Les circonstances de l’enlèvement du P. Hanna Jallouf illustrent les conditions dans lesquelles vivent les chrétiens soumis à la dictature des jihadistes. Synthèse des témoignages recueillis par l’agence Fides :
Au cours de ces trois dernières années, le Père Hanna Jallouf était parvenu à conduire et protéger la communauté catholique locale, même lorsque le territoire était tombé sous le contrôle des rebelles. Avec le temps, les djihadistes du prétendu « Etat islamique » ont pris des positions de force dans cette zone sise au nord de la Syrie suivis par la suite par les qaedistes de Jabhat al-Nusra. En présence des groupes antigouvernementaux – combattant souvent entre eux dans de sanglantes luttes intestines – les abus au détriment de la population avaient débuté : demandes de taxes, séquestre de propriétés et de maisons vides qui étaient occupées par les miliciens jihadistes.
La Paroisse et le couvent étaient restés ouverts et actifs, tout en devant renoncer aux sonneries de cloches et en ayant l’obligation de couvrir les statues et images sacrées exposées en plein air. Le Père Hanna Jallouf était parvenu, avec difficulté, à conserver des contacts avec les groupes de miliciens afin de garantir un minimum de praticabilité aux activités de la paroisse. Tous les cinq ou six mois, il était également sorti pour de brèves périodes de la zone contrôlée par les rebelles – la dernière fois moins de deux mois en arrière afin de se soumettre à une intervention chirurgicale au Liban – après quoi il était toujours revenu, reprenant sa mission pastorale. L’école était, elle aussi, restée ouverte, même si elle avait dû se soumettre aux règles imposées par le nouveau régime islamique.
Ces derniers temps, la situation s’était compliquée. Les expropriations et les saccages de la part des miliciens se sont intensifiés et ont pris pour cible directement le couvent. Les groupes armés ont mis la main sur des terrains, séquestré la récolte des olives, commençant à avoir des prétentions sur le couvent des religieuses. A ce point, le curé franciscain s’est rendu au tribunal islamique – l’organe institué dans la zone sous le contrôle des islamistes pour administrer la justice selon la loi islamique – dans le but de dénoncer les vexations subies. Quelques jours plus tard a été déclenchée l’expédition de la brigade qui l’a enlevé en compagnie de ses jeunes paroissiens.