alors le Pape François décevra, dans le camp des "rénovateurs", les uns après les autres, bon nombre de ceux qui ont pris appui sur lui, ou sur qui il a pris appui, depuis le début de son pontificat.
Bon dimanche et à bientôt.
A Z
Cher AZ, j'espère que les services du Vatican lisent ce blog et donc votre excellente analyse. Mais tous ne pourront pas la comprendre...
Ces propos rappellent le livre naguère du bon père Rouet, inoubliable successeur de saint Hilaire : "la chance d'un christianisme fragile";
Même analyse viciée à la base, même but, la dissolution.
En effet, l'Eglise pour accomplir sa mission ne doit être ni fragile, ni blessée, ni en chemin,...
La parole, twittée ou plus d'apparence plus officielle, de ce personnage ne compte plus pour moi. Je n'ai ni envie ni besoin d'entendre ce sifflement démoralisateur sonner en permanence à mes oreilles.