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  • Pause

    Je viens seulement de récupérer ma connexion internet. Et jusqu'à la fin de la semaine je ferme la boutique pour cause d'invasion familiale.

    Je ne suis pas mécontent de vous laisser avec la belle séquence d'Adam de Saint-Victor. Profitez-en pour la relire et apprendre un peu de latin...

    Et je vous souhaite une très bonne nouvelle année.

  • Spendor Patris et figura

    Spendor Patris et figura,
    Se conformans homini,
    Potestate, non nature,
    Partum dedit virgini.

    Celui qui est la splendeur du Père et sa forme incréée, a pris la forme de l’homme. Sa puissance, et non la nature, a rendu féconde une vierge.

    Adam vetus,
    Tandem laetus,
    Novum promat canticum;
    Fugitivus,
    Et captivus,
    Prodeat in publicum.

    Que le vieil Adam se console enfin ; qu’il chante un cantique nouveau. Longtemps fugitif et captif, qu’il paraisse au grand jour.

    Eva luctum,
    Vitae fructum
    Virgo gaudens edidit.
    Nec sigillum Propter ilium,
    Castitatis perdidit.

    Ève enfanta le deuil ; une vierge, dans l’allégresse, enfante le fruit de vie. Et ce fruit n’a point lésé le sceau de sa virginité.

    Si crystallus sit humecta,
    Atque soli sit obiecta,
    Scintillat igniculum.
    Nec crystallus rumpitur,
    Nec in partu solvitur
    Pudoris signaculum.

    Si le cristal humide est offert aux feux du soleil, le rayon scintille au travers. Et le cristal n’est point rompu : ainsi n’est point brisé le sceau de la pudeur dans l’enfantement de la Vierge.

    Super tali genitura,
    Stupet usus et natura,
    Deficitque ratio.
    Res est ineffabilis
    Tam pia, tam humilis
    Christi generatio.

    A cette naissance, la nature est dans l’étonnement, la raison est confondue. C’est chose inénarrable, cette génération du Christ, si pleine d’amour et si humble.

    Frondem, florem, nucem, sicca
    Virga profert, et pudica
    Virgo Dei Filium.
    Fert coelestem
    Vellus rorem,
    Creatura Creatorem,
    Creaturae pretium.

    D’une branche aride sont sorties la feuille, la fleur et la noix ; et de la Vierge pudique, le Fils de Dieu. La toison a porté la rosée céleste, la créature le Créateur, rédempteur de la créature.

    Frondis, floris, nucis, roris:
    Pietati Salvatoris
    Congruunt mysteria.
    Frons est Christus, protegendo ;
    Flos, dulcore; nux, pascendo ;
    Ros, coelesti gratia.

    La feuille, la fleur, la noix, la rosée : emblèmes mystérieux de l’amour du Sauveur. Le Christ est la feuille qui protège, la fleur qui embaume, la noix qui nourrit, la rosée de céleste grâce.

    Cur quod Virgo peperit
    Est Judaeis scandalum,
    Cum virga produxerit
    Sicca sic amygdalum ?

    Pourquoi l’enfantement de la Vierge est-il un scandale au Juif, quand il a vu l’amandier fleurir sur une verge desséchée ?

    Contemplemur adhuc nucem :
    Nam prolata flux in lucem
    Lucis est mysterium.
    Trinam gerens unionem,
    Tria confert, unctionem,
    Lumen et edulium.

    Contemplons encore la noix ; car la noix, mise en lumière, offre un mystère de lumière. En elle trois choses sont réunies ; elle nous présente trois bienfaits : onction, lumière, aliment.

    Nux est Christus ; cortex nucis,
    Circa carnem poena crucis
    Testa, corpus osseum.
    Carne tecta deitas,
    Et Christi suavitas,
    Signatur per nucleum.

    La noix est le Christ ; l’écorce amère de la noix est la croix dure à la chair ; l’enveloppe marque le corps. La divinité, revêtue de chair, la suavité du Christ, c’est le fruit caché dans la noix.

    Lux est caecis, et unguentum
    Christus aegris, et fomentum
    Piis animalibus.
    O quam dulce sacramentum!
    Foenum carnis in frumentum
    Convertit fidelibus.

    Le Christ, c’est la lumière des aveugles, l’onction des infirmes, le baume des cœurs pieux. Oh ! qu’il est suave, ce mystère qui change la chair, cette herbe fragile, en divin froment pour les fidèles !

    Quos sub umbra Sacramenti,
    Jesu, pascis in praesenti,
    Tuo vultu satia.
    Splendor, Patri coaeterne,
    Nos hinc transfer ad paternae
    Claritatis gaudia. Amen.

    Ceux que, dans cette vie, tu nourris, ô Jésus ! sous les voiles de ton Sacrement, rassasie-les un jour de l’éclat de ta face. Coéternelle splendeur du Père, enlève-nous de ce séjour jusqu’aux joies des clartés paternelles. Amen.

    Adam de Saint-Victor, traduction dom Guéranger