Bella dum late fúrerent, et urbes 
 Cæde fratérna gémerent cruéntæ, 
 Adfuit Virgo, nova semper edens 
 Múnera matris.
Tandis que la guerre étendait ses ravages, et que les villes ensanglantées déploraient des massacres fratricides, la Vierge apparut, elle qui nous offre toujours de nouveaux bienfaits maternels.
En vocat septem fámulos, fidéles 
 Ut sibi in luctu récolant dolóres, 
 Quos tulit Iesus, tulit ipsa consors 
 Sub cruce Nati.
Voilà qu’elle se choisit sept serviteurs, afin que, lui étant fidèles dans l’affliction, ils honorent et méditent les douleurs qu’embrassa Jésus, et qu’elle-même, associée à son Fils, souffrit au pied de la croix.
Illico parent Dóminæ vocánti : 
 Spléndidis tectis opibúsque spretis, 
 Urbe secédunt procul in Senári 
 Abdita montis.
Aussitôt ils obéissent à la Souveraine qui les appelle : méprisant leurs demeures splendides et leurs richesses, ils se retirent loin de la ville sur le Sénar, dans les retraites cachées de la montagne.
Córpora hic pœnis crúciant acérbis, 
 Sóntium labes hóminum piántes ; 
 Hic prece avértunt lacrimísque fusis 
 Núminis iram.
Ils crucifient leur corps par les rigueurs de la pénitence, expiant ainsi les péchés des hommes coupables ; par les prières et les larmes qu’ils répandent, ils détournent la colère divine.
Pérdolens Mater fovet, atque amíctum 
 Ipsa lugúbrem monet induéndum : 
 Agminis sancti pia cœpta surgunt, 
 Mira patéscunt.
La Mère de douleurs, les protège et les avertit elle-même de revêtir un vêtement de deuil : cette sainte troupe commence à grandir, et l’éclat des miracles l’environne.
Palmes in bruma víridans honóres 
 Núntiat patrum : próprios Maríæ 
 Ore lacténti vócitant puélli 
 Nómine Servos.
Une vigne qui reverdit au milieu des frimas annonce la gloire de ces saints fondateurs ; la voix d’enfants à la mamelle les acclame sous le nom de Serviteurs de Marie.
Sit decus Patri, genitǽque Proli, 
 Et tibi, compar utriúsque virtus 
 Spíritus semper, Deus unus omni 
 Témporis ævo. Amen.
Honneur soit toujours au Père et au Fils qu’il engendre, et à l’Esprit égal à l’un et à l’autre, honneur au seul Dieu dans tous les siècles Amen.
Cette hymne (des matines) fut composée par Eugenio M. Poletti en 1888 pour cet office. Eugenio M. Poletti avait 19 ans et n’avait pas encore prononcé ses vœux solennels chez les Servites du Sénar.